Adrien Baudet : « Avec la mesure de l'impact social, le risque de social washing est important »
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Adrien Baudet consultant spécialisé en impact social Adrien Baudet : « Avec la mesure de l'impact social, le risque de social washing est important »

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Consultant spécialisé en impact social, Adrien Baudet revient sur l’enjeu de mesure de l’impact pour les entreprises sociales, tout en mettant en garde sur le risque de voir la notion être galvaudée par des méthodes trop imprécises.

Adrien Baudet, est consultant en impact social (Koreis Conseil) et enseignant-chercheur à HEC et l’ESCP Europe, spécialisé en analyse et mesure d’impact social — Photo : DR

Le Journal des Entreprises : Pourquoi observe-t-on un tel engouement pour la mesure de l’impact social ?

Adrien Baudet : La mesure de l’impact social est guidée par un levier externe – les financeurs – et un levier interne – l’innovation. L’essor des financements à impact s’appuie sur une analyse du risque, de la rentabilité et des effets de l’activité. Le second levier permet aux entreprises de viser l’amélioration continue de leur démarche pour conforter leur business model.

N’y a-t-il pas le risque de voir la notion d’impact social être galvaudée ?

A. B. : On voit émerger des rapports d’impact qui se limitent très souvent aux moyens mis en œuvre, sans étudier les effets concrets, ni l’évolution de la situation des bénéficiaires. L’information est difficile à obtenir, puisqu’elle oblige les organisations à aller interroger leurs cibles. Le risque de social washing est important. Il y a donc un enjeu d’exigence autour de ces pratiques.

La standardisation de la mesure d’impact est-elle un risque ?

A. B. : Cela suscite beaucoup de débats. Si de nombreuses structures développent une évaluation selon une méthodologie propre, il y a un énorme problème de comparabilité. Les investisseurs à impact, qui ont un vif intérêt, développent, eux aussi, des indicateurs standardisés pour comparer les projets. Mais ces outils lissent et oublient la complexité humaine, sociale, environnementale de chaque bénéficiaire. En se basant uniquement sur le devenir des personnes par exemple, ces outils omettent la pluralité des profils à leur entrée dans le programme ou la complexité du terrain. L’enjeu est de trouver le bon niveau de standardisation.

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