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Comment Eldec France vise la taille critique
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Comment Eldec France vise la taille critique

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Même si elle n'arrive toujours pas à concrétiser sa stratégie de croissance externe, la PME de Saint-Priest - spécialisée dans la production de boitiers électroniques - va hériter de nouveaux marchés de sa maison-mère, le géant américain Crane Aerospace.

Récemment, Eldec France aurait pu élargir son périmètre dans le cadre d’une OPA hostile - finalement refusée - lancée par Crane sur son rival Circor Aerospace. — Photo : Crane

La situation d’Eldec France est pour le moins paradoxale. Adossée au géant américain Crane Aerospace (12 000 salariés ; 3 milliards de dollars de CA) – et bénéficiant ainsi d’un effet d’entraînement considérable –, la PME de Saint-Priest semble comme clouée au sol. Croissance du chiffre d’affaires (presque) atone (CA 2018 : 10,5 millions d’euros), effectifs en baisse (de 48 salariés en 2017 à 43 aujourd’hui)…

Spécialisée dans la production des boîtiers électroniques pour l’industrie aéronautique, Eldec France serait-elle à la peine ? « A l’échelle du groupe, la dynamique est pourtant excellente et les ambitions très fortes », se défend David Perret, son directeur général. Alors quoi ? Pour accélérer, la PME doit en réalité atteindre une taille critique par croissance externe. Et c’est là que le bât blesse. « Depuis des années, nous prospectons le marché à la recherche de cibles que nous pourrions racheter », complète son dirigeant. Mais à chaque remontée de dossier, Eldec France se heurte au refus du siège américain. Lequel privilégie des cibles générant plus de 100 millions d’euros de chiffres d’affaires quand David Perret retient - pour des raisons de capacité d’absorption - des PME équivalentes à la sienne. « C’est un frein », reconnaît David Perret. « J’ai déjà identifié plusieurs sociétés intéressantes mais toutes ont été jugées trop petites par nos experts du siège. Depuis, elles ont été vendues à d’autres », témoigne-t-il.

Hub européen de Crane

Récemment, Eldec France aurait pu élargir son périmètre dans le cadre d’une OPA hostile lancée par Crane sur son rival Circor Aerospace. « Nous aurions alors hérité de deux à trois sites de production en Europe détenus par Circor », détaille-t-il. Mais l’offre a finalement été rejetée cet été par l’intéressé et Eldec France se retrouve sans solution.

Enfin, pas tout à fait. Car la montée en charge attendue pourrait finalement venir du siège qui devrait transférer à Eldec France certaines activités actuellement assurées depuis les États-Unis. « Il s’agit de programmes de production de capteurs électroniques pour Airbus (qui assure actuellement 40 % du CA d’Eldec France, NDLR), qui seront centralisés ici à Saint-Priest », se réjouit David Perret. Une quinzaine d’embauches est prévue d’ici à 2021, soit un tiers d’effectifs supplémentaires. « Crane veut faire de notre site sa base européenne », appuie-t-il. Et de considérer que plus que jamais, « grâce à Crane, Eldec France représente une force. Mieux vaut en effet être un petit acteur rattaché à un groupe qu’une PME isolée… »

Pour renforcer son empreinte sur un marché de l’aéronautique fortement consolidé, l’entreprise entend par ailleurs se faire connaître comme électronicien tout-terrain. Un acteur capable de se positionner sur de petits programmes « que refusent généralement les poids lourds comme Thalès », analyse David Perret. À défaut pour l’heure de concrétiser sa stratégie de croissance externe, la PME entend bien, selon son directeur général, « être visible et attirer l’attention de nouveaux clients ».

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