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Coronavirus - Marché de gros Lyon-Corbas : « La fermeture des marchés est injustifiée »
Interview Lyon # Distribution

Christian Berthe président du marché de gros de Lyon-Corbas Coronavirus - Marché de gros Lyon-Corbas : « La fermeture des marchés est injustifiée »

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Le marché privé de gros Lyon-Corbas, le plus gros en fruits et légumes de France avec 25 grossistes et 60 producteurs, a vu son activité chuter de plus de 50 % avec la fermeture des écoles, des restaurants, puis des marchés. Une décision particulièrement contestée au sein de la filière.

Avec 25 grossistes et 60 producteurs, Lyon-Corbas est le plus gros marché de gros privé en fruits et légumes de France — Photo : Marché de Corbas

Comment le marché de gros de Lyon-Corbas (300 000 tonnes de marchandises par an / CA 2019 : 355 millions d’euros) fait-il face à la fermeture des écoles, des restaurants et des marchés ?

Christian Berthe : La décision de fermer les écoles à partir du 16 mars nous a impactés, mais les conséquences restaient acceptables. Nous comptons 50 % de forains, 35 % de sédentaires (qui vendent en épiceries et supermarchés) et 15 % de grossistes, et nous vendons nos produits dans une quarantaine de départements. Nous avions donc d’autres relais de commercialisation. Avec la fermeture des restaurants, certains ont perdu 80 % voire 100 % de leur activité. Le coup de grâce a été la fermeture des marchés. Une décision unilatérale que nous n’avons pas comprise.

Photo : DR

Selon vous, la fermeture des marchés n’était pas nécessaire ?

Christian Berthe : Pourquoi y aurait-il plus de risque à faire ses courses au marché qu’en grande surface ? Le gouvernement a oublié de nous inclure dans les discussions. Certes, il y a eu des débordements au marché de Barbès, mais est-ce une raison pour fermer les marchés dans toute la France, sans même nous consulter ? C’est injuste, injustifié et anticoncurrentiel. Le gouvernement nous empêche de vendre nos produits et dans le même temps, les collectivités investissent des milliers pour créer des plateformes afin de soutenir les producteurs locaux. Mais il ne faut pas se leurrer, ces derniers ne pourront pas nourrir une métropole comme Lyon à eux seuls.

Quel a été l’impact de cette décision pour Corbas ?

Christian Berthe : D’un seul coup, le marché de gros Corbas a perdu 50 % à 60 % de son activité. Heureusement, à force de pression, le gouvernement a fini par réautoriser l’ouverture des marchés, sous conditions. Ce sont les maires qui doivent en faire la demande au préfet. Mais les préfets se montrent frileux. Dans le Rhône, 91 marchés, uniquement des petits, ont rouvert.

Comment avez-vous intégré les mesures sanitaires ?

Christian Berthe : Nous avons réorganisé toute la circulation des clients. Habituellement, ils passent d’une entreprise à l’autre, via un couloir central, à l’intérieur du marché. Pour raisons sanitaires, nous avons fermé l’accès intérieur. Les produits sont présentés directement sur les quais, à l’extérieur, où les clients passent commande et récupèrent leurs paquets. De plus en plus, ils passent commande via mail, téléphone ou WhatsApp. Dans mon entreprise (le grossiste Cofruly, NDLR), elles représentent aujourd’hui 30 % des ventes alors qu’elles étaient très marginales jusqu’alors. C’est intéressant car ces pratiques vont certainement perdurer sur le long terme.

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