L'export aide la filière viticole alsacienne à s'en sortir
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L'export aide la filière viticole alsacienne à s'en sortir

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Pendant la période du confinement, les exportations de vins alsaciens ont tourné au ralenti, mais moins que le marché intérieur. La Région Grand Est veut soutenir les initiatives de la filière à l'international.

— Photo : ©Charlotte Stiévenard

L’avenir des vins d’Alsace se trouve-t-il dans les exportations ? C’est une des pistes explorées par les représentants du vignoble alsacien réunis à Herrlisheim-près-Colmar (Haut-Rhin) avec Jean Rottner fin juin. Le président de la Région Grand Est a annoncé un plan de soutien à la filière qui pourrait atteindre 7,7 millions d’euros avec l’engagement financier de l’interprofession. Une partie de ce plan sera consacrée à l’organisation de formations à l’export ou à l’accompagnement de la filière dans les foires internationales et salons. La Région concrétise ainsi l’un des trois piliers du contrat de filière signé en décembre dernier avec l’interprofession.

Cette stratégie pourrait être payante en temps de crise comme le démontrent les chiffres du Conseil Interprofessionnel des Vins d’Alsace (CIVA). L’Alsace compte 3 734 producteurs qui comptabilisent 550 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. Environ un quart des ventes sont réalisées à l’international. En comparaison avec l’année précédente, en mai 2020, la baisse du chiffre d’affaires sur les exportations a été de 12 % contre 25 % pour le marché français.

L’Europe repart à la hausse

« Nous maintenons notre stratégie tournée vers l’international », explique Michel Fonné, propriétaire du domaine du même nom (CA : 550 000 € ; quatre collaborateurs) à Bennwihr, dans le Haut-Rhin. Cet œnologue a travaillé aux États-Unis avant de reprendre deux exploitations familiales, réunies au début des années 2 000. Il exporte aujourd’hui 70 % de sa production, dont un tiers vers le continent américain, principalement vers les États-Unis, un autre tiers vers l’Asie et un tiers vers l’Europe. « Nous avons la chance de ne pas avoir tous les œufs dans le même panier, poursuit-il. Certains pays ont rebondi plus vite que d’autres comme le Japon pendant le confinement. Aujourd’hui, c’est surtout l’Europe qui repart. » De mi-mars à début juin, il estime avoir perdu 50 000 à 70 000 euros, car les commandes ont été beaucoup moins nombreuses. Relativement positif, il s’inquiète néanmoins des conséquences à long terme de la crise : « J’ai un client aux États-Unis qui me dit que là-bas ce ne sont pas 30 % des restaurants qui vont fermer, mais 50 %. »

Au sein du groupe Wolfberger d’Eguisheim (140 collaborateurs) dans le Haut-Rhin, « la baisse des exportations provoquée par le coronavirus a été rattrapée depuis », estime Hervé Schwendenmann, le président de cette coopérative de 360 viticulteurs basée à Eguisheim dans le Haut-Rhin. Elle réalise 30 % de son chiffre d’affaires de 60 millions d’euros grâce aux exportations vers l’Amérique du Nord, l’Europe, l’Asie et l’Océanie. « En Amérique du Nord, les fermetures des cafés, hôtels et restaurants (CHR) ont impacté les ventes, mais cela a été rattrapé par la consommation domestique », précise-t-il.

De l’importance des salons professionnels

Jean-Claude Rieflé, du domaine Rieflé Landmann (CA : 1,1 M€ ; neuf collaborateurs), à Pfaffenheim, dans le Haut-Rhin, est lui aussi plutôt positif au regard des circonstances. « En ce qui concerne les chiffres bruts, nous avons été stables », confirme-t-il. Les exportations représentent 45 % de son chiffre d’affaires et ses bouteilles partent principalement vers le Japon, les États-Unis, le Danemark, les Pays-Bas, la Finlande, la Russie, la Belgique, la Pologne et le Canada. Le vigneron s’estime chanceux car il a pu assister à deux salons professionnels avant le confinement, Millésime Bio à Montpellier et Wine Paris. « Nous avons ainsi obtenu deux commandes importantes pour les États-Unis et l’Angleterre et nous avons pu rattraper le reste car tout s’est écroulé. » Il estime que sans ces deux commandes, son chiffre d’affaires lié aux exportations « aurait chuté de 90 % contre 20 % actuellement ».

« C’est la prospection à l’international qui est difficile depuis le confinement », explique Francis Backert, le président du syndicat des vignerons indépendants d’Alsace (Synvira) qui compte 450 adhérents sur le territoire. « Nous avions mis en place deux salons à l’export, à Vienne et à Copenhague. Ils ont été reportés à fin octobre. » Difficile, donc, de rencontrer de futurs clients pour un viticulteur qui souhaiterait actuellement se lancer à l’international. « De ce côté-là, la reprise est très timide pour l’instant », conclut-il.

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