Bas-Rhin
"Nous misons sur le made in France pour développer les montres Pierre Lannier à l'export"
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Pierre Burgun PDG de Pierre Lannier "Nous misons sur le made in France pour développer les montres Pierre Lannier à l'export"

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Le fabricant de montres Pierre Lannier joue sur l’image du made in France pour développer son activité en France comme à l’export. Les explications de Pierre Burgun, le PDG de l’entreprise familiale alsacienne, qui compte fortement accroître les ventes à l’international, notamment aux États-Unis.

Pierre Burgun dirige la marque Pierre Lannier, qui vend 400 000 montres par an, commercialisées dans 1 600 points de vente en France et dans 60 pays — Photo : Lucie Dupin

Vous dirigez la société Pierre Lannier depuis 2004, une PME familiale de 110 salariés qui affiche 17 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021. Vous êtes l’un des derniers horlogers à fabriquer en France ?

Mes parents ont créé l’entreprise en 1977. Ils ont fait un tour d’Europe en quête d’un produit à importer. C’était le début des montres à quartz et ils ont décidé d’importer des montres digitales d’Allemagne. Puis l’envie de créer leur marque s’est développée, le nom de Pierre Lannier a été choisi pour sa sonorité très française. Ils ont d’abord fait assembler des montres dans le Haut Doubs. Pour produire en Alsace, ils ont ensuite acquis une ancienne usine de fabrication de boucles d’oreilles pour la traçabilité des animaux, ici à Ernolsheim-lès-Saverne dans le nord de l’Alsace. La production de montres y a démarré dans les années 1990. Au début des années 2000, nous avons ouvert une unité de production à Madagascar, aujourd’hui composée d’une trentaine de personnes. Tout le design est réalisé en France et les produits premier prix sont fabriqués à Madagascar. Les montres nécessitant plus de technicité sont fabriquées en Alsace. Nous n’avons pas attendu que la relocalisation soit à la mode pour le faire. Depuis cinq ans, nous produisons plus de montres ici qu’à Madagascar.

Comment se positionnent vos produits sur le marché français ?

Dans le domaine de l’horlogerie, les Suisses s’appuient sur leur réputation en matière de technicité. La France, quant à elle, véhicule à l’étranger un certain art de vivre, une image façonnée par les grands groupes de luxe tricolores dont nous bénéficions. Notre capacité à proposer des prix made in France est possible en montant en gamme et en réduisant la marge. Pour être made in France, il faut avant tout que le produit soit attractif car la raison principale d’achat est l’esthétique. En 2021, la société d’études Panel 5 a classé Pierre Lannier comme première marque sur le marché français des montres à moins de 500 euros et première pour les montres à mouvement automatique. Au premier semestre 2021, notre part de marché en valeur s’élevait à 7,6 %, en progression de 24 % par rapport à la même période en 2020. Par ailleurs, une montre automatique sur trois vendue dans cette gamme de prix est une montre Pierre Lannier. Nous sommes distribués en ligne et à travers un réseau de revendeurs, nous ne comptons pas de boutique en propre.

Quelles sont vos perspectives de développement pour 2022 ?

En 2019, nous réalisions 25 % de notre activité à l’export, principalement en Chine, au Japon et en Russie. La crise sanitaire a perturbé ce développement puisque nous avons réalisé 10 % à l’export en 2020 et 15 % en 2021. À moyen terme, nous projetons 50 % à l’export. Nous souhaitons nous occuper de pays plus proches en Europe mais visons également les États-Unis à l’horizon 2022-2023. Pour continuer le travail à l’export, nous avons besoin d’être plus grands car nous évoluons dans l’horlogerie qui est un métier de notoriété. Nous devons donc renforcer notre communication. Par ailleurs, en matière de nouveautés, nous développons, en Alsace, une montre dotée d’un capteur solaire, ce qui répond à des critères de RSE et d’écologie en supprimant les piles. La montre devrait être lancée en juin 2022.

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