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Comment Lyon compte attirer les Chinois
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Comment Lyon compte attirer les Chinois

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Consciente du fort potentiel porté par le développement du tourisme chinois à travers le monde, et en particulier en France, la métropole lyonnaise place ses billes pour attirer ces visiteurs courtisés, adeptes du shopping. Les efforts commencent à payer, mais Lyon souffre encore d'un manque criant de notoriété.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Croiserez-vous des touristes chinois cet été dans les rues de Lyon ? Probablement mais vous aurez beaucoup plus de chance d'observer des Espagnols en goguette ou des Anglais attablés aux terrasses. Dommage pour les commerçants, les hôteliers et les restaurateurs lyonnais car les Chinois sont de loin les touristes les plus dépensiers (panier moyen de 3.400 euros pour un touriste chinois en visite en France)... En ce début d'été, OnlyLyon Tourisme publie son bilan annuel. En 2016, le nombre de nuitées hôtelières affiche une hausse de 8 %, s'établissant à 4.747.285. 18 % de ces nuitées sont attribuées à des clients étrangers : 12 % pour les Espagnols, les plus nombreux, 11 % pour les Anglais, 9 % chacun pour les Allemands et les Américains, 8 % pour les Australiens. Loin, très loin derrière, arrivent les Chinois pesant à peine 2 % du tourisme dans la métropole lyonnaise. Soit 20.000 nuitées en tout et pour tout.

Lyon, petit poucet du tourisme chinois

Certes, c'est beaucoup mieux qu'en 2010, 6.000 nuitées enregistrées alors sur le territoire lyonnais, mais c'est aussi beaucoup moins bien que les 50.000 nuitées de 2015, le meilleur score jamais affiché par Lyon. La faute aux attentats selon Blandine Thenet, directrice de la promotion d'OnlyLyon Tourisme. « Le tourisme chinois s'est effondré en 2016 à Paris et sur les principales places françaises. Donc forcément, l'impact a été le même ici puisque les Chinois ne viennent pas en France uniquement pour visiter Lyon. ». Analyse confirmée par une étude de l'Alliance 46.2, une association réunissant 19 grands acteurs du tourisme en France (Accor, Galeries Lafayette, SNCF...). Selon elle, 1,8 million de chinois ont visité la France en 2016, 400.000 de moins effectivement qu'en 2015.

Il n'en reste pas moins que Lyon, deuxième puissance économique française, fait figure de petit poucet avec ses 30.000 ou même 50.000 nuitées annuelles sur un total d'1,8 million en France, destination européenne favorite des Chinois. Alliance 46.2 a recensé, début 2017, les données par région. Selon ses indicateurs, Auvergne-Rhône-Alpes pointerait ainsi à la quatrième place des régions françaises les plus prisées avec 52.700 arrivées de touristes chinois répertoriées en 2013 (dernier chiffre connu) derrière l'Ile de France évidemment (877.000), Bourgogne-Franche-Comté (114.800) et Provence-Alpes Côte d'Azur (89.600).

« Dans les principaux guides touristiques vendus en Chine sur la France, Lyon dispose du même nombre de pages que Dijon ou Rouen. Bordeaux en a le double par exemple », souligne Bin Wu, consultant du groupe Partouche pour le marché chinois et membre fondateur de la toute nouvelle association inaugurée en mai dernier et sobrement baptisée ALTC pour " Alliance lyonnaise pour le tourisme chinois " ; une association se voulant « un catalyseur des actions locales dans ce domaine ». « Bien souvent, Lyon n'est qu'une ville de passage entre Paris et la Côte d'Azur ou Genève. La plupart du temps, ils ne restent qu'une nuit ici ». Bin Wu pointe plusieurs explications dont le manque de contenus en chinois disponibles sur les moteurs de recherche asiatiques, l'absence de ligne aérienne directe entre la Chine et Lyon... « Nous programmons Lyon dans environ 20 % de nos circuits qui généralement partent de Paris jusqu'à Nice », complète Elisa Cousseran, en charge du département " réceptif " pour le voyagiste " Maison de la Chine " à Paris, acteur important du secteur. Elle poursuit : « Lyon n'est pas une destination pour les " primo-arrivants " chinois, c'est plutôt une ville pour les répétiteurs, ceux qui ne viennent pas pour la première fois en France ».

Le développement du tourisme chinois laisserait donc entrevoir une croissance exponentielle à Lyon comme dans le reste de la France. « Lyon n'a pas les vignobles de Bordeaux ni la Méditerranée de la Côte d'Azur, mais elle devrait attirer au moins trente fois plus de touristes chinois », estime, lui, Xuewu Long, vice-président de l'Association des professionnels chinois du tourisme en France, association regroupant 400 personnes et structures. Un témoignage qui compte dans un paysage où le tourisme chinois est trusté par les professionnels du pays. « Lyon a des atouts importants : la gastronomie, la soie, son histoire, ses monuments. Elle n'a pas la part qui lui revient entre la Bourgogne, Paris, l'Aquitaine, la Normandie ! ». Pour lui, il faut combler les lacunes en terme de communication et d'information des professionnels, des guides...

Un potentiel à exploiter

Le territoire lyonnais s'est emparé du dossier depuis plusieurs années. Avec succès d'ailleurs puisque, hormis " l'accident 2016 ", les nuitées chinoises, ont progressé depuis 2010 de plus de 20 % en moyenne chaque année. « Nous travaillons ce marché depuis plus de 15 ans mais il faut être patient car il est très intermédié », souligne Blandine Thenet, d'OnlyLyon Tourisme. Et de préciser : « nous essayons de cibler une clientèle culturelle. Hors de question d'avoir un tourisme de masse avec des cars de touristes chinois déferlant sur le Vieux Lyon ».

En attendant que cette problématique d'une déferlante soit éventuellement d'actualité, des eductours à destination des agences de voyages, sont organisés de plus en plus régulièrement. « Nous accueillons désormais au moins quinze tours operators chaque année pour leur présenter l'offre lyonnaise. Nous accompagnons aussi toutes les missions diplomatiques/politiques en Chine pour présenter le tourisme à Lyon. Nous soutenons les hôtels, les commerçants souhaitant s'adapter à ce marché. Et puis, très important, nous nous appuyons sur OnlyLyon qui dispose d'une personne en Chine pour animer les réseaux sociaux pour faire la promotion de Lyon. C'est capital », assure Blandine Thenet. La métropole lyonnaise a été soutenue dans ses efforts par la visite en 2014 du président chinois et de son board. « Subitement, Lyon est apparue sur la carte des Chinois. Ils voulaient tous se faire photographier au même endroit que leur président », sourit la directrice promotion d'Only Lyon tourisme. Autre ruisseau venu alimenter la rivière : le lancement de la ligne Emirates en 2013 vers Dubaï. « Cette ligne Lyon Dubaï permet de drainer l'arrivée d'un certain nombre de Chinois mais aussi d'Australiens ». Avec la nouvelle association ALEC, de nouveaux efforts vont être entrepris pour adapter les services locaux aux exigences chinoises. L'enjeu est de taille. Le marché du tourisme chinois est estimé, dans le monde, à 292 milliards de dollars. Lyon peut espérer une part de gâteau plus grosse.

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