La "prudence", maître mot pour l’EuroAirport Bâle-Mulhouse-Fribourg. Après la crise sanitaire qui a durement touché l’activité de l'établissement public franco-suisse (104,5 M€ de chiffre d'affaires en 2021, 6 220 salariés dont 367 au sein de l’établissement public, chiffre d'affaires 2022 non disponible) puis la guerre en Ukraine et l’inflation, "de nouvelles incertitudes, liées notamment à la situation en Chine, nous conduisent à des prévisions prudentes", souligne le directeur Mathias Suhr. L’entreprise compte investir 30 millions d'euros en 2023, contre 22 millions d'euros l’année passée.
Le fret et l’industrie solides
L’aéroport, géré par les Etats suisse et français, n’a pas encore retrouvé ses 9,1 millions de passagers de 2019, année record. Mais après la dégringolade de la crise sanitaire (2,6 millions de passagers en 2020), "nous nous rapprochons au fur et à mesure du niveau de 2019 et la fin d’année 2022 a été satisfaisante, note Mathias Suhr. Dans l’ensemble, la situation est plutôt bonne sur l’aspect opérationnel." En 2022, 7 millions de voyageurs ont emprunté l’aérogare, qui escompte en accueillir 7,4 millions en 2023.
Le secteur du fret et de l’aménagement intérieur d’avions résiste bien. Le volume du premier est en légère baisse (-4,2 %) par rapport à 2021 avec un report du fret aérien (-9,5 %) sur le fret routier (+4,4 %). Le secteur industriel, qui représente un tiers des emplois directs de la plateforme aéroportuaire à travers quatre sociétés (Jet Aviation, AMAC Aerospace, Air Service, Basel et Nomad Technics AG) a "procédé à quelques licenciements dans le contexte de la guerre en Ukraine mais il est stable", commente Mathias Suhr. Les carnets de commandes sont pleins, la direction s’attend à une stabilité des deux secteurs en 2023. L’emploi est en légère hausse sur l’ensemble de la plateforme avec la reprise des embauches de l’établissement public.
Améliorer la qualité de service
La stratégie de l’EuroAirport date de 2019 et nécessite d’être adaptée à la réalité d’après crise sanitaire. Le conseil d’administration doit finaliser cette année le nouveau projet pour les cinq prochaines années. L’objectif est notamment d'"améliorer la qualité de service", pose Mathias Suhr. Parmi les investissements figurent la modernisation du niveau des arrivées et la mise en place d’une expérimentation de dépôt autonome des bagages, la rénovation du tarmac et la réfection partielle de la piste principale et des taxiways. Les études techniques du projet de raccordement ferroviaire de l’aérogare à la ligne Mulhouse-Bâle sont en cours mais le financement européen doit encore être garanti. L’aéroport a lancé l’étude pour adapter le terminal. En 2022, 25 compagnies aériennes ont desservi 90 destinations.
Les mesures écologiques se poursuivent dans le cadre de l’objectif "net zéro carbone" d’ici 2030. L’aéroport achète de l’électricité 100 % renouvelable d’origine européenne depuis mai 2020 et est desservi par des bus électriques. Il prévoit d’être raccordé à une centrale de chauffage biomasse d’ici 2025.
