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Manurhin en procédure de sauvegarde
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Manurhin en procédure de sauvegarde

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MR Equipement, la principale filiale du groupe Manurhin, fabricant de munitions pour petit et moyen calibre, est placée en procédure de sauvegarde. La société emploie 175 personnes à Mulhouse.

— Photo : Le Journal des Entreprises

En 2016, le chiffre d’affaires de Manurhin (175 personnes) a reculé de 50 %, à 31 millions d’euros, par rapport à l’exercice précédent et l’entreprise a enregistré des pertes de l’ordre de 12 millions d’euros. En raison d’une trésorerie insuffisante, la société Manurhin a été placée en procédure de sauvegarde par le Tribunal de grande instance de Mulhouse à la demande de ses dirigeants. Pour autant, la société traverse une situation singulière puisque ses carnets de commandes sont estimés à 90 millions d’euros pour 2017 et des prévisions de plusieurs signatures laissent présager des montants prometteurs pour l’année 2018.

Difficultés à financer l’activité

La raison de la situation actuelle ? La nature dite « sensible » de l’activité, la fabrication de munitions pour armes de petit et moyen calibre. En conséquence, les financeurs français, qu’ils soient privés ou publics, manquent à l’appel. « Notre trésorerie insuffisante est un violent coup de frein à notre production. Pourtant, nous n’avons pas les caractéristiques d’une entreprise en difficulté puisque nos carnets de commandes s’élèvent à 90 millions d’euros, notre technologie est reconnue et plébiscitée et, au regard du contexte géopolitique mondial, nous évoluons sur un marché porteur. Ainsi, nous avons demandé à être placés sous le régime de sauvegarde pour avoir le temps de mettre en place des solutions de financement » explique Rémy Thannberger, président du directoire de Manurhin. Dans ce contexte, le passif exigible auprès des fournisseurs est actuellement gelé.

Relancer la filière française

« Lors des trois derniers exercices en 2013, 2014 et 2015, Manurhin a enregistré une activité bénéficiaire. Nous démontrons ainsi la vertu du modèle économique mais malgré cela, les financeurs français ne répondent pas présents. Suite à un contrat significatif au Sultanat d’Oman en 2013 pour équiper une usine de production de munitions, la banque nationale du pays nous a accordé un prêt de 20 millions d’euros qui a été remboursé depuis. Notre société industrielle exporte 100 % de sa production et nous ne pouvons pas demander systématiquement à nos clients sur place de nous faire des crédits. À terme, comment une entreprise implantée en France, exportant 100 % de sa production et ne trouvant pas de financeurs en France pourra-t-elle continuer sur le territoire ? » détaille Rémy Thannberger qui souhaite convoquer une table ronde pour alerter les élus de la situation. Le dirigeant vient de recevoir l’accord de principe de Jean Rottner, Maire de Mulhouse. « Dans un bassin où les emplois industriels sont sinistrés, la question de Manurhin, qui emploie 175 personnes est un enjeu aussi bien pour Mulhouse que pour la Région Grand Est, mais aussi pour le pays » souligne Rémy Thannberger.
En effet, en mars dernier, le Ministère de la défense a appelé à la relance d’une filière de fabrication de munitions de petit calibre dans le pays autour d’un consortium franco-français. La société Manurhin a alors été retenue pour les machines, Sofisport et sa filiale bretonne Nobelsport (211 salariés ; 70,6 millions d’euros de CA) pour la fabrication de poudre et Thales pour la technologie. Le site de production de ce consortium mené par Thales doit être implanté dans le Finistère.

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