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Comment les entreprises du secteur de la métallurgie réduisent leur facture énergétique
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Comment les entreprises du secteur de la métallurgie réduisent leur facture énergétique

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La flambée du coût des énergies incite les entreprises d'Auvergne Rhône-Alpes à innover pour optimiser leur consommation. Principaux leviers : revoir ses process industriels, isoler les bâtiments et investir dans les énergies renouvelables, moduler la présence des salariés sur le site, faire appel à un courtier et réduire la température de chauffage.

Fortement consommatrice en énergie, la métallurgie fait parti des secteurs les plus touchés par la hausse des prix de l'énergie — Photo : sima - Fotolia

Dans un contexte de flambée du prix des énergies, les entreprises d’Auvergne Rhône-Alpes n’ont pas attendu les menaces gouvernementales de rationnement pour réduire la voilure. A fortiori quand elles exercent un métier énergivore comme la métallurgie ou la mécanique.

"Le véritable enjeu des économies d’énergie porte sur les process de production", résume François Bouillot, directeur de Leybold France (200 salariés ; 50 M€ de CA 2021), un concepteur et fabricant de pompes à vide situé à Bourg-lès-Valence, dans la Drôme. Dans ce but, le site revoit tous ses process pour traquer des gains énergétiques. 50 000 euros ont été investis pour renouveler le parc de visseuses, ce qui lui a permis de réduire de plus de 20 % la consommation liée à cette opération. L’industriel réfléchit également à la façon d’améliorer ses procédures de tests des pompes, très énergivores. "Nous allons modéliser les tests physiques pour faire des simulations virtuelles", explique-t-il.

Récupérer l’énergie des process industriels

Même attention portée aux process chez SFS (300 salariés, CA 2021 : 75 M€), spécialiste des vis autoperceuses pour le bâtiment à Valence, dans la Drôme. "Nous avons deux sources majeures de CO2, celle des fours thermiques à gaz - 900° et 400°- et celle des machines fonctionnant à l’électricité. Nous sommes passés de 2 800 tonnes de CO2 en 2020 à moins de 500 tonnes fin 2022", affirme Alain Mangeard, directeur général de SFS.

Concrètement, les calories produites par l’opération de trempe des vis pour refroidissement sont récupérées pour chauffer les bureaux l’hiver. "Ce dispositif, qui a coûté un million d’euros, devait être amorti en sept ans mais il le sera en deux ans en raison de la hausse des coûts de l’énergie", se réjouit-il.

Depuis septembre 2022, une innovation permet de réutiliser les chaleurs issues de l’échappement des fours, pour sécher les tapis sur lesquels les vis sont déposées. "2 500 euros d’investissement nous ont permis d’économiser un budget annuel de séchage de 40 000 euros par an", déclare Alain Mangeard, tout fier d’annoncer que l’innovation de son usine sera dupliquée au sein de sa maison mère suisse.

Se moderniser

En investissant plus de 500 000 euros dans un nouveau parc de machines, la PME iséroise Steel é (5 salariés ; 950 000 euros de chiffre d'affaires prévisionnel en 2022), entreprise spécialisée dans la déformation des métaux, a divisé sa facture d’électricité par deux, passant de 1 000 euros mensuels en 2019 à 500 euros aujourd'hui. Son atelier de Bonnefamille, certifié RT 2012, est chauffé à 16 degrés l’hiver en récupérant la chaleur du compresseur et ventilé l’été par sa large porte sectionnelle et des hublots de toit. "En période de canicule, nous avons adapté les horaires en commençant plus tôt, à 5 heures au lieu de 7", ajoute Sandra Navarro, sa dirigeante. Depuis cet été, ses opérateurs sont passés à la semaine de quatre jours. Sans impact sur la productivité, ni sur la pénibilité du travail, ce nouvel aménagement a encore permis de réduire la facture d’électricité de 20 %.

Recourir au solaire

La prochaine étape est déjà sur les rails, avec le projet d’installer 150 m² de panneaux photovoltaïques sur le toit. Grâce à un système de stockage de l’énergie du vendredi au lundi, Steel é pourrait ainsi atteindre l’autonomie énergétique en couvrant sa consommation de 45 000 kilowattheures par an.

Pour des entreprises de taille plus conséquente, le solaire permet d’amortir les hausses du coût de l’électricité et du gaz. Leybold France vient d’investir 1 million d’euros dans la pose de 2 000 m² de panneaux solaires sur son parking. Dès fin octobre 2022, ces équipements produiront "gratuitement" 20 % des besoins énergétiques du site.

Faire appel à un courtier en énergie

"Nous avons pour objectif de réduire totalement nos émissions de CO2 d’ici fin 2023 sur notre site en éliminant tout recours aux énergies fossiles", poursuit François Bouillot, de Leybold France. Le site envisage de remplacer le chauffage au gaz par des pompes à chaleur (plus de 500 000 euros d’investissement) et d’isoler ses bâtiments qui laissent s’échapper 25 % des calories consommées. En attendant de pouvoir bénéficier de ces économies, le dirigeant essaye d'acheter son énergie au meilleur prix. "Si je reconduisais tel quel mon contrat de fourniture d’électricité, ma facture passerait de 400 000 à 900 000 euros", s’inquiète le responsable.

Du coup, l’industriel a fait appel à un courtier qui a interrogé une petite dizaine de fournisseurs d’électricité affichant des variations de tarifs d’environ 15 % entre le mieux et le moins-disant.

Auvergne Rhône-Alpes # Métallurgie # Production et distribution d'énergie # Conjoncture # RSE