Wienerberger : De terre cuite et d'innovation

Wienerberger : De terre cuite et d'innovation

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Le briquetier d'Achenheim a été victime l'an dernier de la chute du marché de la construction. Il compte néanmoins sur le déploiement des normes de haute qualité environnementale pour faire valoir les qualités isolantes de la brique et renforcer sa présence en France. Philippe Armengaud
— Photo : Le Journal des Entreprises

Ringarde, la brique? À l'heure où la construction bois veut se bâtir une image écolo sur un marché dominé par le bloc de béton, l'ancestrale mais peu médiatisée brique de terre cuite tente de se faire une place au soleil. L'enjeu: faire décoller une part de marché dans la construction individuelle et collective située aux alentours de seulement 20% en France (pour 45% en Europe). Directeur général de Wienerberger France, Francis Lagier affirme que son entreprise, filiale du groupe bicentenaire éponyme, détient un tiers du marché de la brique en France. «Nous avons su développer un produit à la fois compétitif d'un point de vue économique et efficace d'un point de vue énergétique», avance-t-il, «permettant de répondre aux normes de haute qualité environnementale».




La concurrence stimule l'innovation

L'entreprise a en effet su améliorer la performance de mise en oeuvre de sa brique Porotherm par une pose simplifiée grâce au développement de la ?maçonnerie roulée? mise au point en 1996. «Il suffit d'apposer un mortier colle au rouleau, plutôt qu'un mortier à la truelle», explique Francis Lagier, «cela permet de gagner 30% de tempset donc de baisser le coût». Wienerberger s'est également attelée au développement de produits permettant de réduire les consommations d'énergie des bâtiments. La technologie ?monomur? utilisée permet d'accroître l'inertie thermique du mur grâce à des briques dont l'intérieur est truffé de compartiments isolants. Résultat, l'air chaud ou froid extérieur peine à ?percer? le mur en été comme en hiver. Le faible besoin de matière isolante complémentaire permet également au mur de respirer plus facilement tout au long de l'année. «L'émulation est très forte entre tous les acteurs du bois, du béton ou de la brique, sur le terrain de l'innovation», poursuit Francis Lagier. L'enjeu est de taille: frappé par la crise, le marché français reste l'un des plus exigeants en Europe de par ses réglementations techniques et environnementales. Quinze ans après sa naissance suite au rachat du fabricant alsacien de briques Sturm, Wienerberger France pèse 8 à 10% de l'activité globale du groupe autrichien. Un groupe qui a beaucoup misé sur l'Hexagone: une centaine de millions d'euros ont été investis depuis 2003 sur différents sites de production de briques Porotherm en Maine-et-Loire (démarrage cette année), dans le Nord, dans l'Ain et en région parisienne. Ils s'ajoutent aux usines d'Achenheim et de Betschdorf dans le Bas-Rhin. Ces six sites, complétés par des dépôts dans le sud, permettent un maillage presque parfait du territoire. Essentiel car au-delà de 300 kilomètres, le coût du transport grève la compétitivité des briques.




La tuile soutient la brique

Mais la stratégie de diversification du groupe menée en 2003 avec le rachat de Koramic (fabricant de tuiles en terre cuite) a également eu un impact sur sa filiale française. Elle a hérité du site que cette société possédait à Seltz. La tuile, fabriquée également sur plusieurs autres sites à travers l'Hexagone, représente aujourd'hui la moitié de son activité. Mieux, elle lui a permis de limiter les dégâts l'an dernier car la tuile est utilisée dans le neuf mais aussi dans la rénovation (50% des débouchés). Le marché de la tuile n'a ainsi reculé que de 14%, contre 20% pour la brique. «Les activités brique et tuile devraient évoluer de la même façon cette année», prédit Francis Lagier, «nous nous attendons encore à un marché légèrement négatif». Avec un espoir toutefois: que la brique de structure prenne encore des parts de marché sur le béton. Cela entraînerait mécaniquement les ventes de Wienerberger et du coup l'activité de ses sites qui n'attendent que cela pour exprimer leur capacité de production. Et pour justifier les investissements réalisés.