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Coronavirus - Novotel Saint-Etienne : « Nous attendons une vraie reprise pour le 25 mai »
Interview Loire # Hôtellerie

Benoît Majorel directeur du Novotel et de l'Ibis Budget de Châteaucreux à Saint-Etienne Coronavirus - Novotel Saint-Etienne : « Nous attendons une vraie reprise pour le 25 mai »

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À l’arrêt depuis le 17 mars, le complexe hôtelier stéphanois du groupe Accor a rouvert en partie ses portes depuis le 20 avril pour répondre à la demande de quelques clients mais surtout pour préparer la reprise économique attendue avec le déconfinement du 11 mai prochain.

— Photo : Gilles Cayuela - Le Journal des Entreprises

Quel impact a eu le confinement sur l’activité de votre ensemble hôtelier stéphanois (Novotel et Ibis Budget) ?

Benoît Majorel : Le 17 mars, nous avons fermé nos deux établissements, non pas par contraintes administratives mais parce que nous n’avions plus de clients. Jusqu’à l’annonce de la fermeture des écoles, puis des restaurants et des bars, nous avions plutôt bien tenu avec 130 chambres louées sur les 161 que comptent nos deux établissements le jeudi 12 mars. Et puis le 16 mars, tout s’est effondré. Nous avons donc pris la décision de fermer pour conserver notre trésorerie car cela nous revenait trop cher de rester ouvert.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Benoît Majorel : Nous sommes restés fermés sur nos deux établissements jusqu’au 19 avril inclus avec la quasi-totalité de notre personnel au chômage partiel. Nous avons conservé uniquement une petite partie commerciale et un peu de gardiennage sur place. Depuis le 20 avril, nous avons pris la décision de rouvrir l’Ibis Budget pour répondre à la demande de quelques clients habitués, des chefs d’entreprise qui viennent visiter leurs sites de production qui commencent tout doucement à redémarrer. Nous l’avons fait dans cette logique d’assurer un service minimum et aussi parce que nous avions besoin d’observer le marché pour préparer la reprise en nous projetant sur la date du 11 mai.

Et quelles sont les premières tendances que vous avez peu tirées de cette observation du marché ?

Benoît Majorel : Pour l’instant, nous louons entre 5 et 10 chambres par jour sur notre formule économique Ibis Budget, qui comprend 84 chambres. C’est très peu mais nous fonctionnons à effectif réduit avec 3 salariés. Pour ce qui est de l’après 11 mai, nous commençons à sentir un léger frémissement. Nous commençons à avoir des appels de personnes qui ont besoin de se déplacer pour des raisons professionnelles. Toute la clientèle loisirs liés aux festivals et concerts et la partie congrès ont bien entendu disparu du fait des annulations ou reports jusqu’à septembre. Mais on sent qu’il y a une clientèle individuelle et business qui a besoin de revenir aux affaires.

Est-ce que cette clientèle sera suffisante pour faire vivre vos deux établissements ?

Benoît Majorel : Nous allons ouvrir nos deux établissements mais à vitesse réduite. Sur la partie Novotel, la restauration restera fermée ainsi que nos salles de réunion. De fait, nous allons donc conserver une partie de nos effectifs en chômage partiel mais nous espérons néanmoins faire une vingtaine de chambres par jour dans chaque établissement dès la première semaine. Ce qui devrait nous amener à un taux d’occupation de 25 %. Mais le vrai redémarrage est attendu à partir du 25 mai. C’est ce que révèlent nos premières réservations. Nous prévoyons un taux de remplissage de 50 % à partir de cette date.

Sur le plan sanitaire, êtes-vous prêt pour redémarrer dans de bonnes conditions ?

Benoît Majorel : Bien entendu. Nous avons mis des choses en place : l’affichage au sol pour la distanciation sociale, les hygiaphones au niveau des réceptions, du gel hydroalcoolique à disposition de nos clients et toutes les protections nécessaires pour nos collaborateurs. Nous avons aussi mis en place un nettoyage de nos chambres avec une rotation de 72 heures. Le personnel de nettoyage ne passe dans une chambre que 72 heures après qu’un client l’a quitté. Une fois le nettoyage effectué, la chambre reste encore 72 heures sans être occupé. Cela fait au final un cycle de rotation de six jours pour chaque chambre. Ce qui nous permet d’écarter encore plus les éventuels risques de contamination. Nous pouvons nous permettre de fonctionner ainsi car nous avons la chance d’avoir beaucoup de chambres à disposition.

Toutes ces mesures de protection doivent entraîner de coûts supplémentaires. Avez-vous réussi à les évaluer ?

Benoît Majorel : Non, c’est difficile de quantifier clairement les surcoûts car il y a le coût des matières à l’achat pour les équipements de distanciations, les coûts de produits désinfectants supplémentaires mais aussi tous les coûts cachés comme le temps de nettoyage des chambres qui va augmenter de 20 à 30 %. Mais pour nous, ce n’est pas le plus important. L’essentiel, c’est la santé de nos collaborateurs, de nos clients et le fait d’être en mesure d’accompagner la reprise économique.

Pour la phase de déconfinement, le gouvernement a évoqué la possibilité de réquisitionner les hôtels pour accueillir des patients atteints du covid-19. Est-ce que ce sera le cas pour l’un ou l’autre de vos établissements ?

Benoît Majorel : Le groupe Accor est bien entendu en première ligne sur ces sujets au niveau national mais cela se fera sur la base du volontariat. Ce qui est certain, c’est qu’un hôtel qui accueillera des personnes atteintes par le covid ne pourra pas accueillir par ailleurs des personnes saines. Cela concernera donc plutôt des hôtels économiques et excentrés, des hôtels aussi sans doute plus touchés par la crise économique. Un établissement comme le nôtre, situé en centre-ville à deux pas de la gare, aura plutôt vocation à se mettre à disposition de la vie économique.

Comment voyez-vous les vacances d’été ? L’hôtellerie risque d’être lourdement impactée par les restrictions de déplacement et l’absence de vacanciers étrangers ?

Benoît Majorel : La France accueille chaque année 17 millions de vacanciers étrangers mais il y a aussi 8 millions de Français qui partent à l’étranger. Or ces 8 millions de Français vont devoir très probablement rester en France. Il s’agit donc d’une clientèle potentielle pour l’hôtellerie. Et ce, d’autant plus que les mesures sanitaires liées à la distanciation et à l’hygiène vont mettre les hôtels en première ligne. Loin de moi l’idée de penser que les campings et les locations de type Airbnb sont moins propres mais les hôtels seront sans doute une manière pour les vacanciers de se rassurer. Nous avons donc une carte à jouer cet été.

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