C’est non loin de la vallée de la chimie, sur le plus grand site de recherche et innovation de Solvay (450 chercheurs et 700 salariés) à Saint-Fons, qu’est implantée la plateforme de mutualisation Adchem4. Porté depuis 2020, en partenariat avec la plateforme collaborative d’innovation Axel’One, le projet de mini-usine à destination des entreprises de la chimie et matériaux voit enfin le jour et sera entièrement opérationnel dès l’été 2023. Les unités de pilote chimie et polymères sont accessibles depuis septembre 2020. L’ambition du dispositif est de permettre aux entreprises de la chimie et des matériaux de traverser le cap de la "vallée de la mort", c’est-à-dire de passer de la synthèse d’un produit en laboratoire à l’échelle industrielle. L’outil permet d’accéder à des ressources sans devoir faire les gros investissements qu’exige le passage à l’industrialisation.
ETI comme grands groupes peuvent venir tester leurs prototypes sur deux semaines jusqu’à deux mois et ainsi accéder à une production en centaine de kg voire en tonnes. L’association Axel’One (plateforme d’innovation collaborative) est l’interlocuteur des entreprises désireuses d’utiliser le plateau d’Adchem4. De son côté, Solvay, qui possède trois sites industriels et trois centres de recherche et innovation en Auvergne-Rhône-Alpes, aura investi 11 millions d’euros dans ce projet de 13 millions d’euros. La Région Auvergne-Rhône-Alpes et l’État y participent chacun à hauteur d’un million.
Crash test des résultats en laboratoire
Adchem4 s’articule autour de quatre thématiques clés, la synthèse de polymères et bio polymères, la synthèse organique, la synthèse et la mise en forme de solides et poudres ainsi que le traitement des effluents. Les deux premières unités pilotes, destinées à la chimie organique, la polymérisation et la bio polymérisation, sont équipées de réacteurs permettant des tests en conditions extrêmes de température, de pression ou encore de corrosion. Les deux autres unités, prévues pour 2026, seront tournées vers la chimie des solides, des poudres et du traitement des effluents.
Pour Jean-Francis Spindler, directeur du centre de recherche et innovation lyonnais de Solvay (13,4 Md€ de CA) la plateforme permet une approche holistique de la chimie. Il l’affirme, "à travers Adchem4, Solvay souhaite accompagner la chimie vers le respect de l’environnement et aspire à une chimie plus verte". L’objectif de l’outil est de penser une chimie vertueuse, inoffensive pour l’homme et l’environnement dès la conception des matériaux.
Labellisé par le pôle de compétitivité chimie environnement Axelera et le pôle de compétitivité caoutchoucs, plastiques et composites Polymeris, ce projet a également bénéficié du soutien de France Chimie AURA, organisation professionnelle rassemblant les industriels de la chimie en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Un vecteur d’attractivité et développement
À travers cette mutualisation, c’est tout l’écosystème qui se fédère autour de Solvay à l’image de Inevo et Elkem qui ont pu bénéficier de l’outil. Adchem4 est aussi un vecteur d’attractivité puisque la plateforme a attiré l’entreprise toulousaine Pili (30 salariés, CA : NC). Après avoir bénéficié de la plateforme, le fabricant de colorants et pigments biosourcés a installé un pilote industriel, dans le but de produire à l’échelle du kilogramme des colorants, à Roussillon dans l’Isère. Cette nouvelle implantation a permis de créer une dizaine d’emplois. D’ici un an ou deux, l’entreprise prévoit d’installer un démonstrateur industriel afin d’augmenter les capacités de production de colorants et pigments biosourcés et atteindre ainsi la tonne.
