Les ports de Strasbourg et Haropa bientôt reliés par navette ferroviaire directe
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Les ports de Strasbourg et Haropa bientôt reliés par navette ferroviaire directe

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Le port autonome de Strasbourg et le GIE Haropa, composé des ports du Havre, de Rouen et de Paris, concluent un accord de coopération visant à mutualiser et élargir leurs services. Un appel à manifestation d'intérêt va être lancé pour désigner un opérateur de fret ferroviaire en charge d'une navette directe entre les ports.

Outre la volonté de lancer un AMI en faveur du fret ferroviaire, l’accord signé par Jean-Louis Jérôme (à gauche) Directeur général du PAS et par Hervé Martel, vice-président d'Haropa, s’articule autour de quatre axes : la multimodalité, la coopération interportuaire, l’innovation et la promotion portuaire. — Photo : Lucie Dupin

Haropa et le Port autonome de Strasbourg (PAS) signent un accord de partenariat afin de proposer une offre conjointe de services pour les usagers des ports maritimes et fluviaux du Havre, de Rouen, de Paris et de Strasbourg. « Cet accord peut être qualifié de « coopétition », nous sommes davantage complémentaires que rivaux et nous avons un intérêt à travailler ensemble dans le but de satisfaire les demandes de nos clients avec un service élargi », estime Jean-Louis Jérôme, Directeur général du PAS (trafic fluvial 2016 : 8 millions de tonnes, 420 000 EVP). Si les chiffres du trafic 2017 du PAS ne sont pas encore dévoilés à l’heure où nous bouclons ces lignes, son directeur se réjouit pourtant « d’une tendance qui prédit une bonne année ».

Relier les hinterlands par le ferroviaire

Le groupement d’intérêt économique Haropa réalise un trafic maritime de 92,6 M t et un trafic fluvial manutentionné de 20,9 M t et lie, depuis 2012, les deux ports maritimes du Havre et de Rouen mais aussi le premier port fluvial de France, Paris.

Le PAS, deuxième port fluvial de France, « attend beaucoup de l’expérience d’Haropa dans cette coopération » de l’aveu de Jean-Louis Jérôme. En parallèle, « Haropa regarde avec intérêt la coopération que les neuf ports rhénans français, allemands et suisses ont su nouer il y a six ans pour être complémentaires à l’échelle du Rhin supérieur » souligne Hervé Martel, vice-président d’Haropa et Directeur général de Haropa-Port du Havre.

Et c’est bien là l’enjeu de cet accord, ouvrir l'hinterland (ou arrière-port) de chacun des ports aux tissus économiques normands, franciliens, alsaciens mais aussi européens. Pour ce faire, les autorités portuaires signataires veulent lancer dès le printemps un Appel à Manifestation d’Intérêt pour désigner d’ici la fin de l’année, un opérateur ferroviaire de conteneurs entre Strasbourg et Haropa.

« Il existe déjà une liaison de fret ferroviaire entre Strasbourg et Le Havre. Pour autant, celle-ci passe par un hub à Vénissieux, ce qui ralentit le temps de transit. Avec cette navette directe, nous souhaitons proposer un temps de transit de deux jours alors que nous sommes actuellement à trois voire quatre jours. Réduire le transit time est un enjeu compétitif majeur pour diversifier l’offre de ports maritimes desservis depuis Strasbourg, la zone des ports maritimes du Nord de l’Europe étant par ailleurs de plus en plus engorgée », projette Jean-Louis Jérôme.

De son côté, Haropa, qui a vu son trafic de conteneurs bondir de 15 % en 2017 à 3 M d'EVP, y voit une opportunité « d’élargir son hinterland vers l’est de la France mais aussi d’ouvrir une porte sur une zone de chalandise européenne ».

Un projet ferroviaire qui intéresse les Régions Normandie et Grand Est

Les Régions Normandie et Grand Est accueillent d’ores et déjà le projet de navette ferroviaire positivement. Jean-Baptiste Gastinne, vice-président de la Région Normandie en charge des transports, annonce que « la Région pourra apporter une subvention et une prise d’intérêt et de participation pour le démarrage du nouveau service ferroviaire ».

Son homologue de la Région Grand Est, David Valence, précise quant à lui que « les efforts faits en faveur du fret ferroviaire dans le Grand Est sont considérables. Le réseau de fret ferroviaire, particulièrement développé sur le territoire champardennais, sera entièrement sauvé d’ici 2021 grâce à un effort budgétaire de la Région. Il faut penser les ports et leurs hinterlands comme une chance de développement économique pour se dégager de la fatalité de l’axe de transit Nord-Sud et développer l’axe Est-Ouest ».

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