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À Obernai, Kronenbourg investit pour accompagner le développement de nouveaux segments de marché
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À Obernai, Kronenbourg investit pour accompagner le développement de nouveaux segments de marché

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Le brasseur Kronenbourg a lancé son plan d’investissement sur son site de production d’Obernai dans le Bas-Rhin. Près de 10 millions d’euros ont été investis en 2021 dans de nouveaux procédés pour poursuivre son développement dans plusieurs segments de marché : ses bières de dégustation, sans alcool et aromatisées.

Aurore Meyer est ingénieure process en charge des investissements au sein de la brasserie Kronenbourg qui modernise son usine — Photo : Anne Milloux

Kronenbourg l’avait annoncé en 2018, un investissement de 100 millions d’euros devait être injecté pour moderniser sa brasserie d’Obernai (CA France 2020 : 844 M€ ; 1 000 collaborateurs dont 600 en Alsace), seul site de production dans l’Hexagone du groupe danois Carlsberg (CA 2020 : 7,6 Md€ ; 42 000 collaborateurs).
En raison de la pandémie de Covid-19, le lancement des premiers investissements a été quelque peu retardé. Mais c’est désormais chose faite. Courant 2021, la première tranche de 25 millions d’euros s’est ouverte pour une période de 18 à 36 mois. Près de dix millions d’euros ont déjà été investis dans l’outil productif avec l’installation, entre autres, de deux fermenteurs supplémentaires et d’un système dit de "dry hopping" ou de séchage à froid du houblon, pour une optimisation de ses capacités aromatiques. L’investissement est également consacré à une meilleure gestion de la consommation d’eau et à des aménagements et travaux courants dans l’usine. Pour ces nouveaux équipements, dont la mise en service est prévue début décembre pour être pleinement opérationnels début 2022, le groupe Carlsberg a déposé des brevets.

Croissance de nouveaux segments

"Nous constatons une transformation rapide de notre portefeuille de produits", souligne Philippe Collinet, directeur de la communication de Kronenbourg qui voit ces investissements "comme un moyen de gérer ces développements". Selon lui, "les bières dites kraft ou de dégustation, les bières sans alcool et les bières aromatisées représentaient 10 % des volumes en 2010, contre 21 % en 2015 et 31 % en 2020. Les goûts des consommateurs évoluent et tendent vers des bières plus houblonnées". Et c’est précisément l’objectif de ce nouveau procédé de dry hopping dont le montant de l’investissement s’élève à 5,5 millions d’euros. "Cet équipement rendra possible une manière particulière d’extraire le houblon, assure Céline Chauvin, directrice de la production au sein de la brasserie d’Obernai. Cinq à six houblons différents pourront entrer dans les recettes de bières, contre un à trois actuellement". Aurore Meyer, ingénieure process en charge des Investissements, complète : "Il faut veiller à ajouter le houblon dans une atmosphère sous vide, sans introduire d’oxygène, au risque d’oxyder la bière. C’est ce qu’offre notre technologie et c’est ce qui nous permet d’assurer une qualité constante pour un goût identique quel que soit le brassin (contenu de la cuve de bière, NDLR)".

La brasserie projette, à l’horizon 2025, de réaliser 50 % des volumes de ses ventes avec le segment des bières de dégustation, sans alcool et aromatisées, aux côtés des bières blondes pour les 50 % restants. Philippe Collinet voit aussi, au travers de ces investissements, "une manière de pérenniser le site alsacien sur lequel va pouvoir être rapatriée une partie de la production de ces trois segments brassés actuellement dans d’autres sites en Europe", notamment en Suisse où Carlsberg compte une grosse filiale.

Kronenbourg a également installé deux fermenteurs nouvelle génération supplémentaires qui viennent compléter la cinquantaine déjà présente dans l’usine. Trois autres fermenteurs viendront s’y ajouter dans les prochains mois. Cet investissement de 2,4 millions d’euros vise à optimiser la gestion de la fermentation pour préserver la reconduction du goût des bières et à gagner en confort de travail.

Économiser l’eau

L’enveloppe globale des 100 millions d’euros d’investissement contient par ailleurs un volet environnement, santé et sécurité. "En tant qu’entreprise de l’agroalimentaire, précise Céline Chauvin, nous travaillons avec des organismes vivants. Dans notre processus de production, la réduction de notre consommation d’eau est un enjeu de responsabilité sociétal d’entreprise". En 2020, la brasserie bas-rhinoise est parvenue à consommer quatre litres d’eau pour fabriquer un litre de bière. "Il y a trois ans, le ratio était de cinq litres d’eau pour un litre de bière, appuie la directrice de production. L’optimisation de la consommation d’eau concerne non seulement la fabrication mais aussi le nettoyage". Dans cette optique, l’industriel a planché sur trois pistes d’amélioration pour garantir la qualité de l’eau, la recycler ou la réutiliser. Ce processus d’optimisation de la ressource en eau a nécessité un investissement d’environ un million d’euros.

Enjeux de RSE

Par ailleurs, la conception du dry hopping s’est accompagnée d’une réflexion en matière de réduction de la pénibilité du travail, puisque cette technique nécessite de grandes quantités de houblon. "Pour effectuer cette tâche avec une intervention humaine réduite, et ainsi respecter nos exigences de sécurité, d’ergonomie de poste et de santé au travail, nous avons misé sur l’automatisation complète : les cartons et les sachets (de 5 kg) de pellets sont ouverts et versés dans une trémie par deux robots. C’est une première pour Kronenbourg", pointe de son côté Aurore Meyer.

À Obernai, Kronenbourg brasse 700 millions de litres de bière par an pour le marché français exclusivement. Le brasseur écoule 75 % de ses volumes en grandes et moyennes surfaces et 25 % dans le segment des cafés, hôtels et restaurants (CHR). En 2020, en raison de la pandémie de Covid-19, l’activité CHR pour Kronenbourg a enregistré une perte globale de 50 % avec 32 semaines de fermeture sur 52. 35 à 40 % de l’activité perdue en CHR ont cependant été reportés sur le canal des ventes dans la grande distribution. Kronenbourg a réalisé un chiffre d’affaires de 844 millions d’euros en 2020, en chute de 12 % par rapport à 2019.

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