Carbone Savoie : Les dessous d'une négociation
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Carbone Savoie : Les dessous d'une négociation

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Métallurgie. Après un mois de grève, les salariés des sites Carbone Savoie ont repris le travail le 15 mars, avec la garantie que leur outil de travail serait expertisé.
— Photo : Le Journal des Entreprises

La Saga Carbone Savoie est-elle en passe d'être résolue ? Douze mois après l'ouverture d'une revue stratégique, les sites de Notre-Dame de Briançon et Vénissieux devraient passer sous le giron du fond de retournement Alandia Industries. Carbone Savoie fabrique des solutions cathodiques en carbone et en graphite destinées à l'industrie de l'aluminerie primaire. À l'heure d'écrire ces lignes, un closing était toujours envisagé pour fin mars. Mais le chemin a été long. En témoigne le bras de fer entre la direction de Rio Tinto (résultat opérationnel 2015 : 4,5 Mds de dollars ; 55.000 salariés) et les syndicats, qui demandaient une expertise de l'outil industriel et une rallonge de 25 millions d'euros de la part de Rio Tinto pour alimenter le projet de cession. Leur inquiétude portait sur l'état des fours industriels de Vénissieux ainsi que de certaines parties du site de Notre-Dame de Briançon, que le projet d'Alandia prévoit de remettre en service après plusieurs années de fermeture. « On sait que Rio Tinto préfère fermer des sites plutôt que de chercher des repreneurs », glisse une source proche du dossier. « Sur les 44.000 salariés que comptait l'ex-Pechiney dans les années 1970 (14.000 début 2009), Rio Tinto ne compte plus que 3.500 salariés à la fin de l'année 2010 », rappelait un délégué CFE-CGC de Rio Tinto. Une enveloppe de 25 millions d'euros aurait été actée sur 5 ans par Rio Tinto, « mais cette somme correspond juste à ce qui est nécessaire pour notre fonctionnement », estime le délégué central CFDT, Jean-Luc Pozzalo.




Etape 1 : maintenir la pression

Après une première rencontre à Bercy au printemps 2015, les salariés de Carbone Savoie sont passés à la vitesse supérieure pour se faire entendre, bloquant la descente des stations de ski. Déboutés une première fois lors du dépôt de plusieurs procédures au Tribunal de Lyon, les représentants du CHSCT avaient déposé une seconde salve de requêtes aux tribunaux d'Albertville et de Lyon, portant sur la cession et le droit d'alerte pour maintenir la pression. C'est à l'issue d'un second rendez-vous à Bercy, le 8 mars dernier en présence d'un membre du cabinet d'Emmanuel Macron, du président de la direction Métal primaire de Rio Tinto, Arnaud Soirat, du fonds Alandia et de délégués de l'intersyndicale, qu'un premier accord a pu se dessiner. Rio Tinto a accepté une expertise indépendante, chapeautée par le gouvernement, concernant les fours de Vénissieux. « Nous avons aussi obtenu une prime de stabilité opérationnelle et l'effacement des jours de grève de février et mars », explique le représentant FO du CCE, Pascal Miralles. Il ajoute qu'en retour, un abandon de toutes les procédures judiciaires a été demandé par Rio Tinto.




Etape 2 : l'expertise industrielle

Au lendemain de la signature de l'accord, une lettre cosignée par l'ensemble des représentants syndicaux a été adressée aux clients de Rio Tinto afin de les rassurer, tandis que l'expertise a démarré le 21 mars. « Nous ne savons pas encore si Rio Tinto complétera en cas de différentiel, mais au moins, un état des lieux sera fait », estime Pascal Miralles. D'après nos informations, le projet d'Alandia -qui comprend une diversification des activités, aurait été retenu face au russe Energoprom, aux fonds HIG Capital et CoBe Capital et à l'industriel français Mersen. « Alandia s'est engagé à ne pas effectuer de PSE dans les deux ans qui suivent », annonce Jean-Luc Pozzalo. Pour autant, Pascal Miralles reste attentif : « Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de licenciements, mais que ceux-ci seront orientés directement sur des postes et des personnes précises ». Contactée, la direction d'Alandia n'a pas souhaité répondre « tant que le dossier n'est pas finalisé ». La direction de Rio Tinto n'a pas souhaité émettre de commentaires, en raison des accords de confidentialité encadrant le projet de cession. Depuis son rachat en 1971 par l'industriel Pechiney, la société est passée entre les mains de Ucar en 1997, puis d'Alcan en 2006, puis de Rio Tinto en 2007.

Carbone savoie



(Notre-Dame de Briançon) Dirigeant : Arnaud Soirat CA 2014 : 93 millions d'euros 400 salariés www.carbone-savoie.fr

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