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Benjamin Gonzalez (METabolic EXplorer) : « Metex Noovista est une étape cruciale de notre mutation »
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Benjamin Gonzalez directeur général de METabolic EXplorer Benjamin Gonzalez (METabolic EXplorer) : « Metex Noovista est une étape cruciale de notre mutation »

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La filiale industrielle de METabolic EXplorer, Metex Noovista, vient de signer une alliance exclusive avec le groupe DSM pour la commercialisation de son PDO. Cet ingrédient qui remplace les parabènes en cosmétique sera produit à partir d’une unité de production qui sera basée en Moselle. Cette alliance marque une étape importante dans la mutation de l’entreprise clermontoise.

Avec cette alliance commerciale exclusive, le directeur général de METabolic EXplorer, Benjamin Gonzalez, s'assure d'écouler une grande majorité de la production de PDO qui sortira de son usine de Moselle — Photo : METabolic EXplorer

METabolic EXplorer s’est associé avec le fonds SPI de BPI France (45 %) pour créer Metex Noovista. Quel est l’objet de cette filiale ?

Mextex Noovista est la filiale industrielle de METabolic EXplorer dont la raison d’être est de contribuer à produire autrement des produits utilisés quotidiennement. Pour ce faire, nous utilisons la fermentation en lieu et place de produits pétrochimiques. Notre société, qui a fêté ses 20 ans en 2019, s’est notamment fait connaître en vendant à Evonik pour 45 M€ une technologie de fermentation pour la production d’un additif essentiel à la nutrition des animaux : la L-Méthionine. Ces 45 M€ ont été réinvestis dans deux axes dont l’un concerne l’industrialisation en propre de la technologie PDO (propanediol) et acide butyrique (AB). Dans cette optique, nous avons investi, cet été, 48 M€ avec SPI dans la création d’une unité industrielle de production à Carling-Saint-Avold en Moselle, sur la plateforme industrielle Chemesis. Cette unité, qui va permettre la création d’une cinquantaine d’emplois, entrera en activité au dernier trimestre 2020. Elle va permettre la fabrication par voie biotechnologique de 5 000 tonnes de PDO par an et 1 000 tonnes d’acide butyrique.

À quoi servent concrètement ces deux ingrédients ?

Le PDO a deux applications principales. La première concerne la cosmétique où il est comme un booster de conservation. Il permet à ce titre d’augmenter significativement la performance des conservateurs d’origine naturelle dans les crèmes de soin et donc de s’affranchir des conservateurs pétrochimiques que sont les parabènes. Sa seconde application concerne l’industrie au sens large où il est utilisé comme ingrédient fonctionnel pour la réalisation de résines polyuréthanes que l’on retrouve notamment dans les plastiques flexibles des voitures. Le PDO est aussi utilisé en tant que monomère pour la fabrication de fibres textiles PTP, plus performantes que les fibres acryliques traditionnelles PEP.

Et l’acide butyrique ?

Sa première application concerne la nutrition animale. On l’utilise pour renforcer les défenses gastro-intestinales. Ce qui permet de maintenir les animaux en bonne santé sans utiliser d’antibiotiques. L’acide butyrique est aussi utilisé dans la fabrication plus confidentielle des arômes des parfums.

L’unité de production n’est pas encore en service et pourtant, vous venez d’annoncer la signature d’un partenariat de distribution avec le groupe DSM, internationalement reconnu dans les domaines de la nutrition, de la santé et du mode de vie écoresponsable. Comment expliquez-vous cela ?

C’est bien plus qu’un partenariat de distribution. Il s’agit d’une véritable alliance commerciale. Il n’est pas forcément commun de bâtir une telle alliance alors que la production n’est pas encore lancée. Si cela a été possible, c’est que DSM a pu à la fois diligenter la technologie et valider la qualité du produit à partir de notre démonstrateur installé sur notre site de Clermont-Ferrand. Ce démonstrateur est une petite unité industrielle qui travaille comme une usine en 3X8 et permet de valider le procédé industriel par la production en continu de produits finis. C’est grâce à ce démonstrateur que l’on a convaincu Evonik de racheter notre technologie et DSM de bâtir une alliance commerciale avec nous.

Photo : METabolic EXplorer

Quels sont les tenants et aboutissants de cette alliance commerciale avec DSM ?

Il s’agit d’une alliance commerciale exclusive sur le PDO à usage cosmétique. Elle repose sur un business plan qui nous permet de sécuriser les ventes de notre unité de production à une certaine valeur. Je ne peux pas vous dire précisément les volumes. Ce que je peux vous dire c’est que notre investissement sur la plateforme de Carling est dans une première étape de 5 000 tonnes de PDO qui seront majoritairement dédiées à la cosmétique.

Pensez-vous déjà à une augmentation des volumes et à un agrandissement ?

Oui. Étant donné la demande forte dans la cosmétique mais aussi les autres applications industrielles, nous envisageons de nous agrandir sous deux à trois ans pour aller vers une production de 20 000 tonnes de PDO et 4 000 tonnes d’acide butyrique.

Cette alliance avec DSM est-elle un accélérateur pour Metex Noovista ?

Parfaitement. DSM, c’est 23 000 salariés dans le monde, près de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires dont plus de 400 millions d’euros sur la seule division cosmétique. C’est un groupe implanté mondialement et reconnu pour leur sérieux en termes de qualité, de sécurité, d’approvisionnement et d’image. Cette alliance était pour nous la meilleure façon d’adresser le marché de la cosmétique dans le monde entier. Le second point, c’est la valeur à laquelle va être vendu notre PDO. DSM ne vend pas seulement du PDO, il vend une performance grâce à leurs laboratoires applicatifs qui permettent de démontrer que leurs produits sont meilleurs que d’autres. DSM fait aujourd’hui partie des trois premiers acteurs mondiaux en B to B pour les ingrédients fonctionnels en cosmétique. Des grandes marques mondiales comme l’Oréal jusq’au petit fabricant de rouge à lèvres de luxe, tout le monde connaît DSM.

En termes de chiffre d’affaires, où doit vous amener cette alliance ?

Notre société étant cotée, je ne peux malheureusement pas vous communiquer de chiffres. Ce que je peux vous dire, c'est que METabolic EXplorer se rémunérera via des royalties sur le chiffre d’affaires de Metex Noovista, sur le contrat d’assistance technique en R & D qui lie les deux sociétés et bien entendu, comme tout actionnaire, sur les dividendes.

Metex Noovista s’annonce-t-il comme le moteur de la croissance future de METabolic EXplorer ?

On peut le dire comme ça. Jusqu’à présent nous réalisions entre 0 et 4 millions d’euros de chiffre d’affaires selon les années. De temps en temps, nous vendions une technologie qui nous permettait de renflouer les caisses. Là, nous passons à un autre modèle. METabolic EXplorer, qui était à l’origine une société d’innovation aux revenus non récurrents, est en train de muter vers une société industrielle et commerciale. Et Metex Noovista est une étape cruciale pour valider cette mutation.

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