Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises : « Nous devons aider plus d'entreprises à décrocher des financements européens »
Interview # Collectivités territoriales

Cécilia Téjédor directrice générale d'Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises : « Nous devons aider plus d'entreprises à décrocher des financements européens »

S'abonner

Elle est depuis dix-huit mois à la tête de l’agence Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises, financée en majorité par la Région (14,3 M€ de subventions sur un budget total de 17,9M€ ). Son objectif : soutenir la filière industrielle, soit 50 000 entreprises, dans un territoire qui en totalise 400 000. Le pari de l’agence : tirer la croissance des ETI pour provoquer un effet d’entraînement vers la sous-traitance. Avec quels moyens et pour quels résultats ? Les réponses de Cécilia Téjédor, sa directrice générale.

Cécilia Téjédor pilote Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises, une agence régionale qui agit sur cinq fronts : attractivité, financement, investissement (matériel), innovation et le « pack » formation/emploi/apprentissage — Photo : Région Auvergne-Rhône-Alpes

Le Journal des Entreprises : Parmi les objectifs annoncés de l'agence Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises par Laurent Wauquiez (qui la copréside aux côtés de Jean-Dominique Senard, président de Michelin), figure le passage de 2 500 à 3 000 entreprises de taille intermédiaire (ETI) à la fin du mandat « politique ». Combien d’entreprises ont, en 18 mois, franchi ce cap ?

Cécilia Téjédor : C’est trop tôt pour le savoir. Aujourd’hui nous avons identifié 400 PME comme ayant le potentiel pour en être. Elles enregistrent 20 % de croissance par an sur les trois dernières années. Nous les accompagnons pour leur permettre d’accélérer. Le cap, c’est la création d’emplois.

Vous revendiquez accompagner 7 700 entreprises. Lesquelles et comment ?

C.T. : Nous ne communiquons pas pour l’instant sur les entreprises avec lesquelles l’Agence est en train de conventionner. Nous organiserons avec les entreprises une communication en fin d’année ou début d’année prochaine. Mais à ce jour, en plus de Cirly (21 salariés / CA 2017 : 3,70 M€, NDLR) dans le Rhône, nous avons déjà signé des conventions dans l’Allier, dans le Puy-de-Dôme, en Drome-Ardèche et en Haute-Loire. Environ 70 chargés d’affaires instruisent les besoins du chef d’entreprise et les orientent ensuite vers des dispositifs d’aide.

Combien d’entreprises ont décroché par votre intermédiaire des financements européens et pour quel montant au total ?

C.T. : Elles sont 166, un chiffre encore trop faible qui doit progresser. Quant au montant total capté par ces entreprises, il n’est pas simple de donner une réponse précise à cette question car les montants des financements sont difficilement fléchables et peuvent varier de quelques dizaines de milliers d’euros à plus d’un million – la start-up Lactips (30 salariés, NDLR) a bénéficié d’1,5 million d’euros par exemple.

Ces entreprises ont pu être conseillées par les experts de l’agence pour leur permettre d’être présentes dans les appels à projet où il y a des financements européens, comme Instruments PME, Eurostars, Horizon 2020, COSME… C’est une vraie compétence de l’agence d’identifier ces appels à projets dont peuvent bénéficier les entreprises régionales.

Le budget « actions » de l’Agence, annoncé lors de son lancement par Laurent Wauquiez, était de 100 millions d’euros. Comment est-il employé ?

C.T. : Le chiffre annoncé en mai 2017 correspond à l’ensemble des aides proposées par la Région, soit le budget de la direction de l’économie et celui de la direction de la formation. L’agence ne distribue pas d’aides directes mais dispose en propre d’un budget de 5 M€ (dont une subvention forfaitaire régionale de 2,6 M€, déployée sur le développement économique : 3,2 M€ ; attractivité et marketing territorial : 1,2 M€ ; international : 454 000 € ; innovation : 35 000 € ; formation : 70 000 €, NDLR).

« Les objectifs d'Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises sont ceux définis par le Schéma régional de développement économique 2017-2021. »

Ce budget a été employé pour, par exemple, la participation de 13 entreprises régionales à Global industrie 2018 à Paris, celle de trois sociétés au salon Mountain Planet, et pour des rendez-vous business lors du Sido. Nous faisons aussi appel au cabinet OCO Global pour préconiser des actions en faveur de l'attractivité.

Comment les entreprises cibles peuvent-elles capter cette manne de 100 millions d'euros en passant par l'Agence, revendiquée comme "guichet unique" ?

C.T. : Nous pouvons faciliter ce lien avec les services de la Région. Mon responsable formation travaille en binôme avec Anne Berger, directrice de la formation à la Région. C’est ainsi que nous avons procédé avec Boehringer Ingelheim (CA 2017 : 18 Mds€, NDLR). Nous avons mis au point pour le groupe allemand un package « formation » sur mesure avec le Conseil régional. Nous sommes une association distincte de la Région, mais nous sommes là pour déployer sa politique économique.

En quoi, alors que vous êtes statutairement nommée par le Président, c'est à dire Laurent Wauquiez, l’agence est-elle indépendante politiquement de la Région ?

C.T. : L’agence, association loi 1901, n’est pas un outil d’action politique. Elle a une gouvernance qui associe les entreprises, les chambres consulaires et l’ensemble des collectivités. Nous avons des liens avec l’administration de la Région et le budget, mais nos objectifs sont ceux définis par le Schéma régional de développement économique 2017-2021 (présenté à la presse par Laurent Wauquiez, président de la Région en décembre 2016, NDLR).

Quels sont vos moyens pour aider les entreprises en difficulté ? Si les meubles Grange (68 salariés, en attente d’un repreneur) vous avaient contacté il y a un an en tirant la sonnette d’alarme, qu’auriez-vous pu mettre en œuvre ?

C.T. : Nous n’avons pas été saisis par cette entreprise, et il m’est difficile de répondre, car ce type de situation ne rentre pas dans mon offre de service. Mais ce sujet, très délicat, pourrait être amené à évoluer.

# Collectivités territoriales