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Les centres-villes, toujours aussi attractifs ?
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Les centres-villes, toujours aussi attractifs ?

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Le centre-ville de Strasbourg a raflé la première place d'un palmarès des grandes agglomérations commerçantes. Malgré le fort potentiel économique de la zone, les commerçants pointent du doigt des problèmes d'accessibilité.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Le centre-ville de Strasbourg est-il toujours aussi attractif ? C'était un des thèmes de la première édition de Visiocommerce, un événement organisé par l'Eurométropole de Strasbourg et la CCI pour inciter les grandes enseignes commerciales nationales à découvrir le potentiel du centre-ville et des principaux centres commerciaux de l'agglomération strasbourgeoise. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : Strasbourg jouirait de près d'un million de consommateurs dans sa zone de chalandise et de plus de 3,5 millions de visiteurs par an. Des arguments qui ont récemment poussé Procos, la fédération représentative du commerce spécialisé, à placer le centre-ville de Strasbourg à la première place de son palmarès des grandes agglomérations commerçantes pour l'année 2016. « Les quelque 1.000 commerces du centre-ville de Strasbourg réalisent un chiffre d'affaires proche du milliard d'euros, ce qui le pose, de fait, comme le principal pôle marchand de l'agglomération, loin devant Mundolsheim, le pôle commercial leader situé au nord de la périphérie », décrit ainsi Procos. Selon Aziz Derbal, directeur Commerce à la CCI, le potentiel de consommation dans l'Eurométropole s'élèverait ainsi à 3.000 milliards d'euros. Pour Pierre Bardet, le président des Vitrines de Strasbourg, une association représentant plus de 700 commerçants, il n'y a pas de doute, Strasbourg dispose d'un centre-ville attractif. « Le taux de vacance y est de 4 % contre 9 % en moyenne en France », illustre-t-il. « La ville dispose de grandes enseignes, qui servent de locomotives, et d'indépendants, qui constituent son âme », estime-t-il. « Et l'ouverture de Primark en centre-ville en 2018 devrait encore renforcer cette attractivité dans un rayon de 150 km », insiste-t-il. Un sentiment partagé par Carol Escudero, directrice du centre commercial de l'Aubette, qui a ouvert ses portes dans le centre de Strasbourg en 2008. « La ville dispose d'une belle densité commerciale. L'arrivée d'enseignes internationales, comme Starbucks en 2016, montre sa force. »

Un problème d'accessibilité ?

De nombreux commerçants acquiescent : le centre-ville est très animé. Néanmoins, plusieurs points semblent leur poser problème, et en particulier celui de l'accessibilité. « Strasbourg est confronté à de nombreux maux des grandes villes comme les bouchons et l'accessibilité », estime ainsi Michel Pirot, chocolatier, ancien président des Vitrines de Strasbourg et membre de Défis, une association de commerçants créée en 2016. « Depuis que le stationnement est devenu payant entre 12h et 14h, beaucoup de représentants, qui viennent nous voir, quittent le centre-ville pour déjeuner », illustrent Joel et Maryse Angebault, gérants de la Mercerie du Bain aux plantes, dans la Petite France. « Beaucoup de choses sont faites pour l'attractivité touristique mais peut-être qu'il manque encore un peu de signalétique. Très souvent, des touristes nous demandent le chemin vers la cathédrale... », pointent également les gérants de la Mercerie. « L'accessibilité est la principale défaillance du centre-ville de Strasbourg », consent Pierre Bardet. « Nous sommes contre le stationnement payant entre 12h et 14h. Cela a été décidé sans concertation, du jour au lendemain, juste après les mesures de sécurité prises pour le marché de Noël - que l'on comprend mais qui ont pesé sur l'activité de nombreux commerçants », souligne le président des Vitrines. « En revanche, nous soutenons à mille pour cent le projet de parking avenue de la Liberté. » « L'accessibilité routière doit être améliorée par des parkings et le Grand contournement ouest de Strasbourg », estime également Jean-Luc Heimburger, président de la CCI Alsace Eurométropole. « Pour renforcer son attractivité, l'agglomération doit également continuer à développer ses transports en commun », poursuit-il. « Et l'aéroport doit se développer, en attirant des compagnies aériennes low cost. »

Priorité au commerce de centre-ville ?

Par ailleurs, certains commerçants s'inquiètent du développement de centres commerciaux périphériques alors qu'ils sont déjà confrontés à un contexte économique difficile. « Depuis la crise de 2008, je dois travailler une vingtaine d'heures de plus par semaine pour conserver le même chiffre d'affaires qu'avant », déplore ainsi Michel Pirot. Lors de Visiocommerce, devant les représentants d'enseignes, Robert Herrmann et Jean-Luc Herzog, respectivement président et vice-président de l'Eurométropole, ont néanmoins indiqué que, pour préserver le commerce de centre-ville, ils ont choisi de limiter le nombre de mètres carré accordés aux centres commerciaux. « Pour qu'ils vivent, il faut d'abord que les commerces de centre-ville vivent », a ainsi déclaré Robert Herrmann.

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