La société australienne Vulcan (300 salariés, essentiellement basés en Allemagne), dont le siège européen est basé à Karlsruhe (Bade-Wurtemberg), va engager une étude de faisabilité technique dont les résultats devraient être connus encore cette année. La société a également déposé il y a un mois un permis exploratoire concernant tant l’exploitation géothermique du sous-sol que l’extraction de lithium sur une zone de 480 km2 autour de Mulhouse. Elle espère obtenir l’autorisation de mener ses études sismiques d’ici la mi-2024. Celles-ci sont nécessaires pour établir le lieu exact et la profondeur du forage, qui pourrait atteindre 3 500 m. La future installation devrait livrer ses premières calories en 2026. Elles seront en partie converties et électricité. Le tout alimentera l’unité de peinture de Stellantis Mulhouse, fortement consommatrice d’électricité et de chaleur, pour le séchage des laques notamment. Au-delà de la diminution de son impact carbone, c’est également une opportunité, pour Stellantis, d’accroître son indépendance énergétique. Les volumes concernés, tout comme le montant de l’investissement, vont dépendre du résultat des études et ne sont pas encore connus. Les deux partenaires prévoient cependant de porter le projet à parts égales.
L’enjeu du lithium
Derrière la décarbonation du site industriel de Mulhouse se profile en effet un autre enjeu : celui de l’approvisionnement du constructeur automobile en lithium, élément clé des batteries équipant les véhicules électriques. L’installation de géothermie sera équipée d’un système permettant l’extraction du lithium de l’eau géothermale, un procédé développé par Vulcan qui permet de récupérer jusqu’à 95 % du métal présent dans la saumure. Le chlorure de lithium ainsi produit doit ensuite être converti en hydroxyde de lithium pour être utilisable dans les batteries. Cette conversion aura lieu dans un premier temps sur le site central de Vulcan, en cours de construction à Francfort (Allemagne), mais l’opérateur envisage à moyen terme la construction d’un site de conversion, dont on ne connaît pas encore le lieu, pour alimenter spécifiquement le marché français.
Un deuxième site géothermal pour Stellantis
La future installation géothermale s’inscrit dans le cadre de l’accord passé en 2021 entre les deux groupes, aux termes duquel Vulcan s’engage à fournir à Stellantis entre 81 000 et 99 000 tonnes d’hydroxyde de lithium “zéro carbone” (produit sans utiliser de combustible fossile et avec une consommation d’eau minimale) sur une durée de 10 ans. Le constructeur automobile est d’ailleurs entré au capital de Vulcan à hauteur de 8 % l’an passé (avec une valorisation proche de 500 M€ à fin avril 2023) et constitue ainsi l’un de ses principaux actionnaires, et son principal client. Le projet mulhousien permet au producteur de lithium d’élargir sa zone d’exploitation, au-delà des 12 installations géothermales qu’il détient dans la partie allemande du bassin du Rhin supérieur. Les deux acteurs avaient déjà annoncé en janvier dernier un engagement du même type concernant l’usine Stellantis de Rüsselsheim (Hesse), où sont fabriquées la DS4 et l’Opel Astra. À compter de 2025, les futures installations géothermales fourniront de la chaleur à Stellantis, l’électricité produite étant, quant à elle, injectée dans le réseau.
L’utilisation de la géothermie n’est que l’une des solutions engagées par Stellantis pour “verdir” son site de Mulhouse. D’autres projets sont menés pour permettre une diminution de moitié des émissions de carbone entre 2021 et 2025.
