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Les tests Covid-19 de Biosynex à la conquête du monde
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Les tests Covid-19 de Biosynex à la conquête du monde

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La medtech bas-rhinoise Biosynex, fabricante et distributrice de tests de détection rapide et de dispositifs médicaux, a multiplié son chiffre d’affaires par quatre en 2020. Les conséquences du Covid-19 sur l’approvisionnement lui ont fait prendre conscience de relocaliser une partie de sa chaîne de valeur en Alsace.

Biosynex s'est doté d'un nouvel espace de production de 1000 m² pour relocaliser une partie de sa fabrication de tests et de dispositifs médicaux — Photo : Biosynex

Un peu plus d'un an après le déclenchement de la pandémie de Covid-19 et des confinements successifs aux quatre coins de la planète, Larry Abensur fait les comptes. Le PDG de Biosynex, qui développe et fabrique à Illkirch-Graffenstaden des tests de détection rapide des maladies infectieuses et distribue des dispositifs médicaux auprès des pharmacies d’officine, laboratoires d’analyses médicales, hôpitaux et fondations humanitaires, a vu le chiffre d’affaires de sa PME quadrupler en 2020. "Nous avons été portés par le Covid-19 et nous le serons encore en 2021, avec une prévision de chiffre d’affaires de 130 millions d’euros cette année. Cela nous a fait connaître, nous avons multiplié notre clientèle par deux", estime le dirigeant qui a cofondé l'entreprise en 2005 avec deux autres ingénieurs de l'industrie pharmaceutique, Thierry Paper, directeur scientifique, et Thomas Lamy, directeur de l'export.

Le chiffre d’affaires de Biosynex, qui emploie 200 personnes, est ainsi passé de 35,2 millions d’euros en 2019 à 154 millions d’euros en 2020. Plus encore, l’entreprise précise "qu’au quatrième trimestre 2020, la croissance s’est accélérée avec l’augmentation des ventes de tests de dépistage du Covid-19 couvrant l’ensemble de l’offre (tests sérologiques, antigéniques, PCR rapide et grande série). Le chiffre d’affaires trimestriel a atteint 81,8 millions d’euros, soit près de neuf fois celui réalisé à la même période de l’exercice antérieur (9,3 millions d’euros)". Par ailleurs, l'entreprise indique qu'au premier trimestre 2021, "Biosynex a réalisé un chiffre d'affaires de 75 millions d'euros représentant plus de cinq fois l'activité du pemier trimestre de l'exercice précédent et près de 50% du chiffre d'affaires total de l'exercice 2020".

Une forte capacité de réaction

Sa croissance "exponentielle", comme la décrit Larry Abensur, l'entreprise cotée sur le marché Euronext Growth à Paris depuis 2011, la doit à la demande mondiale pour répondre aux urgences de la crise sanitaire mais aussi à sa capacité de réaction en faisant le choix de relocaliser une partie de sa production. L'entreprise fabrique et distribue une large gamme de tests de détection rapide des maladies infectieuses comme le VIH, les angines, les grippes mais aussi des tests obstétriques ou encore des tests détectant des parasitoses. Au printemps 2020, alors que le monde médical était en pénurie de tests, Biosynex a rapidement été en mesure de distribuer auprès des laboratoires et des hôpitaux des kits de tests PCR, "la méthode reine de détection de la maladie", selon Larry Abensur, puis des tests sérologiques "qui ont marqué l'entrée dans la lutte contre le Covid-19". Le tout, en faisant appel à ses partenaires industriels asiatiques avec qui la medtech alsacienne travaille depuis une quinzaine d'années.

Une relocalisation stratégique

"A partir de mai-juin, avec l’explosion de la demande et les limites de l’approvisionnement", selon l'analyse de Larry Abensur, Biosynex a fait partie de ces entreprises françaises prêtes à jouer le jeu de la relocalisation. "Nous avons pris position dans cette industrie pour être moins dépendants", défend le PDG de Biosynex, qui avait cofondé dans les années 90 avec Thomas Lamy les sociétés All.Diag et Dectra Pharm, déjà spécialisées dans les test et dispositifs médicaux. Le dirigeant a surtout pris conscience de la nécessité d’assurer une partie de la production localement dans un contexte de crise économique mondiale.

La première étape a consisté, pour l’entreprise alsacienne, à assembler des tests sérologiques Covid-19 directement à Illkirch-Graffenstaden. "Une nouvelle aventure puisqu’aucun pays européen n’était prêt et que la Chine était le meilleur sur le marché avec son expertise du test rapide", estime Gaël Lévy, directeur industriel chez Biosynex, qui explique qu’une zone de travail a été montée en une semaine avec l’embauche de vingt personnes supplémentaires.

Quatre millions d’euros d’investissement

La décision a ensuite été prise d’investir dans le site bas-rhinois. Entre juin et octobre, Biosynex a construit une extension de 1 000 m² sur trois niveaux pour finaliser la transformation et l’assemblage de tests sérologiques et antigéniques. Vu de l’extérieur, rien ne transparaît aux abords du site de Biosynex dans le parc d’innovation d’Illkirch-Graffenstaden. Cette nouvelle unité de production a été construite en interne en réaménageant les espaces. "C’est ce qui nous a permis d’être opérationnels en un temps record", reconnaît Larry Abensur, dont l’entreprise a investi quatre millions d’euros dans l’équipement industriel et la structure. Une subvention de 450 000 euros a été versée par la Région Grand Est pour soutenir la relocalisation. Pour le dirigeant, "un effet de la crise a été la volonté de se réapproprier le savoir-faire. Cet investissement est encourageant pour pérenniser l’activité et la sécuriser."

L’assemblage manuel de kits antigéniques avec l’embauche d’une centaine d’intérimaires a pu commencer en octobre. Après la réception totale du bâtiment fin 2020, la nouvelle ligne a été mise en service en janvier un potentiel théorique de 3 000 tests à l'heure. "Cette nouvelle ligne semi-manuelle est la grande sœur d’une ligne dont nous disposons depuis six ans d’une capacité de 500 tests à l’heure", décrit Gaël Lévy.

Perspectives européennes

Autre axe de développement, les autotests antigéniques. La PME vient de recevoir les autorisations pour les diffuser dans quatre pays européens, en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique. Le groupe anticipe "de dépasser dès le mois de mai les 15 millions d'unités pour atteindre à terme un rythme de livraison mensuelle de 20 millions de tests".

Biosynex poursuit son développement et s’autorise à voir grand. La PME envisage des implantations en propre en Suisse et en Belgique, tout en surveillant des opportunités de croissance externe. Comme ça a été le cas en juillet lorsque l’entreprise alsacienne a pris une participation à hauteur de 37 % au capital de la société californienne ProciseDx spécialisée dans le développement d’outils de diagnostics. Enfin, Biosynex devrait finaliser d'ici fin avril l'acquisition de l'entreprise grenobloise Avalun. Celle-ci développe un automate de diagnostic in vitro portable et connecté pour réaliser des tests biologiques. Biosynex voit dans cette acquisition le moyen d'accélérer son développement à l'international dans le domaine de l'e-santé.

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