Pour les communicants du Grand Est, « les messages devront être différents » après la crise
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Pour les communicants du Grand Est, « les messages devront être différents » après la crise

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L'Union des conseils en communication (UCC) Grand Est représente les agences de conseil en communication dans la région. Le syndicat, qui anticipe un risque de restriction dans les budgets communication des entreprises, plaide pour une communication adaptée à l'après-crise. Les agences régionales, elles, innovent pour maintenir leur activité.

Thomas Azan, dirigeant de l'agence strasbourgeoise Goodway, préside l'Union des conseils en communication dans le Grand Est — Photo : © Bartosch Salmanski

L'Union des conseils en communication (UCC) Grand Est fédère 47 agences de communication dans la région (35 en Alsace, huit en Lorraine et quatre en Champagne-Ardenne), représentant 720 emplois directs et 2 600 emplois indirects. Pour dresser un état des lieux de l'activité des entreprises du secteur, l’organisation professionnelle a réalisé un baromètre dont les résultats sont éloquents. 44 % des adhérents de l’UCC Grand Est interrogés annoncent subir une perte de chiffres d’affaires de plus de 50 % en période de cinfinement. En conséquence, près d’une agence interrogée sur trois perçoit la cessation d’activité au cours de l’année 2020 comme un risque. Autre indicateur : 45 % des agences de communication interrogées ont cessé toutes leurs collaborations avec des prestataires indépendants externes.

Côté clients, l’UCC Grand Est a également sondé 350 marques du Grand Est. 92 % des responsables communication/marketing interrogés prévoient que le budget communication 2020 initialement prévu sera finalement amputé. 42 % des annonceurs estiment ainsi que leur budget communication sera diminué de 25 à 50 %.

Communiquer différemment

Face au risque de repli, Thomas Azan, président de l’UCC Grand Est et gérant fondateur de l’agence Goodway à Strasbourg (Six collaborateurs, CA 2019 : 590 000 €), prévient : « Actuellement, les entreprises sont dans une communication de crise. Après le 11 mai, il faudra penser à une communication offensive ». L’entrepreneur le reconnaît, « en période de crise, le réflexe humain naturel est de se replier sur soi. Pour autant, il faut poursuivre la prise de parole mais sur un autre point de vue, pour affirmer autre chose. Les agences de communication sont là pour mener la réflexion avec les entreprises ».

Un avis partagé par Anne-Sophie Dubois-Lebet, PDG de l’agence Infra (28 collaborateurs ; CA 2019 : 3 M€), à Bischheim dans le Bas-Rhin. « Les notions d’engagement et d’empathie destinées à une communication interne auront un rôle à jouer dans l’après-crise. Les marques devront également faire preuve d’une communication de sens et de valeurs envers leurs clients et les consommateurs, avec de vraies actions qui ne resteront pas uniquement sur le papier », plaide-t-elle.

Inventer de nouveaux formats

Pour répondre à cette situation inédite, Thomas Azan n’entrevoit pas de création de nouveaux métiers mais « une capacité à se réinventer, notamment dans le secteur de l’événementiel. Malgré la distanciation sociale, l’aspect humain reste important, des solutions sont à adapter à l’aide de la digitalisation comme la démocratisation des visioconférences par exemple ».

Et c’est le défi que veut relever Auguste & Louise (CA 2019 : 1,6 M€ ; 18 collaborateurs). L’agence de communication strasbourgeoise spécialisée dans l’événementiel, les réseaux sociaux et la vidéo, organise en effet sa première convention d’entreprise 100 % en ligne ces 6 et 7 mai autour du thème « Comment anticiper la reprise d’activité après le confinement ? ». Cette convention d’affaires, avec des conférences thématiques et des rendez-vous business, cible des prospects du Grand Est. L’agence s’attend à recevoir 300 participants à distance avec une inscription gratuite à l’événement numérique. Le format pourrait être un test pour proposer aux clients d’Auguste & Louise de nouveaux produits liant événementiel et digitalisation à l’issue du confinement.

Miser sur la digitalisation ?

D’autres, comme l’agence Infra, ont vu leurs activités se réorienter. « Pendant le confinement, 60 % des clients de l’agence ont maintenu leur activité. Les besoins étaient à la communication de crise mais également à la transition numérique avec la création de sites internet et de solutions marketing en ligne pour nos clients ». À tel point que l’agence Infra, dont le département « online » représente habituellement un tiers de l’activité, projette de réaliser 40 à 45 % d’activité avec ce pôle pour l’exercice 2020-2021 et prépare le recrutement de deux développeurs web.

Anne-Sophie Dubois-Lebet reste cependant prudente. « Dans le contexte de confinement, nous avons répondu à un besoin immédiat de digitalisation des services de nos clients. Pourtant, nous nous méfions d’un retour par la suite avec l’impact de budgets communication coupés. Un impact que nous nous attendons à ressentir pendant près d’un an, de septembre 2020 à juin 2021 ».

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