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Chez Intrum, le recouvrement de créances tourne au ralenti
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Chez Intrum, le recouvrement de créances tourne au ralenti

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Le spécialiste suédois des recouvrements de créance Intrum, dont la filiale française est basée à Saint-Priest près de Lyon, est un intermédiaire stratégique pour surveiller l'état de forme des entreprises en cette période de crise. Mais pour lui aussi, les affaires tournent au ralenti.

Jean-Luc Ferraton, directeur général du spécialiste du recouvrement de créances Intrum France, a constaté une baisse de 30 % des volumes confiés en 2020 — Photo : Intrum

Quel meilleur site d’observation qu’un organisme de recouvrement des créances pour cerner l’état des entreprises dans cette période de crise ? Saint-Priest, près de Lyon, abrite la filiale française d’Intrum, groupe suédois spécialisé dans la gestion de facturation, le recouvrement judiciaire et le rachat de créances (1,7 milliard d'euros de chiffre d’affaires, 11 000 collaborateurs) présent dans 24 pays.

Un rallongement des délais de paiement en 2020

En France, 60 % des 8 000 clients d'Intrum sont des entreprises, de grosses PME ou des groupes dans les secteurs de l’assurance-crédit, du transport, du négoce, de la prestation de service. Lors du premier confinement, Intrum a déploré une baisse de 30 % des volumes confiés. « Le public pense que les sociétés de médiation financière se portent mieux en temps de crise mais ce n’est pas le cas, souligne Jean-Luc Ferraton, patron de l’entité française (650 salariés, CA 2019 : 100 M€). Nous ne sommes rémunérés que lorsque l’on parvient à recouvrer. Or, actuellement, les entreprises sont en difficulté pour régler leurs factures. »

En France, moins de 10 % des entreprises externalisent la gestion de leur poste clients, soit le suivi des créances. Et selon une étude Intrum publiée en septembre 2020, 35 % des entreprises interrogées considèrent que les retards de paiement vont s’accroître dans les douze prochains mois. « Notre étude montre que les entreprises françaises ont assoupli leurs conditions de paiement en acceptant de rallonger leurs délais de paiement. Malgré ces efforts, les paiements effectifs observés entre entreprises se sont aggravés de 5 jours entre 2019 et 2020, passant de 9 à 14 jours », déplore Jean-Luc Ferraton.

Favoriser les négociations amiables

Dans le transport, l’augmentation des volumes est manifeste et la facturation demeure fluide. Ce n’est pas le cas de la restauration, des salles de sport, parfois du BTP ou de l’hôtellerie. Les fournisseurs des entreprises de ces secteurs peuvent avoir tendance à vouloir suspendre les relances de paiement ou proposer une extension des délais de règlement. Les échéanciers étendus au premier semestre 2021 sont en hausse de 20 % par rapport aux années précédentes, constate le groupe suédois.

Une méthode encouragée en interne : si les gestionnaires d'Intrum décèlent chez le débiteur un risque particulier (absence de prêt garanti par l'Etat, plan de licenciements), ils « sensibilisent le client sur son scénario de recouvrement, le conseillent par exemple sur le prolongement de la dette ou une remise plus importante sur telle créance, livre Jean-Luc Ferraton. On cherche à favoriser les négociations amiables pour éviter le traumatisme du judiciaire. »

Aux avants postes des mouvements de trésorerie, Jean-Luc Ferraton constate que « l’interdépendance entre entreprises est comme exacerbée. Comme dans une réaction en chaîne, les comportements de paiements des uns peuvent entraîner les défaillances des autres. » Selon lui, cette chaîne va être clé sur la confiance que pourront accorder les assureurs crédits, les banques et les entreprises entre elles.

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