Mathis : La construction bois entre Orient et Occident
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Mathis : La construction bois entre Orient et Occident

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Elle a plus d'un siècle d'existence, mais reste redoutablement compétitive. Positionnée sur un créneau d'avenir, Mathis, à Muttersholtz, se développe aussi grâce au bon sens entrepreneurial de son dirigeant et de son équipe. Adelise Foucault
— Photo : Le Journal des Entreprises

Mathis, c'est d'abord une belle histoire entrepreneuriale et familiale, comme le tissu économique local en compte encore quelques-unes. Une PME, basée depuis toujours à Muttersholtz, que les cinq générations qui se sont déjà succédé ont portée toujours plus haut, toujours plus loin aussi. Négociante en matériaux à ses origines, l'entreprise se positionne aujourd'hui parmi les leaders européens de la construction bois et des charpentes lamellées-collées. Les deux tiers de son activité sont dédiés à la fabrication de charpentes en bois en réponse à des appels d'offres en lots séparés. Des chantiers commandés la plupart du temps par les collectivités locales pour la réalisation de stades, d'équipements sportifs, éducatifs, culturels, d'aménagements publics... L'entreprise a aussi préservé une activité d'entreprise générale qui lui permet de concevoir et réaliser des ouvrages pour le compte de clients privés, hors particuliers.




La croissance freinée par la crise

Mathis surfait ces dix dernières années sur un trend de croissance annuelle de l'ordre de 10%. Un rythme freiné en 2009, du fait de la conjoncture, avec un chiffre d'affaires à 36M€ (-10% par rapport à 2008). Si les marges ont souffert, «nous sommes restés bénéficiaires», indique Franck Mathis, l'actuel P-dg. Il faut dire que l'entreprise a beaucoup investi (3,5M€) cette année: outre l'achat de nouvelles machines, l'usine a été agrandie de 3.000m² portant la surface d'espaces couverts à 17.000m². Un nouveau bâtiment de 1.000m² a aussi été construit qui accueille désormais une activité ferrures de liaison, autrefois sous-traitée. Forte d'un carnet de commandes avoisinant déjà les 35M€ pour 2010 (avec des chantiers d'envergure à l'instar du stade de Furiani en Corse, d'une plateforme logistique EDF en Lorraine ou encore de gros lycées dans le Nord et en région parisienne), l'entreprise envisage sereinement 2010. L'objectif est de revenir à un niveau d'affaires équivalent à celui de 2008.




Une organisation performante

Depuis son arrivée à la tête de l'entreprise en 1999, Franck Mathis n'a cessé de développer les compétences des salariés et d'intégrer l'ensemble des activités afin de maîtriser les délais, les coûts de production, et être en mesure de répondre de façon globale aux besoins des clients. Une stratégie «qui se révèle aujourd'hui payante», estime le dirigeant. Des décisions fondamentales ont aussi été prises en termes d'organisation «très décentralisée et autonome», explique Franck Mathis. Au siège sont concentrées les fonctions supports: développement marketing et export, gestion financière, process industriels... Outre l'usine, le site de Muttersholtz abrite aussi un important bureau d'étude composé d'une vingtaine de personnes. Six agences commerciales ont progressivement vu le jour afin de couvrir l'ensemble du territoire et ont en charge la gestion opérationnelle des chantiers. Les chefs d'agences sont soumis à des reportings réguliers, «ce qui manque souvent dans le bâtiment» concède Franck Mathis, qui a aussi mis en place un système d'intéressement accroché à des objectifs précis, définis annuellement pour chacun des salariés «et qui représente environ 20% de leur salaire annuel».




Réaliser 20% du CA à l'export

Depuis 2 ans, Mathis redéfinit sa stratégie de développement, notamment à l'export, jusqu'à présent anecdotique. «Les finances publiques ne nous sont plus aussi profitables en France, nous sommes donc à la recherche de nouveaux marchés, au Maghreb, dans les pays du Golfe et à plus longue échéance vers la Turquie et ses zones d'influences», explique Jean Howiller, directeur en charge du développement, un poste créé pour lui à son arrivée dans l'entreprise, en 2008. Sa stratégie de prospection s'appuie sur la participation à des salons locaux (depuis mars2009) et des déplacements collectifs (au sein d'Alsace project and design) pour rencontrer les prescripteurs (architectes, bureaux d'études), voire nouer des partenariats. Mathis entend à terme structurer une vraie direction export qui régira les démarches vers les DOM-TOM et les pays étrangers. La société espère réaliser 20% de son chiffre d'affaires à l'export, d'ici à trois ans.

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