Depuis que Vynova PPC (CA 2021 : 113 millions d’euros, 230 salariés) a repris en 2015 l’activité de production de dérivés de potasse et de chimie fine de produits bromés du plus ancien site industriel de France en activité, la filiale du groupe allemand ICIG (CA 2022 : 4 milliards d’euros, plus de 3 000 salariés) travaille à consolider son site. Les dérivés de potasse permettent l’assimilation des molécules et sont en particulier utilisés dans l’agrochimie et dans l’agroalimentaire. Les produits issus de la chimie fine du brome, commercialisés sous la marque WeylChem, sont utilisés comme intermédiaires de synthèse dans de nombreuses industries. Dernière étape de ce chemin pavé de pragmatisme et d’innovation, 7 millions d’euros sont mobilisés jusqu’en 2027 pour faire la chasse aux émissions de gaz à effet de serre, dans le cadre du plan France relance.
Économie circulaire du brome
Le programme a été lancé dès 2021 par Vynova PPC, industriel "électro-intensif" qui consomme en électricité l’équivalent de la métropole de Strasbourg. À côté des programmes d’économies et de récupération d’énergie classiques sur les 7,7 hectares du site, figurent des actions plus ambitieuses pour atteindre la neutralité carbone. Vynova PPC a par exemple entrepris de récupérer la chaleur produite lors du procédé d’électrolyse. Elle travaille avec son voisin, le producteur de dioxyde titane Tronox (CA 2021 : 139 millions d’euros, moins de 250 salariés), au développement d’une solution de production de vapeur décarbonée, qui exploite l’hydrogène rejeté lors des réactions chimiques.
"L’idée de durabilité est très ancrée chez nous. Nous avons été avant-gardistes en passant de l’électrolyse au mercure à l’électrolyse à membrane en 2015 alors qu’il n’y avait pas d’intérêt économique", souligne Jacques Sturm, vice-président des dérivés de potasse de Vynova group. L’entreprise a aussi mis en place, avec ses clients, une économie circulaire autour du brome, qui lui permet d’être moins dépendante des fournisseurs. Le brome, qui n’est pas conservé dans les produits finaux, est récupéré et renvoyé à l’usine thannoise.
Première gamme bas carbone
Vynova PPC a consolidé ses positions ces dernières années. Selon sa direction, le site alsacien est aujourd’hui le premier producteur européen de dérivés de potasse, et le deuxième ou troisième au niveau mondial. Il est le seul producteur de chimie fine de produits bromés sur le continent. Sur des marchés concurrentiels, l’enjeu est d’être précurseur est de positionner sur des segments premium. Vynova a par exemple lancé, en janvier 2022, la première gamme bas carbone de dérivés de potasse en Europe, estime Jacques Sturm. "Les volumes sont encore confidentiels - moins de 3 % de la production totale - mais l’intérêt est fort. Nous sommes convaincus que cela va marcher. Cette agilité nous a en tout cas permis de passer la crise énergétique", plaide-t-il. Le dirigeant pointe néanmoins "un vrai problème de pérennité" économique face aux exigences environnementales européennes et aux concurrents étrangers qui n'y sont pas soumis.
