La start-up strasbourgeoise Rêve aux Lettres part à l'assaut du marché anglophone. Elle vient de finaliser une campagne sur la plateforme de crowdfunding Kickstarter qui lui a permis de lever un peu plus de 14.000?, soit 5.000? de plus qu'espéré. Une somme qui doit lui permettre de lancer la version anglophone, « Dream Letters », de son concept. À l'ère du numérique, Rêve aux lettres s'est donné pour mission de redonner aux enfants le goût de lire et d'écrire. Depuis septembre 2014, elle commercialise un concept épistolaire (sous forme d'abonnement) dont l'enfant est le héros. « Un premier courrier lui est envoyé par les habitants d'un lointain pays. Il est alors investi d'un rôle central et les personnages lui demandent de l'aide », explique Rémy Perla, gérant fondateur de la société éditrice du concept, Créalettres. Lettre après lettre, l'enfant imagine son histoire, résout des énigmes posées par les personnages, prend des décisions pour la bonne gouverne de son royaume, etc.
Un logiciel d'intelligence rédactionnelle
Au-delà du concept épistolaire dédié au 5-12 ans, « l'innovation réside dans la mise au point d'un logiciel d'intelligence rédactionnelle, développé en interne, qui rend l'affaire viable et nous permet d'envisager le déploiement de notre concept à grande échelle », révèle le dirigeant. En générant de façon automatique des textes à partir de mots clés extraits des réponses des enfants, le logiciel simplifie la charge de travail des écrivains, qui rédigent les scénarios en lien avec pédagogues et enseignants pour qu'ils soient cohérents avec l'âge et le niveau de lecture des enfants. Créalettres emploie quatre personnes et travaille avec une dizaine d'indépendants. Près de 2.000 enfants sont déjà abonnés, en France et à l'étranger et ont permis à Créalettres de réaliser un chiffre d'affaires de 40.000? pour sa première année d'exploitation.
250.000? levés en 2015
« L'emploi d'un écrivain est viable autour de 15.000 à 20.000 enfants abonnés », indique Rémy Perla, qui vise donc à court terme un chiffre d'affaires qui pourrait atteindre le million d'euros. 250.000? ont été levés en 2015 auprès de la Sodiv, du Réseau Entreprendre, de Bpifrance et via un prêt bancaire de la Caisse d'Épargne pour accompagner le développement de l'activité, qui doit encore monter en puissance cette année. « Nous prévoyons une deuxième levée de fonds en 2016 », indique Rémy Perla sans indiquer pour le moment de montants. Le dirigeant est de plus en plus sollicité par le milieu enseignant souhaitant mettre en place ce service dans leurs classes et l'adaptation du concept à destination des enfants dyslexiques est en cours. Des partenariats sont aussi envisagés, avec un imprimeur d'enveloppe voire avec La Poste. Mais la société, déjà plusieurs fois primée (dont cette année le prix i-lab, concours national de la création d'entreprises de technologies innovantes porté par le ministère de l'éducation nationale), ne compte pas se focaliser uniquement sur le marché français, même si le potentiel de croissance y est encore important. Elle zyeute fortement vers les pays anglophones et l'objet de la levée de fonds via Kickstarter a avant tout pour objet de gagner en visibilité sur cet immense marché.
Adelise Foucault
Créalettres
(Strasbourg) Président : Rémy Perla CA 2014/2015 (clôturé en septembre) : 40.000? 4 salariés www.reveauxlettres.fr
