CHU : Le "lean management" au chevet de l'hôpital

CHU : Le "lean management" au chevet de l'hôpital

S'abonner
Déficitaire de près de 30M€, le CHU de Saint-Étienne a décidé de se mettre au "lean management". Appliquée dans l'industrie, cette méthode de management doit permettre à l'établissement d'optimiser l'efficience de son fonctionnement pour retrouver l'équilibre.
— Photo : Le Journal des Entreprises

«L'hôpital est en crise, l'hôpital est malade, ce n'est pas nouveau». Le directeur général du CHU de Saint-Étienne, Robert Reichert, a sans doute raison, mais pour son établissement, la situation financière a pris ses dernières années une tournure on ne peut plus problématique.




Expérimenter le "lean"

Avec un déficit de près de 30M€, le CHU de Saint-Étienne est aujourd'hui dans l'impasse. Pour tenter d'en sortir, la direction a décidé d'engager un plan de retour à l'équilibre qui aura pour objectif d'augmenter les recettes et surtout de faire la chasse aux coûts. «Même si nous parvenons à obtenir une aide de l'État, nous ne sommes pas exemptés de faire des efforts», commente Robert Reichert. Pour redresser la barre d'un bateau à la dérive et éviter à un trop grand nombre de salariés de couler, l'État-major du CHU vient d'engager une expérimentation inédite en France.






Conduite par le Centre de Recherche et de Compétences en Logistique Hospitalières (CERCLH) de l'université Jean Monnet en lien avec le Laboratoire d'Analyse des Signaux Industriels (LASPI), cette expérimentation vise à transposer au domaine hospitalier les concepts du "lean management", éprouvés dans l'industrie. Basée sur la recherche de la performance par l'amélioration continue et l'élimination des gaspillages, cette méthode de management trouve ses sources au Japon dans le Toyota Production System. «Elle a depuis fait l'objet de multiples applications par le National Health Service dans les établissements hospitaliers anglais», précise Éric Marcon, directeur du CERCLH. «Nous ne partons donc pas de zéro, nous ne jouons pas aux apprentis sorciers. La méthode est éprouvée en laboratoire depuis 2000 par le LASPI», poursuit l'intéressé.











La chasse aux coûts

Engagée pour une durée de trois ans, cette expérimentation s'appuiera sur les compétences de l'ensemble des personnels. «Il s'agit d'un management très participatif où on utilise la rationalité de l'opérateur pour qu'il apporte de la valeur ajoutée au process. L'objectif étant de réduire toutes les sources de non-valeur ajoutée», détaille Éric Marcon. Concrètement, le CERCLH s'attachera à mettre en place la bonne organisation pour réduire les coûts tout en améliorant la qualité du service et les délais de prise en charge du patient. «Il y a des économies à trouver dans les achats et certainement des organisations à revoir», commente Robert Reichert. «Pour les urgences, on peut très bien imaginer une organisation avec des filières de caisses rapides où on réoriente ceux qui n'ont rien à y faire», précise Éric Marcon. À terme, cette expérimentation grandeur réelle donnerait au CERCLH et au LASPI une position de leader dans le déploiement du Lean Management. Le CHU de Saint-Étienne deviendrait pour sa part le premier CHU de France à valider et mettre en place le Lean Healthcare.