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Les investissements qui marqueront 2022 dans le Grand Est
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Les investissements qui marqueront 2022 dans le Grand Est

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Les entreprises du Grand Est continuent à investir. Dans un environnement économique désorganisé par la crise sanitaire, certains dirigeants ont réussi à maintenir le cap pour faire leur transition énergétique, augmenter leurs capacités de production ou faire sortir de terre de nouvelles usines.

À l’image du producteur de carbonate et de biocarbonate de sodium Novacarb qui investit 87 millions d’euros dans une centrale de cogénération biomasse à Laneuveville-devant-Nancy, de grands projets d’investissements sont annoncés pour 2022 dans tout le Grand Est — Photo : Lucas Valdenaire

1 La transition énergétique des soudières lorraines entre dans le concret

La facture pourrait dépasser les 400 millions d’euros. Situées à moins de dix kilomètres l’une de l’autre, les deux soudières lorraines de Novacarb, à Laneuveville-devant-Nancy (Meurthe-et-Moselle), et Solvay, à Dombasle (Meurthe-et-Moselle), s’apprêtent à abandonner le charbon pour faire tourner leurs usines. À Dombasle, le chantier a démarré en décembre, et vise à remplacer les deux chaudières charbon par deux chaudières fonctionnant grâce à des combustibles solides de récupération, des CSR. Un chantier à près de 220 millions d’euros, qui doit permettre au groupe Solvay, allié sur le projet avec Veolia, de faire baisser de moitié les émissions de sa soudière lorraine. La mise en service est programmée pour 2024 : pendant six mois, les chaudières CSR seront progressivement mises en service, pour produire les 200 tonnes de vapeur par heure dont à besoin l’usine pour produire du carbonate et du bicarbonate de soude. À Laneuveville, le chantier est déjà engagé. L’industriel s’est allié les services d’Engie pour construire une chaudière biomasse, et de Suez, pour construire une chaudière CSR, afin de pouvoir éteindre les chaudières charbons d’ici à 2024.

2 Rec Solar : un milliard d’euros dans une usine de panneaux photovoltaïques

Le fabricant norvégien de panneaux photovoltaïques Rec Solar, racheté en octobre 2021 par le conglomérat indien Reliance, n’a toujours pas officialisé la construction d’une méga usine à Hambach (Moselle). Mais selon son nouveau propriétaire, le projet reste à l’ordre du jour et sera « fortement soutenu ». Selon les élus locaux, le groupe scandinave doit encore boucler le financement de l’opération. Rec Solar souhaite ainsi construire sur l’Europôle II une usine géante avoisinant les 150 000 m², soit l’équivalent de plus de 20 terrains de football. L’objectif est de fabriquer jusqu’à 9 millions de panneaux photovoltaïques dès 2025. Près d’un milliard d’euros et 2 500 créations d’emplois sont en jeu. « Ce projet est d’une ampleur inédite en Europe, tenait à souligner le directeur général de REC Europe, Moyen-Orient et Afrique (Emea) Cemil Seber en décembre dernier. Notre objectif n’est pas seulement de servir le marché français mais nous ciblons aussi le continent européen avec des produits fabriqués en France. Aujourd’hui, nous produisons à Singapour et pour acheminer nos produits jusqu’ici, cela prend entre quatre et six semaines. Une usine à Hambach serait, pour nous, l’opportunité de produire beaucoup plus près de nos clients et de les servir plus rapidement. »

La direction du groupe Rec Solar, qui a déjà évoqué il y a un an près d’un milliard d’euros d’investissements et 2 500 créations d’emplois, n’a toujours pas confirmé son installation à Hambach — Photo : REC Solar

3 Saint-Gobain PAM passe à l’énergie électrique

Le fabricant de tuyaux en fonte ductile, Saint-Gobain PAM, basé à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), va investir 10 millions d’euros dans un four électrique, d’une capacité de 120 000 tonnes par an. Une décision stratégique, qui doit permettre au groupe d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et de baisser de 50 % les déchets non valorisés d’ici 2025. La fonte ductile qui sort actuellement de l’usine de Pont-à-Mousson et de son haut-fourneau encore en activité, est recyclable indéfiniment, « sans perte de performance », précise le groupe. L’enjeu de ce nouveau four électrique, dont la mise en service est prévue pour le printemps 2022, est donc de collecter de la matière considérée comme du déchet, comme les rebuts de première fusion ou de vieilles canalisations, ainsi que des déchets métalliques venus de l’extérieur du site, pour refaire de la fonte.

4 Cryostar construit un neuvième hall d’assemblage et de tests

Filiale de l’allemand Linde, l’entreprise Cryostar (CA 2020 : 350 M€ ; 600 salariés) fournit des équipements cryogéniques de haute technologie pour l’industrie. La société va investir 15 millions d’euros à Hésingue, dans le Haut-Rhin, pour construire son neuvième bâtiment de 1 600 m². Il s’agit du plus gros investissement de l’histoire de Cryostar. La société investit 15 millions d’euros sur fonds propres (neuf millions d’euros pour le bâti et six millions d’euros pour les équipements), avec une aide de la Région Grand Est à hauteur de 200 000 euros. Ce hall sera destiné à l’assemblage et aux tests de turbines de détente et de compresseurs de gaz d’évaporation. Cet investissement va permettre de doubler la capacité de production de ces deux types de produits. La mise en service de ce nouveau bâtiment est prévue pour la fin 2022 avec, à la clé, l’embauche de 25 personnes.

5 Végafruits accélère son plan d’investissement de 10 millions d’euros

L’union de coopératives Végafruits (CA : 23 M€ ; 95 collaborateurs), basée à Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle) met 10 millions d’euros sur la table pour y déposer, bientôt, de nouvelles productions fruitières. Lauréat du plan de relance, le géant de la mirabelle (Végafruits pèse 40 % du marché mondial) a décidé d’accélérer le calendrier : « L’État nous aide et en contrepartie, nous nous engageons à réaliser notre programme prévu initialement sur cinq ou six ans avant la fin 2022, » déclare son directeur général Bruno Colin. Un programme partagé en quatre pour construire un nouveau bâtiment, transformer la chaîne de froid avec des molécules naturelles, doubler les capacités de conditionnement et lancer une stratégie globale de relocalisation de certains produits. Au final, Végafruits espère développer une centaine d’hectares supplémentaires, recruter une vingtaine de collaborateurs et voir son chiffre d’affaires progresser de cinq millions d’euros.

La mirabelle représente 80 % de l’activité de Végafruits, au sein de sa filière fruits — Photo : Végafruits

6 Huawei s’implante en Alsace

Le groupe de télécoms chinois Huawei (195 000 collaborateurs dans le monde) a choisi le Bas-Rhin pour construire sa première usine européenne dans le parc d’activité de Brumath. La future usine doit sortir de terre d’ici 2023. Elle produira des stations de base, éléments intégrés aux antennes mobiles, ainsi que des cartes mères. L’investissement s’élève à 200 millions d’euros et devrait créer 300 emplois lors de la mise en service du site et 500 emplois d’ici 2025. Huawei s’implante en Alsace

7 Mars augmente ses capacités de production

Mars Wrigley France (CA 2020 : 1,7 Md€, 1 600 collaborateurs) veut accompagner l’augmentation de la demande pour ses bonbons au chocolat M & M’s Crispy. La branche confiserie de l’industriel agroalimentaire Mars (CA 2020 : 40 Md€, 130 000 collaborateurs) investit 18 millions d’euros sur son site de Haguenau (1 000 salariés dont 350 en production), dans le Bas-Rhin. Cette usine produisait jusqu’alors 12 000 tonnes de M & M’s Crispy par an. Grâce à cet investissement, elle produira jusqu’à 17 000 tonnes par an d’ici deux ans. Ce dernier prévoit une extension de 90 m², l'installation d’un nouvel extrudeur pour fabriquer le cœur de riz des Crispy et de nouvelles turbines pour l’enrobage en chocolat. Les travaux ont débuté en juin 2021 et doivent se terminer en 2023. Par ailleurs, le groupe américain prépare un plan social au sein de son site haut-rhinois de Biesheim : 280 postes sur 358 vont être supprimés dans cette usine de chewing-gums Mars Wrigley. Le groupe justifie ce plan social d’ampleur par la « baisse de 37 % des ventes des produits aux formats tablettes en Europe entre 2016 et 2019 et une forte baisse en 2020 en raison de la crise du Covid ».

8 Sew Usocome duplique son usine du futur

Sew Usocome (CA : 415 M€ ; 2 000 collaborateurs), filiale française du groupe allemand Sew-Eurodrive, est spécialisé dans la fabrication de systèmes d’entraînements (moteurs, moto réducteurs). Celle-ci prévoit d’injecter 70 millions d’euros dans l’extension de son site de production de Brumath (Bas-Rhin) qui emploie 550 collaborateurs. Le groupe siégeant à Haguenau (Bas-Rhin) va construire 24 500 m² supplémentaires dédiés à l’internalisation, à la centralisation et à l’accroissement des capacités de stockage de l’entreprise. Les travaux devraient s’achever en 2024. Ce projet comprend notamment la construction d’un nouveau magasin automatisé, de quais de déchargement et d’une déchetterie. 8 Sew Usocome duplique son usine du futur

9 Soprema érige son nouveau siège social

Soprema (CA 2020 : 3,08 Md€ ; 8 424 collaborateurs), groupe alsacien spécialisé dans l’isolation et l’étanchéité des bâtiments, conforte son implantation strasbourgeoise en investissant 45 millions d’euros dans son nouveau siège social. Le site de 6 000 m² sur trois bâtiments devrait être livré à l’automne 2022 dans le quartier du Port du Rhin. Le groupe, qui investit en moyenne 100 à 150 millions d’euros par an, prévoit également « de reconfigurer l’ensemble de l’usine d’ici 2023 », selon son PDG, Pierre-Etienne Bindschedler. Mi-juin 2021, un mouvement de grève des ouvriers de l’usine strasbourgeoise déplorait l’état de vétusté des ateliers datant des années 1970.

10 Vicat veut produire du ciment bas carbone

Dans la cimenterie de Xeuilley, en Meurthe-et-Moselle, le groupe Vicat a lancé le chantier d’une unité de production d’argiles activées, pour se substituer au clincker, ingrédient concentrant du CO2 et utilisé habituellement dans la fabrication du ciment. Un projet à 50 millions d’euros, qui permettra au groupe de réduire les émissions de CO2 de la cimenterie de 48 500 tonnes chaque année, soit une baisse de 16 % des émissions totales. Le procédé, connu mais pas encore prêt à passer à l’échelle industrielle, a été rendu possible par une subvention de 13,2 millions d’euros accordée par l’Ademe. L’unité de production va ressembler à une tour d’environ 90 mètres de haut, qui va alimenter le four de la cimenterie : la mise en service est prévue pour le printemps 2023.

La cimenterie de Xeuilley émet aujourd’hui 850 kg de CO2 pour produire une tonne de ciment en utilisant du clincker : avec les argiles activées, les émissions tomberont à 350 kg de CO2 par tonne — Photo : Jean-François Michel

11 Würth modernise sa plateforme logistique

Würth France (CA 2020 : 596 M€, 4 000 collaborateurs), filiale du groupe allemand (CA 2020 : 14,7 Md€ ; 79 000 collaborateurs) spécialisé dans le matériel et l’outillage pour les professionnels du bâtiment, veut moderniser et agrandir sa plateforme logistique alsacienne. La filiale investit 60 millions d’euros à Erstein, dans le Bas-Rhin, son siège France. Avec cet investissement, ce site, dont l’empreinte au sol actuelle est de 34 000 m², passera à 40 000 m². Les travaux doivent débuter en 2022 pour une mise en service courant 2024. Trois nouveaux bâtiments seront construits. Un bâtiment de 5 000 m² de surface plancher accueillera la préparation des commandes. Un bâtiment de 5 600 m² de surface de plancher deviendra le nouvel emplacement du service expédition avec 12 nouveaux quais, aux côtés d’un système de palettisation automatique et des chapeauteuses pour fermer les colis avant envoi. Enfin, cet investissement prévoit l’installation d’un « shuttle », un entrepôt d’une surface de 1 800 m² et équipé d’une capacité de 120 000 bacs. Il permettra le stockage temporaire des colis. C’est le plus gros investissement sur ce site depuis sa création en 1967.

12 45-8 Energy va valider son procédé d’extraction d’hélium

Sélectionné par le Ministère chargé de l’Industrie et Bpifrance dans le cadre de l’appel à projet « Secteurs stratégiques », le projet de 45-8 Energy bénéficie d’une subvention de 1,6 million d’euros, sur un investissement total de 3 millions d’euros. Pour la start-up messine (CA : NC ; 12 collaborateurs), il s’agit de valider son procédé de capture de flux gazeux pour en extraire de l’hélium, avant le déploiement à l’échelle industrielle. Un permis exclusif de recherches (PER) a été obtenu en juin dernier dans la Nièvre pour cinq ans. Ce permis d’exploration avait été déposé en octobre 2019 dans le cadre d’un projet intitulé « Promet-He » visant à « développer une filière de production d’hélium gazeux écoresponsable en vue de répondre à la demande croissante en Europe », selon la jeune entreprise fondée en 2017. « Si les résultats de cette exploration s’avèrent positifs, 45-8 Energy souhaite rapidement (courant 2023) mettre en œuvre une unité pilote de production visant à démontrer la viabilité technico-économique d’un tel projet. » Cinq mois après l’obtention de ce permis d’exploration, la société mosellane a bouclé son deuxième tour de table en Série A avec 4,9 millions d’euros à la clé.

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