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Coronavirus  : la justice saisit le stock de chloroquine du dirigeant de SNF
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Coronavirus  : la justice saisit le stock de chloroquine du dirigeant de SNF

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René Pich, le fondateur octogénaire du groupe de chimie stéphanois SNF, spécialisé dans le traitement de l'eau est suspecté d’« exercice illégal de la pharmacie et de la médecine». Il aurait importé de la chloroquine d’Inde et proposé à ses salariés atteints du Covid-19 de se soigner avec ce médicament .

— Photo : SNF

La quasi-totalité d’un stock de chloroquine qui aurait été acheté illégalement par le fondateur du groupe de chimie SNF (président : Pascal Rémy ; CA 2019 : 3,4 Md€ ; 6 500 salariés dont 1 350 dans la Loire), à Andrézieux-Bouthéon, a été retrouvée par la gendarmerie mardi 7 avril 2020, dans le cadre d’une enquête pour « exercice illégal de la pharmacie et de la médecine », ouverte par le parquet de Saint-Etienne. L’enquête vise directement René Pich (79 ans) fondateur du groupe SNF, fabricant de polyacrylamides pour le traitement de l’eau, et directeur général délégué.

500 comprimés « offerts »

Outre les 350 comprimés de chloroquine remis la semaine dernière par l’intéressé lors d’une première audition, environ 500 autres comprimés ont été « retrouvés auprès de quatre établissements hospitaliers de la Loire à qui il les avait offerts », en même temps que des masques, des gants et du gel hydroalcoolique, a expliqué le procureur de la république de Saint-Etienne, David Charmatz.

Au total quelque 900 comprimés avaient été commandés via internet par René Pich, auprès du groupe indien Ipca Laboratories Ltd, un des principaux producteurs mondiaux de cette substance. « L’enquête établit qu’aucun salarié de SNF n’en aurait consommé. Tout danger est donc écarté », conclut le patron du parquet stéphanois qui va remettre les produits saisis à l’Agence régionale de santé Auvergne Rhône-Alpes.

« J’ai 79 ans et du diabète »

Dans une note interne, datée du 23 mars 2020, diffusée aux cadres et technico-commerciaux, le patron historique de SNF aurait invité les salariés touchés par le Covid-19 à se soigner en se procurant de la chloroquine auprès de la direction de l’entreprise. Il leur aurait même indiqué la posologie à suivre. Une démarche qui a conduit l’Inspection du travail à saisir le parquet, tandis que Me Sofia Soula-Michal, avocate de la CFDT de la chimie, déposait plainte pour « mise en danger de la vie d’autrui, exercice illégal de la médecine et de la pharmacie et administration de substances vénéneuses ».

Pour sa défense, René Pich aurait déclaré : « J’ai 79 ans et du diabète. Ma chance de mourir du Covid-19 est de plus de 20 %. Nous avons dans la société une dizaine (peut-être plus) de salariés avec des pathologies graves. Le principe de précaution m’oblige à trouver dans ces périodes de polémiques des moyens de survivre ».

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