Bas-Rhin
Viwamétal : « Notre usine est entièrement digitalisée avec une politique zéro papier »
Interview Bas-Rhin # Industrie

Grégory Walter codirigeant de Viwamétal Viwamétal : « Notre usine est entièrement digitalisée avec une politique zéro papier »

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Grégory Walter, codirigeant de la société Viwamétal, a ouvert un processus de digitalisation de son entreprise qui s'est accentué ces dernières années. La PME a d'autant plus pris conscience de cet atout en participant au programme d'accélération pour les PME du Grand Est proposé par la Région et Bpifrance.

— Photo : © Lucie Dupin

Vous dirigez l’entreprise Viwamétal avec votre frère à Ostwald. Vous avez lancé un processus de digitalisation ces dernières années. En quoi consiste-t-il ?

Mon frère Gaël et moi-même sommes la troisième génération à la tête de Viwamétal, une PME familiale de 40 salariés spécialisée dans la tôlerie fine pour différents domaines industriels comme l’informatique ou le traitement des déchets par exemple. Nos clients se situent essentiellement dans un rayon de 150 kilomètres et nous réalisons 20 % de l’activité à l’export vers l’Allemagne et la Suisse. En 2019, nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros, nous misons en 2020 sur 6,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. En moyenne, nous réinvestissons 9 % de notre chiffre d’affaires dans notre parc machine. Notre usine de 3 300 m² est entièrement digitalisée, avec une politique zéro papier. Ce mouvement est né progressivement il y a une dizaine d’années et s’accélère depuis trois ans. Nous venons d’installer neuf écrans qui relaient en temps réel les données de l’ERP selon les étapes dans la chaîne de production. Lors de la deuxième phase en 2021, quatre à cinq écrans supplémentaires seront installés dans les bureaux. De plus, nous allons bientôt tester l’usage de robots collaboratifs et de robots mobiles dans notre usine. Si l’essai est concluant, nous pourrions investir dans deux à trois pièces de ce type, pour un montant unitaire de 30 000 à 100 000 euros. Par ailleurs, nous avons soumis en juillet un dossier de labellisation « Vitrine du futur » et attendons le résultat. Au niveau national, une petite centaine d’entreprises est labellisée. Viwamétal serait l’une des plus petites entreprises à recevoir ce label.

Ce processus de digitalisation a par ailleurs abouti au projet de création d’une entreprise dédiée…

Oui, forts de notre expérience interne de digitalisation, nous avons progressivement constitué une équipe d’une douzaine de personnes pour accompagner les autres PME dans leur processus de digitalisation. C-Koya Tech, filiale de Viwamétal, a pris son envol en début d’année. La crise du Covid accélère les nécessités de digitalisation. C’est dans ce contexte que C-Koya Tech attaque le marché et a signé de premiers audits. Nous misons sur une montée en puissance en 2021. L’expérience de Viwamétal est une vitrine pour C-Koya Tech puisque qu’avec nos compétences informatiques et notre expérience industrielle, nous illustrons avec pertinence la traduction d’une problématique industrielle en solution informatique. C-Koya Tech s’est récemment installé dans des locaux à la Meinau à Strasbourg et peut compter sur l’usine Viwamétal comme showroom.

Pour répondre à un autre besoin fort en interne, vous avez également fondé votre propre agence d’intérim…

Viwamétal a une forte culture de l’investissement dans l’humain. Dans notre secteur, il existe peu de formations initiales et nous prenons le parti de former en interne une personne qui se montre motivée. Ainsi, nous avons déjà formé des boulangers, des pâtissiers ou encore des serveurs. En parallèle, nous avons créé en janvier 2018 la société Elsass Emploi, une agence d’intérim digitale qui contribue à régler nos problèmes de recrutement. Le premier client de cette agence, qui embauche une personne épaulée par la RRH de Viwamétal, est bien entendu notre entreprise. Une dizaine d’entreprises du secteur de l’industrie dans la région est également cliente d’Elsass Emploi.

Vous venez de terminer le programme d’accélérateur PME Grand Est organisé par la Région Grand Est et Bpifrance. Pour quelles raisons avez-vous intégré la démarche ?

Nous avons intégré l’accélérateur PME Grand Est en 2018 après avoir été repérés par la Région Grand Est dans son programme de diagnostic Industrie du futur. Aux côtés de 17 autres dirigeants, nous avons participé à huit séminaires de deux jours entre juin 2018 et septembre 2020. Cela nous a permis d’avoir un tour complet des champs de l’entrepreneuriat, aussi bien en matière de ressources humaines, de stratégie d’entreprise, de performance industrielle ou l’opportunité de réaliser une croissance externe. N’étant pas diplômé d’une école de commerce, ces séminaires ont été une vraie prise de conscience. Nous avons aussi appris à avoir confiance en nos atouts. Pour les deux ans d’accompagnement, nous avons déboursé 31 000 euros. Nous avons rapidement été convaincus du bien-fondé de cet investissement.

Que retirez-vous de cette expérience ?

Le dernier séminaire s’est tenu en septembre. Ainsi, il est encore tôt pour en tirer toutes les conséquences. Pour autant, nous nous sommes renforcés en matière d’autoformation et les échanges que nous avons eus entre participants vont contribuer à dynamiser l’écosystème local. Nous avons pris conscience de nos points forts, c’est-à-dire la digitalisation, atout de notre groupe.

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