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Comment Muodim cartographie l'inaccessible
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Comment Muodim cartographie l'inaccessible

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Fondée en juillet dernier, Muodim se lance sur le créneau de la reconstitution par imagerie 3D de structures inaccessibles grâce à une technologie innovante mise au point par un expert physicien des particules. La jeune start-up opère déjà sur les chantiers du Grand Paris Express.

Sur le chantier d’une ligne de métro du Grand Paris Express, Muodim a déployé ses capteurs pour fournir un outil d’aide à la décision aux pilotes du tunnelier — Photo : DR

Rendre visible l’inaccessible. C’est le pari technologique auquel s’attache à répondre la toute jeune start-up Muodim, SAS au capital de 60 000 euros créée en juillet 2021 par l’entrepreneur Christophe Pichol-Thievend et incubée par la SATT Pulsalys. Basée sur une technologie développée par le scientifique de l’Institut de Physique des Deux Infinis de Lyon (Université Lyon 1 et CNRS) Jacques Marteau, Muodim utilise les muons, des particules contenues naturellement dans l’atmosphère pour analyser leur flux au travers des matières et ainsi établir une reconstruction 3D de l’élément étudiés.

À la manière des rayons X ou gamma, la technologie est déjà déployée sur le chantier de la ligne 15 du Grand Paris Express sur le tunnelier. "Le sol de Paris est un vrai gruyère et il n’est pas rare de tomber sur des cavités ou des obstacles. Avec notre technologie, nous offrons la capacité aux acteurs du génie civil et au pilote du tunnelier d’interpréter ce qu’il a devant lui grâce à une reconstruction 3D des éléments du sol", détaille Christophe Pichol-Thievend.

Représentation 3D regroupant les données traitées par Muodim permettant d’analyser les différentes densités d’un sol depuis un tunnelier — Photo : DR

Applications multiples

En proposant des images de structures jusqu’alors inaccessibles aux géologues, Muodim vise à accélérer la prise de décision. Début septembre, la société a signé un nouveau contrat de plusieurs dizaines de milliers d’euros avec un autre acteur opérant sur la ligne 17 du Grand Paris Express.

"Les muons ont des avantages multiples : non invasifs, non intrusifs, ils permettent de voir de très grands volumes. De plus, nos capteurs sont robustes pour être utilisés dans des conditions difficiles. Et la technologie est propre puisqu’elle n’émet pas de CO2", complète le dirigeant.

En dehors des marchés du génie civil (tunneliers, ouvrages d’art, construction et déconstruction) Christophe Pichol-Thievend compte proposer son outil aux acteurs de la géoscience (volcan, archéologie) mais également aux industriels. "Notre solution répond aux problématiques des industriels qui doivent régulièrement réaliser des arrêts techniques afin d’étudier leurs infrastructures. Avec les muons, on peut voir si une installation industrielle ou chimique est encrassée ou subit un écoulement en étudiant la densité de la matière", souligne celui qui a travaillé plus de vingt ans comme conseiller en opérations industrielles. Les capteurs ont d’ailleurs déjà été testés sur le dôme du volcan de la Soufrière en Guadeloupe mais aussi au sein d’un centre de déchets nucléaires.

Jacques Marteau, expert physicien des particules, directeur adjoint de l’Institut de Physique des Deux Infinis de Lyon, également directeur scientifique de Muodim et Christophe Pichol-Thievend, président de Muodim devant un capteur développé par la start-up — Photo : DR

Imposer la technologie au marché

D’ici un an, Muodim souhaite continuer à vulgariser sa technologie et la rendre indispensable. "Nous cherchons un exploitant de barrages pour essayer nos capteurs sur la structure et prouver la pertinence de la technologie", avance-t-il.

Financée par les quatre associés de la société et les premiers contrats signés pour le futur métro parisien, la start-up (1 salarié) compte, avant d’aller lever des fonds, faire appel à Bpifrance et son fonds dédié à la deeptech. "L’objectif de cette première année, en dehors du développement commercial est de poursuivre notre R & D pour réduire la taille de nos capteurs (1 m3 environ, NDLR) et miser sur le machine learning pour affiner la qualité d’images reconstituée", précise-t-il. Alors qu’aux États-Unis et au Canada, la muographie est utilisée sur le segment de la sécurité et de la prospection minière, Muodim compte capitaliser sur ses applications cibles pour devenir le leader européen.

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