Si les applications et sites B to C de partage entre particuliers ne sont pas nouveaux (Le Bon Coin, Bon Débarras, Geev…), les solutions B to B n’existent pas lorsqu’Alexa Simonin, cheffe de projet international chez Renault Trucks, imagine le concept BonaGive. "L’idée m’est venue en 2018, lorsque j’étais dans mon jardin, avec une centaine de pieds de salade à replanter dont je ne savais pas quoi faire", explique cette fervente adepte de l’économique circulaire, âgée de 44 ans. "J’en ai donné à mes voisins et j’ai jeté le reste au compost. Je me suis dit ensuite que j’aurais pu les proposer au travail."
Il n’en faut pas davantage pour qu’émerge le concept d’une application de don entre salariés. Intégrée à l’incubateur Les Premières Auvergne Rhône-Alpes dès 2018, Alexa Simonin lance un test grandeur nature dans son entreprise, Renault Trucks. Un groupe pilote de 100 employés se prête au jeu, exclusivement sur le secteur des surplus de jardin. Le succès est probant avec 2 annonces en moyenne postées par salarié et plus de 500 rencontres organisées en 6 mois.
La première appli de don entre salariés
Convaincue par cette réussite, Alexa Simonin décide de créer sa propre entreprise en 2019. "Grâce à une rupture conventionnelle et à quelques fonds personnels, j’ai pu investir environ 50 000 euros dans le projet. En 2021, j’ai pu compléter par un prêt bancaire de 50 000 euros à la BNP Paribas, grâce au programme Act for impact qui soutient les initiatives engagées en faveur de l’environnement ou de la société, associé à un prêt d’honneur de 14 000 euros auprès du réseau Initiative Nord Isère", indique la cheffe d’entreprise.
"Le contexte de crise sanitaire était particulièrement défavorable car la consigne nationale était d’isoler les gens plutôt que de provoquer des rencontres", poursuit-elle. Néanmoins elle parvient à contacter des entreprises auxquelles elle expose les intérêts de son application en matière de RSE participative, de promotion de l’économie circulaire, de qualité de vie au travail et de réduction de l’impact carbone (1 don sur BonaGive est égal à 20 kg de CO2eq, soit la quantité de dioxyde de carbone absorbée par un arbre pendant un an).
Objectif : une centaine de clients à l’horizon 2024
Depuis le printemps 2022, l’horizon business de BonaGive s’éclaircit. Les entreprises cherchent à redonner du sens au travail et à motiver leurs salariés à revenir sur site. Après avoir signé un contrat avec Orange et Holcim, Alexa Simonin espère compter une dizaine de clients d’ici la fin de l’année et une centaine d’ici fin 2024. Avec un coût oscillant entre 1 et 2 € par salarié, BonaGive est commercialisée via un contrat correspondant au droit d’utilisation de l’application pour une durée déterminée – généralement 6 mois pour démarrer.
"Nous nous engageons pour un numérique éthique et responsable, autrement dit sans revente ni partage des données personnelles, ni cookies, ni traceur, ni publicité", conclut Alexa Simonin dont l’objectif est d’embaucher dès que possible un commercial et un animateur des communautés de salariés pour faire de BonaGive la référence du don en entreprise.