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Chartreuse diffusion se diversifie dans l’herboristerie
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Chartreuse diffusion se diversifie dans l’herboristerie

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La célèbre marque de liqueur des pères Chartreux a décidé de limiter sa production, malgré une demande en pleine croissance, et de se diversifier dans l’herboristerie. Une façon pour la PME iséroise de proposer un modèle d’entreprise plus ajusté aux enjeux climatiques et humains de demain, en cohérence avec les valeurs de l’ordre religieux.

Le monastère de la Grande Chartreuse, près de Grenoble, abrite les moines détenteurs de la recette de la célèbre liqueur verte ou jaune — Photo : Pascal Flamant

C’est une décision qui a fait grand bruit dans la presse outre-Atlantique : les moines Chartreux, propriétaires de la marque de liqueur du même nom, créée il y a plus de 400 ans par les frères de la communauté, ont décidé de limiter la production de leur célèbre alcool, malgré le succès grandissant de la boisson. Un choix pleinement assumé par l’ordre monastique, et par Emmanuel Delafon, PDG de Chartreuse Diffusion (70 salariés ; 30 M€ de CA), PME iséroise chargée de produire et commercialiser l’alcool plus que centenaire. "Mon rôle n’est pas de vendre de la liqueur mais de servir l’ordre des Chartreux", affirme modestement celui qui est patron de l’entreprise depuis dix ans.

La distillerie est désormais située à Aiguenoire, non loin du monastère de la Grande Chartreuse — Photo : Pascal Flamant

1,6 million de bouteilles écoulées l’an dernier

Ainsi, en 2019, alors que la distillerie de l’entreprise vient de déménager de Voiron, en Isère, à Aiguenoire, en plein massif de la Chartreuse, se pose la question de bâtir un second site de production pour répondre à l’engouement grandissant pour la boisson verte. L’ordre renonce toutefois au projet, pour des questions environnementales (les précieuses herbes nécessaires à la fabrication de la liqueur se raréfient du fait du changement climatique). Mais aussi et surtout parce que la production à tout va s’éloigne de ses valeurs monastiques. "Contrairement à ce que prétend la presse américaine, il n’y a jamais eu autant de Chartreuse sur le marché", explique ainsi Emmanuel Delafon, qui rappelle qu’1,6 million de bouteilles ont été écoulées l’an dernier, dont 50 % à l’export. Un volume suffisant pour faire vivre l’ordre, qui a par ailleurs souhaité préserver la vie de prière des trois moines chargés de la mouture et du vieillissement de la liqueur. "Il ne faisait aucun sens de continuer à faire du volume", affirme encore Emmanuel Delafon. "Nous avons voulu redonner à la liqueur sa juste place", poursuit-il, rappelant que les moines Chartreux ne voient pas d’un très bon œil le mouvement spéculatif lié à leur alcool.

Une diversification dans l’herboristerie

Chartreuse Diffusion a donc préféré se diversifier dans l’herboristerie, revenant au savoir-faire originel des moines, fins connaisseurs des plantes et de leurs vertus médicinales depuis le Moyen-Âge. Objectif de ce nouveau virage stratégique : faire produire d’autres monastères de l’ordre, chargés de cultiver, sécher puis commercialiser les tisanes confectionnées à base de ces plantes. "Nous sommes devenus agriculteurs depuis un an, avec trois monastères pilote, dans le Var, l’Ain et l’Aveyron", explique encore Emmanuel Delafon. "Les recettes seront basées sur ce que les moines pourront cultiver sur leurs terres, qui sont très complémentaires en termes de géographie", explique encore le patron. Toujours avec la volonté d’adapter les produits à ce que la terre accepte de donner, plutôt que de cultiver à outrance. Un travail de longue haleine - le projet global de diversification (phytothérapie, soin par les plantes) est à horizon 2050 - qui sied bien à la sagesse ancestrale des moines.

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