Coronavirus : en Auvergne Rhône-Alpes, le transport accuse le coup, la logistique en profite
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Coronavirus : en Auvergne Rhône-Alpes, le transport accuse le coup, la logistique en profite

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Indispensables à l'approvisionnement des commerces et des entreprises, les entreprises du transport d'Auvergne Rhône-Alpes traversent la crise liée au coronavirus en adaptant leurs moyens de production en fonction d'une demande qui varie quotidiennement.

— Photo : Dupessey

Approvisionnement en produits alimentaires, transport de matériels médicaux ou acheminement de produits de première nécessité : les acteurs régionaux du transport sont sur le qui-vive pour répondre aux besoins des particuliers et des entreprises.

Une situation complexe à laquelle les entreprises régionales s’adaptent tant bien que mal. À Rumilly (Haute-Savoie), le groupe familial Dupessey & Co (CA 2019 : 100 M€ / 530 salariés) était sur la brèche bien avant le confinement du 17 mars sur le territoire français. « Nous avons réagi très vite dès les premières mesures décidées en Italie, en arrêtant les échanges transfrontaliers et en prenant des mesures de mises à l’écart des personnes sensibles et de mises en quarantaine des personnes passées par les zones touchées », dévoile Romain Guillot, directeur général délégué du groupe. La société réalise jusqu’à 20 % de son activité avec l’Italie, « indépendamment de l’activité de notre filiale sur place ».

Du côté du groupe Bourrat (CA 2019 : 24 M€ / 200 salariés) à Yzeure (Allier), l’activité varie en fonction des semaines. « Nous avons connu une forte augmentation en début de confinement, notamment pour l’activité alimentaire mais cela n’a été que temporaire », rapporte Stéphane Méchin, directeur d’exploitation du site. La crainte de pénurie des consommateurs a entraîné une augmentation des approvisionnements qui s’est ensuite tassée pour revenir sur « un flot régulier ». En revanche, le volume d’affaires pour le secteur de l’industrie, habituellement porteur, est passé sous la barre des 10 %.

Effet d’opportunité

En Haute-Savoie, l’adaptation s’est poursuivie logiquement avec les mesures de confinement prises en France. Depuis le début de la crise, la société a perdu près de 30 % de son activité notamment à cause de l’arrêt de l’industrie automobile et du BTP. Selon des chiffres de la Fédération nationale du transport routier (FNTR), la baisse moyenne constatée au niveau national depuis le début de la crise est de 50 %. Deux tiers des camionneurs touchés travaillent pour l’industrie et le BTP.

Mais c’est auprès des acteurs de l’agroalimentaire et en particulier des producteurs de boisson que le groupe haut-savoyard parvient à maintenir son activité. « Un tiers de notre CA est fait sur ce segment », précise le directeur général délégué.

D’autant que le dirigeant constate aussi un effet d’opportunité pour la partie logistique. « La baisse générale de l’activité laisse apparaître une augmentation des demandes de stockage de la part de certains de nos clients qui, sous pression, continuent de produire », explique Romain Guillot. Avec une hausse de 20 à 30 % de l’activité sur la logistique, les industriels, malgré les difficultés de transport, continuent d’assurer leur supply-chain en stockant.

Carole Dupessey, présidente de la société Dupessey & Co et Romain Guillot, directeur général délégué — Photo : Dupessey

Gestion de crise quotidienne

Pour gérer au mieux une demande en constant changement, les entreprises n’ont eu d’autres choix que d’adapter leur process de décision. Mi-mars, le transporteur Bert (CA 2019 : 205 M€ / 1 650 salariés), installé à Albon (Drôme), faisait part de sa mobilisation en organisant chaque jour un suivi de la situation grâce à la mise en place d’un comité de crise pour adapter la mise à disposition de sa flotte selon les besoins urgents de ses clients.

Chez Dupessey & Co, la gestion de la crise passe par deux comités de direction quotidiens, contre une fois par mois en temps normal. « Le chaînon transport est vital pour l’économie, ça nous impose de régler notre organisation au millimètre en adaptant notre service quasiment en temps réel », précise Romain Guillot.

Hausse tarifaire

Alors que le groupe de transport et logistique STEF a été épinglé fin mars pour avoir augmenté ses tarifs de près de 8,5 % en pleine crise, Romain Guillot (Dupessey & Co) se défend d’une pratique similaire : « Nous n’avons pas eu le choix. Le niveau d’activité a plus baissé que nos moyens de production. Ce n’est pas uniquement à nous de compenser la hausse des coûts dans sa totalité ». Au sein du groupe Bourrat, même mesure contrainte. « Nous avons demandé un accompagnement tarifaire à nos clients. La mesure a été, dans un premier temps, prise plutôt correctement par nos clients, mais nous remarquons un retour en arrière de la part de certains qui ne trouvent pas ça logique », fait savoir pour sa part Stéphane Méchin.

Ce point de friction cache un problème plus large : le déséquilibre du plan transport. « L’arrêt de certaines activités a entraîné une baisse des transports de marchandises ce qui a conduit à devoir faire rouler des camions à vide plus fréquemment et donc à augmenter les coûts d’exploitation », explique Romain Guillot. L’entreprise a notamment adapté son offre en proposant à certains de ses clients des camions dédiés à leurs activités pour optimiser le remplissage et donc le coût.

L’entreprise Pedretti, basée à La Motte-Servolex (Savoie), a décidé de mettre certains sites à l’arrêt mais continue en revanche d’assurer le transport de denrées alimentaires pour lequel elle a renforcé ses moyens de distribution sur ses sites de La Motte Servolex et Brognard (Doubs).

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