Le groupe Velcorex (130 salariés, CA prévisionnel 2017 : 30M€), fabricant de tissus haut-rhinois, annonce son introduction prochaine en bourse sur le marché Euronext Accesses. Son P-Dg, Pierre Schmitt est accompagné dans l’opération par Louis Thannberger, banquier spécialiste de l’entrée en bourse des PME. « L’entrée est prévue a priori pour la deuxième quinzaine de janvier 2018 », annonce ce dernier. La valorisation du groupe sera de 40M€. La première levée de fonds sera de l’ordre de 5 à 10 millions d’euros.
La renaissance de l’industrie textile haut-rhinoise
Pierre Schmitt, un ancien de DMC, se bat pour préserver tout en la modernisant l’activité de tissage haut-rhinoise fortement fragilisée ces dernières années dans un contexte de concurrence mondialisée et de productions délocalisées en Asie. Créateur de Philéa en 1998, fabricant et concepteur de tissus spécialiste de la viscose, il a sauvé de la liquidation Velcorex en 2010, « unique fabricant de velours en France et plus grande entreprise en capacité en Europe dans ce domaine », précise le dirigeant. Puis Tissage des Chaumes en 2013, créateur de tweeds fantaisie liquidée en 2003, mais maintenue en vie dans l'intervalle par la communauté de communes. Et enfin l’ex Virtuose renommé Emanuel Lang, fabricant de tissus pour chemises haut de gamme.
L'activité a bien redémarré et le groupe commercialise aujourd’hui ses tissus auprès des leaders internationaux du prêt à porter : Hugo Boss, Zara, Massimo Duti, Sandro, Sessun, Agnes B… mais aussi des acteurs du luxe. Il dispose de 2 millions d'euros de fonds propres consolidés. Velcorex devrait clôturer l’année avec un chiffre d’affaires global de 30 millions d'euros, dont 80% réalisé à l’export, et vise les 37 millions l’année prochaine.
Création d’une nouvelle filière
Cette opération boursière doit permettre à Velcorex de concrétiser et accélérer le développement de projets ambitieux. À commencer par le déploiement de sa marque propre, Matières Françaises, portée par Agathe Schmitt, la fille du dirigeant. « Nos tissus deviennent de plus en plus techniques et nous avons développé une activité de conception pour répondre à un besoin exprimé par nos clients. Nous avons décidé d’aller plus loin en capitalisant sur notre production 100% française pour lancer notre propre marque », indique Pierre Schmitt. Une boutique laboratoire a ouvert à Colmar et un site internet marchand doit voir le jour « courant 2018 ».
Le groupe s’est également lancé dans la création en Alsace d’une nouvelle filière « durable, équitable et rentable » réhabilitant les matières naturelles locales – comme le chanvre et l’ortie – pour en faire des vêtements haut de gamme. De nouvelles lignes de production prendront place sur le site d’Emanuel Lang à Hirsingue dans les deux à trois prochaines années. Notamment, une ligne de teinture adaptée aux colorants naturels utilisant un procédé de photopolymerisation permettant de teindre et d’imprimer de nouveaux supports textiles sans eau, mise au point en partenariat avec l’Ecole de chimie de Mulhouse (ENSCMu). Ainsi qu’une ligne de transformation des matières naturelles unique en son genre, développée en partenariat avec N. Schlumberger, fabricant de machines de filatures de fibres longues, basé à Guebwiller. Les premiers tests ont par exemple permis de réaliser un jean 100% tissé à partir d’orties. Le groupe explore également de nouveaux débouchés dans les matériaux bio-composites, pour l’industrie automobile ou le secteur du bâtiment.
