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Stéphane Chauffriat (Semia) :​​​​​​​ « Nous avons tourné la page d’une logique de cocooning »
Interview Strasbourg # Réseaux d'accompagnement

Stéphane Chauffriat directeur du Semia Stéphane Chauffriat (Semia) :​​​​​​​ « Nous avons tourné la page d’une logique de cocooning »

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Stéphane Chauffriat a pris la direction du Semia en février 2018. A l'occasion des 20 ans de l'incubateur public régional, celui-ci revient sur ses missions et ses perspectives de développement.

— Photo : © Christian Creutz

L’incubateur régional le Semia fête ses 20 ans cette année. Comment fonctionne-t-il ?

Stéphane Chauffriat : La structure est issue de la loi Allègre de 1999 pour valoriser les travaux issus de la recherche publique et aider les scientifiques à embrasser une carrière entrepreneuriale. Aujourd’hui, le Semia accompagne 80 projets d’entreprise dont une quinzaine sur notre site mulhousien, implanté au sein du KM0. A Strasbourg, les locaux du Semia accueillent 20 start-up sur 800 m², principalement des projets dans le secteur du tertiaire. Tout en étant suivis par l’équipe du Semia, les autres projets d’entreprises sont hébergés dans leurs laboratoires d’origine. Même s’il faut décorréler l’accompagnement, c’est-à-dire l’incubation, de la logique d’hébergement, nous sommes en sous-capacité d’hébergement. D’ici 2021, nous pourrons bénéficier d’espaces supplémentaires sur une superficie de 1 100 m² de bureaux utiles avec la réhabilitation de la Manufacture des tabacs à Strasbourg. Parmi les 80 projets incubés dans le cadre du Semia, 40 % d’entre eux concernent la santé, les biotech, et medtech, 40 % le numérique et les services et 20 % les sciences de l’ingénieur et des matériaux. Le Semia instruit chaque année 250 à 300 projets et en accepte 45. Le taux de survie à cinq ans des start-up accompagnées est de 75 %.

Comment se compose le paysage de l’incubation dans la région ?

S.C : La Région Grand Est a labellisé six incubateurs régionaux « incubateur d’excellence » dont le Semia. Cela garantit un niveau de compétences et nos start-up incubées peuvent ainsi bénéficier d’une lettre d’appui de notre part pour prétendre à une bourse start-up de 30 000 euros délivrée par la Région. Les incubateurs de Reims et de Charleville-Mézières partagent la même structure juridique que le Semia et nous sommes partenaires du Bliida à Metz pour la méthodologie. Nous travaillons dans une logique collaborative entre les six incubateurs, sans leadership.

Vous avez pris la direction du Semia en février 2018. Avec quelle feuille de route ?

S.C : L’objectif était de faire évoluer les méthodes d’accompagnement dans une logique de professionnalisation de la structure. Nous sommes passés de six à douze personnes au sein de l’équipe et le budget est passé de 1,4 M€ en 2017 à 1,8 M€ en 2018, financés par la Région Grand Est, le ministère de la Recherche, l’Eurométropole de Strasbourg, Mulhouse Alsace Agglomération, le Feder et des mécènes privés. Offrir aux start-up un parcours d’incubation plus exigeant, c’est aussi les amener plus vite vers un chiffre d’affaires. Nous avons tourné la page d’une logique de cocooning, le niveau d’exigence n’est plus le même. Nous avons instauré l’implication d’une communauté d’anciens incubés. Celle-ci réalise une revue des projets tous les six mois. Si cela n’avance pas, l’incubation peut s’arrêter. Notre responsabilité est de savoir dire stop dans une logique bienveillante et nous n’avons pas d’intérêt économique puisque le Semia ne détient pas de parts aux capitaux des start-up incubées. En tant qu’incubateur public, notre rôle est de réduire les risques entourant le projet et de l’envoyer vers un accélérateur.

Quelles sont les perspectives de développement du Semia ?

S.C : Un des objectifs est d’ouvrir le Semia à d’autres secteurs d’activité, comme l’économie sociale et solidaire ou les industries culturelles et créatives. Nous envisageons une approche par filière afin de faire correspondre des programmes d’incubation avec les programmes des thématiques retenues par la politique économique régionale. L’enjeu est également d’améliorer la capacité de financement sur le territoire. Pour cela, il faut mettre en avant les success stories locales et donner envie aux investisseurs nationaux de venir ici. L’écosystème est bien organisé, il existe une vraie intelligence collective des structures régionales qui ont la capacité de travailler ensemble et cela doit se savoir. Le rôle du Semia est aussi de « marketer » ce potentiel. Par ailleurs, le président du Semia, Pascal Neuville, dirige la medtech Domain Therapeutics, elle-même incubée au Semia à ses débuts. C’est une volonté d’impliquer les entrepreneurs dans l’accompagnement des projets incubés, tout comme l’ouverture de la gouvernance du Semia à des entreprises telles ES, Divalto, Socomec, Spadel ou encore Schmidt group. Ce panel à vocation à s’élargir.

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