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BoostHEAT : Les premiers pas d'une nouvelle usine certifiée "projet industriel d'avenir"
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BoostHEAT : Les premiers pas d'une nouvelle usine certifiée "projet industriel d'avenir"

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Énergie. Adoubée par le fonds Bpifrance des Projets industriels d'avenir la start-up a reçu en mai 3,4 millions d'euros de la banque publique. De quoi lancer la production de ses chaudières thermodynamiques. Industrialisation, commercialisation : son P-dg livre sa stratégie de lancement.

— Photo : Le Journal des Entreprises

On n'assiste pas tous les jours à la naissance d'une industrie. Celle-ci, installée dans 5.000 m² quasi vides, occupés par huit salariés au premier étage d'un bâtiment de Bosch RexRoth, dont l'activité cessera définitivement cet été, conçoit une « chaudière thermodynamique associant chaudière à condensation et pompe à chaleur gaz ». Une technologie de rupture sur laquelle travaillent depuis 2011 les deux cofondateurs belges, Luc Jacquet et Jean-Marc Joffroy. Le projet industriel a été retenu parmi les Projets industriels d'avenir (PIAVE) sélectionnés par BPIfrance. « L'enveloppe globale du PIAVE est pour nous de 18 millions d'euros dont 3,4 millions d'euros de BPI france détaille le P-dg Luc Jacquet. Nous compléterons cette somme par d'autres sources de financement en dette et par des apports plus globaux au travers de financement en capital ». Comme a pu le faire Fluxys, distributeur gazier belge entré au capital il y a six mois à hauteur de 7,39 %. Et depuis, tout s'est accéléré. À commencer par l'arrivée de Jean-Luc Margant, directeur industriel « Depuis décembre mon équipe de huit personnes conçoit l'intégralité de l'outil de production, les moyens et processus connexes » souligne celui-ci. Le premier « grand sujet » du directeur industriel est la conception de la ligne de fabrication avec la définition des cahiers des charges, les choix de fournisseurs, dont le principal, apportant la ligne de fabrication (1 à 1,50 millions d'euros d'investissement) sera un industriel régional.

Démarche en rupture

« Nous sommes prêts à la commander, pour un démarrage des préséries prévu entre décembre 2017 et février 2018 » indique Jean-Luc Margant. Les besoins liés au système d'information de l'usine (ERP) ont eux aussi été définis et le choix est arrêté. « Nous voulons incarner une entreprise la plus simple et la plus flexible possible, nous avons choisi Cegid. Leur outil pourra s'adapter à l'évolution de notre production ». La capacité de production pouvant aller jusqu'à 50.000 chaudières par an, Jean-Luc Margant cherche des outils de production pouvant monter ou descendre en cadence en fonction des besoins commerciaux. Les premières productions « en série » sont programmées pour fin 2018.

Stratégie commerciale

À l'image de la stratégie industrielle, la stratégie commerciale - essentiellement tournée vers la commercialisation BtoC de chaudières de 20 kW destinées à la rénovation de logements de particuliers - s'est, elle aussi, affinée. Elle sera portée par Lionel Scaloni en arrivé le 28 juin comme directeur commercial Europe. « Nous nous inscrivons dans une démarche en rupture, décrit le P-dg Luc Jacquet. Nous serons en contact direct avec le client final afin d'établir une liaison sans passer par les professionnels de la distribution ou les installateurs de chaudières ». L'entreprise souhaite décorréler deux fonctions : la vente et l'installation. « Comme nouvel entrant, nous n'avons pas de contrainte vis-à-vis des distributeurs ou installateurs. Nous faisons le choix « d'écraser » la chaîne de marge car il y a un facteur trois ou quatre entre le prix de vente de la chaudière et le prix imposé au consommateur final ». Le Pdg assume sa « volonté de récupérer une partie de cette valeur ». Indispensable pour proposer un prix accessible. « Nous vendons un produit innovant, avec un compresseur au lieu d'un brûleur permettant de réduire par deux la consommation de gaz à l'année. L'objectif est d'atteindre un prix raisonnable : de l'ordre de 12.000 euros chaudière installée ». Avec les crédits d'impôts « transition écologique » et autres la facture devrait descendre à 8.000 euros. « L'internalisation de l'installation nous permettra aussi d'être certain de la qualité ». Un peu plus tard, la société pourrait « franchiser » des installateurs intervenant chez les clients que BoostHEAT aura identifiés.

Marketing ciblé

La démarche marketing a été savamment pensée. « On essaye de segmenter fortement nos " consommateurs types " » décrit le P-dg. Par exemple, le consommateur X faisant de l'optimisation fiscale pourrait être approché par un partenaire bancaire exclusif. « En achetant notre chaudière il ferait un placement à 10 % économisant la moitié de sa facture de gaz et faisant passer par exemple sa maison dans une autre catégorie en terme de consommation d'énergie, lui octroyant ainsi une plus-value ». D'autres « cibles » sont visées. Tels les consommateurs "écolos", lesquels seront par exemple approchés par des revues spécialisées. « Nous mettons en place une logique de " co-marketing " pour créer une notoriété et une reconnaissance que BoostHEAT n'a pas encore ». Ce travail de recherche de partenaires est très avancé, à l'image de GRDF qui en fait déjà parti. Du côté des emplois enfin, la start-up industrielle a mis en ligne en juin une dizaine d'offres d'emplois à destination des ex Bosch RexRoth. À terme une cinquantaine d'ex-salariés de Bosch RexRoth (dix embauches en 2016, 20 en 2017 et 20 en 2018) devraient intégrer la société. Selon une source syndicale, BoostHEAT pourrait compter 250 salariés en 2020, dont beaucoup seraient issus de Bosch ou même Sillia VL, récemment liquidée.

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