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Sew Usocome monte en régime avec ses moteurs et motoréducteurs
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Sew Usocome monte en régime avec ses moteurs et motoréducteurs

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Sew Usocome, filiale de l’allemand Sew-Eurodrive, qui fabrique des systèmes d’entraînement et des solutions d’automatisation pour l’industrie, se revendique comme le leader mondial de la production des motoréducteurs. Il investit 300 millions d’euros supplémentaires pour renforcer ses sites de production du Nord Alsace, tout en développant son offre de services dans l’Hexagone.

Le site de Brumath à l’issue du nouvel investissement prévu de 120 millions d’euros, d’ici 2031 — Photo : SEW Usocome 2023

Les projets d’extension qui se succèdent sur les trois sites de production de Sew Usocome, tous implantés dans le Grand Est, illustrent la croissance de l’entreprise. D’ici 2031, les usines alsaciennes de Brumath et Haguenau, où se trouve le siège de la société, vont bénéficier de 300 millions d’investissements supplémentaires. Sew Usocome (CA 2022 : plus de 550 M€, 2 000 salariés), filiale de la société allemande Sew-Eurodrive (CA 2022 : plus de 4,3 Md€, 21 000 salariés), concepteur de systèmes d’entraînement et d’outils d’automatisation pour l’industrie, fabrique des composants pour moteurs et motoréducteurs (appareil comprenant un moteur électrique et un réducteur, NDLR), dans sa fonderie de Forbach et son usine de Haguenau. Ils sont assemblés à Brumath (80 % de l’activité du site), où des freins sont aussi fabriqués. Sew-Eurodrive se présente comme le leader mondial de la production de motoréducteurs. L’entreprise se fixe pour objectif de devenir aussi le numéro un sur le marché des réducteurs industriels, dont elle est le deuxième acteur mondial.

7 millions de combinaisons

La filiale française poursuit une croissance soutenue, en volume de production entre 2 et 3 % par an, et de 10 % pour son chiffre d’affaires, qui est attendu à 610 millions d’euros en 2023. L’essentiel des ventes est réalisé au sein du groupe. Le secteur de l’agroalimentaire constitue un débouché important, le reste de la clientèle est partagé notamment entre industrie automobile, industrie lourde et intralogistique. Sur les chaînes d’assemblage de l’usine de Brumath, les modèles (entre 250 euros et jusqu’à 10 millions d’euros) se suivent et peuvent se ressembler mais diffèrent en réalité souvent par des détails. "Nous ne stockons pas de produits finis. Nous personnalisons les modèles le plus tard possible dans le processus de production. À Brumath, nous pouvons réaliser 7 millions de combinaisons différentes", explique Jérôme Amann, le nouveau directeur général, 38 ans, pur produit de la société. Il y est entré après des études d’ingénieur en mécanique il y a 16 ans, et a été directeur de la production à Haguenau de 2019 à 2023.

Répondre à la demande des clients dans les meilleurs délais nécessite néanmoins d’importants stocks de composants. Les 20 000 emplacements du magasin de l’usine de Brumath seront complétés en 2024 par un magasin automatisé offrant 120 000 emplacements, en cours de construction (75 millions d’euros, 25 000 m²). Cette extension entre dans le cadre d’un précédent investissement de 100 millions d’euros, avec l’agrandissement de la fonderie de Forbach (31 millions d’euros).

Foncier stratégique

La création du site de Brumath en 2015 avait pour objectif de répondre aux besoins de croissance de Sew Usocome alors que l’usine de Haguenau, corsetée dans le tissu urbain, ne pouvait pas s’agrandir. Cinq ans ont été nécessaires pour déménager l’activité d’assemblage. En 2019, 90 000 m² de foncier supplémentaires ont été acquis à Brumath. L’entreprise y dispose désormais de 190 000 m² et le développement s’y poursuit. Sur les 300 millions d’euros de la nouvelle tranche d’investissements annoncée, 120 vont être consacrés à un centre de bobinage (24 000 m²) opérationnel dès 2027, un centre de services et de montage rapide ou DTC (Drive technology center), pour les réparations et la modernisation ("rétrofit") des produits, un bâtiment administratif et un parking en silo. Les 180 millions d’euros restants seront engagés à Haguenau pour construire une usine de 55 000 m² qui remplacera l’ancienne, sur un terrain de 200 000 m² dans la zone industrielle au nord de la ville. Le nombre de salariés va grimper à Brumath, avec le transfert d’une partie des activités et la croissance de l’ETI. À l’heure actuelle, 600 personnes y travaillent. À Haguenau, ils sont 800 à la production et 450 dans les bureaux. À terme, ils seront 600 à Haguenau, et 1 250 à Brumath, où s’installera le siège de Sew Usocome.

Vers les solutions et les services

Plus que des produits, l’entreprise met aujourd’hui en avant "des solutions sur-mesure à travers des gammes de plus en plus diversifiées et de plus en plus efficaces. Nous avons le portefeuille de produits le plus large du marché", souligne Régis Walter, directeur commercial de Sew Usocome. La stratégie se construit aussi à l’échelle du groupe. Elle est organisée autour de quatre "D" : la digitalisation, la décarbonation, le changement démographique (en particulier, les enjeux liés à la raréfaction des compétences chez les clients du groupe) et la "déglobalisation" (le renforcement de l’autonomie de chacune des entités régionales, Europe, Amérique, Asie). Ainsi, la maison mère allemande, dont le siège est implanté à une vingtaine de kilomètres au nord de Karlsruhe, fabrique et garantit la fourniture des composants électroniques utilisés par les branches européennes du groupe. La recherche et le développement sont essentiels.

"Comment pouvons-nous faciliter l’utilisation de nos produits par les clients, alors que ces derniers sont confrontés à une pénurie des compétences sur le terrain ? Nous apportons des réponses à la fois dans les produits, en développant par exemple les systèmes plug-and-play, et à travers les compétences de nos ingénieurs, en mettant à disposition notre bureau d’études", explique Régis Walter. Sew Usocome anticipe les évolutions réglementaires : "Il n’existe pas encore de normes européennes pour les motoréducteurs mais nous pensons qu’elles vont arriver. La gamme W9 à haute efficacité énergétique affiche le meilleur rendement du marché", affirme Jérôme Amann. Le groupe a aussi développé une gamme "Power and energy solutions (PES)" pour aider ses clients à réduire leur consommation grâce à un système de management de l'énergie sur mesure pour leurs installations.

"Maintenance préventive"

La qualité du service aux clients joue un rôle croissant "à travers l’amélioration continue de la production et du service après-vente", insiste Régis Walter. La tranche d’investissement de 300 millions d’euros inclut un nouveau DTC (Drive Technology Center) -des centres de montage et de services- en Île-de-France, à Marne-la-Vallée, qui s’ajoute à ceux de Lyon, Nantes, Bordeaux, et à celui projeté à Brumath. "Avec les exigences environnementales, il devient de plus en plus intéressant de faire réparer. Le nouveau DTC nous permettra d’être davantage présents dans le bassin parisien. Nous proposons aussi un nouveau service de maintenance préventive. L’objectif est de donner aux clients le plus possible d’informations en amont sur les changements et d’anticiper les pannes", note Jérôme Amann.

Sew Usocome a mis en place une formule de récupération des produits usagés auprès de ses clients, "3R" (pour "recycling, remanufactoring, reuse"). Le dispositif a permis de recycler 12 137 pièces de freins à perte de courant, soit l’équivalent du rejet de 30 tonnes équivalent CO2 évités chaque année, selon l’entreprise. Sur le plan énergétique, le directeur veut effacer le talon de consommation de l’usine (la puissance électrique consommée hors période de production, NDLR) d’ici cinq ans en déployant en particulier des panneaux solaires. Certifié ISO 9001, ISO 14 001, ISO 50 001 et ISO 45 001, Sew Usocome a signé l’an passé une charte l’engageant dans une démarche d’achats responsables.

Les années à venir, le recrutement restera un enjeu central. "Nous recrutons à l’heure actuelle entre 35 et 40 salariés par an et le rythme va s’intensifier", assure son directeur. L’entreprise mise sur les formations qualifiantes et l’apprentissage, depuis les établissements secondaires jusqu’aux écoles d’ingénieurs, dont l’Insa de Strasbourg avec laquelle elle a signé une convention, et sur les certificats de qualification professionnelle (CQP) pour les reconversions. En interne, elle propose des formations spécifiques dans des formats originaux pour compléter les formations générales - tel le "dojo bobinage" qui permet d’apprendre sur site à fabriquer les pièces - ainsi que pour mieux intégrer les nouveaux arrivants.

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