Brexit : les douanes d'Auvergne-Rhône-Alpes alertent les entreprises
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Brexit : les douanes d'Auvergne-Rhône-Alpes alertent les entreprises

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Avec l'entrée en vigueur du Brexit, de nouvelles démarches deviendront obligatoires le 1er janvier 2021 pour toutes les entreprises qui exportent ou importent de ou vers le Royaume-Uni. En Auvergne Rhône-Alpes, les services des douanes alertent les dirigeants sur les nouvelles formalités.

La balance commerciale Auvergne Rhône-Alpes/Royaume Uni est excédentaire de 2 milliards d’euros en faveur d'Aura — Photo : CC0

En région Auvergne Rhône-Alpes, environ 10 000 entreprises sont impactées par le Brexit. Si certaines commercent avec le grand international, et ont l'habitude des formalités administratives, 6 000 entreprises de la région échangent uniquement sur le territoire douanier de l’Union Européenne. Pour elles, déposer une déclaration en douane est inédit, puisqu'elles n’avaient qu’une simple formalité de dédouanement à effectuer, dans un but de traçabilité statistique. Tout change désormais. « Enfin ! », soufflent même ceux qui suivent les négociations depuis le référendum de juin 2016.

Deux milliards d’euros d'excédent commercial

En décembre, alors que les négociations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne patinent encore et qu'un Brexit sans accord n’est pas exclu, les services régionaux des douanes poursuivent leur lent travail pédagogique auprès des entreprises du territoire. Et pour cause : la balance commerciale Auvergne Rhône-Alpes/Royaume Uni est excédentaire de 2 milliards d’euros en faveur d'Aura (4 milliards d’expéditions contre 2 milliards d’introductions). En tête des secteurs d’activité concernés par les flux (dans les deux sens), l’industrie chimique et pétrochimique (26 %), l’industrie automobile et transport (24 %), l’industrie mécanique, électrique, électronique (20 %), l’industrie métallurgique, sidérurgique et minérale (16 %) et enfin l’industrie agroalimentaire (8 %).

De nombreuses questions des entreprises

Le 1er janvier 2021, le Royaume-Uni ne fera plus parti du marché unique. Problème : l’éventuel accord de libre-échange en cours de négociation ces jours-ci brouille l’information. Mais gare, « accord ou pas, les entreprises qui exportent devront faire leurs déclarations de douane à chaque voyage », prévient Aude Calvignac, responsable du pôle action économique à la direction régionale des douanes et droits indirects de Lyon.

Et les questions des entreprises sont sans fin, à entendre cette responsable. Formalités à mettre en place, fonctionnement de la "frontière intelligente" pour faire passer les poids lourds, taux de droit de douane à l’entrée au Royaume-Uni, formalités à l’arrivée des marchandises au Royaume-Uni, schéma de dédouanement à l’import et à l’export... « Le volume de coups de fil reçu dans nos services s’intensifie », confirme Aude Calvignac.

Aude Calvignac, responsable du pôle action économique à la direction des douanes à Lyon — Photo : Douanes françaises/DR

Impact financier

« J’ai pris garde à approvisionner notre filiale de production en Angleterre, explique Pierre Casoli, PDG de Emball’Iso (CA : NC / 200 salariés), à Saint-Georges-de-Reneins (Rhône), spécialisé dans les palettes isothermes. Pour lui, ce changement, « pas très compliqué administrativement, demande cependant du temps. »

Pour la plupart des TPE/PME, qui n’ont pas de service douane interne, le dépôt d’une déclaration en douane va nécessiter le recours à un "représentant en douane enregistré", autrement dit un commissionnaire qui va effectuer les formalités pour leur compte. Cela aura donc un petit impact financier, qui dépendra du nombre d’opérations effectuées par l’entreprise.

"La fluidité du trafic risque d’être impactée"

« La Grande-Bretagne représente 8 % de notre chiffre d’affaires en 2019, explique Chantal Mermet, administratrice des ventes chez Jars Céramistes (75 salariés, CA 2019 : 4,7 M€), à Anneyron (Drôme). Nous avons une clientèle fidèle au Royaume-Uni, cela représente une dizaine d’envois en moyenne par mois. Notre entreprise a l’habitude d’exporter dans toutes les régions du monde, donc le Brexit ne nous impose pas de contraintes inconnues jusque-là. En revanche, il s’agit de contraintes supplémentaires en termes de documentation. La fluidité du trafic risque elle aussi d’être impactée, surtout au début où les différents acteurs vont devoir se roder. »

Le taux des droits de douane appliqué sur les produits pourrait également impacter la compétitivité des entreprises. Un impact variable selon les produits, le Royaume-Uni ayant décidé d’éliminer tous les "petits droits de douane" inférieurs à 3 %.

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