Allongé sur une table d’opération de la clinique Victor Hugo à Paris, un patient, casque sur la tête, semble suivre une scène invisible pour le personnel médical. Un casque sur les yeux, il est en réalité sous hypnose alors que le chirurgien lui installe une prothèse de la cheville, simplement anesthésiée localement. Cette vidéo publiée par le groupe de cliniques privées Vivalto Santé (CA 2019 : 730 millions d’euros, 6 100 employés) montre l’expérience qui a été menée au cours de l'été 2019 avec le logiciel d'hypnose médicale par réalité virtuelle de la start-up alsacienne HypnoVR. Début novembre, cette petite structure de 12 employés (CA non communiqué) basée à Lampertheim (Bas-Rhin) a signé un accord avec le groupe Vivalto Santé, troisième acteur français de l’hospitalisation privée qui a son siège opérationnel près de Rennes. Il permettra d’étendre ce dispositif d'anesthésie en réalité virtuelle à l’ensemble des 32 établissements du groupe.
« La commercialisation de notre produit a commencé début 2019, mais c’est la première fois qu’un groupe de cliniques d’une telle ampleur décide de s’engager avec nous dans une démarche aussi importante de recherche et de développement », se réjouit Nicolas Schaettel, PDG d'HypnoVR. Cette coopération comporte aussi un volet recherche. Selon Fabienne Rouhier, porte-parole de Vivalto Santé, l’entreprise veut « accompagner les médecins libéraux de (ses) cliniques privées qui souhaiteraient se lancer dans des études cliniques. »
Vivalto Santé déjà au capital d'HypnoVR
Elle rappelle que l’hypnose médicale en réalité virtuelle n’est « pas destinée à être utilisée pour des opérations à cœur ouvert ». Il s’agit, d’une part, de compléter l’anesthésie locale lors d’une intervention en bloc opératoire afin d’éviter la prise de médicaments supplémentaires comme des anxiolytiques ou les décontractants musculaires ; de l’autre, l’hypnose permet aussi de soulager la douleur comme en urologie ou lors de chimiothérapies. Le patient choisit un univers visuel, sonore et une voix, puis le praticien sélectionne un texte de suggestion hypnotique. « Le fonctionnement est relativement simple » confirme Fabienne Rouhier, « mais il faut adapter les protocoles de soin. Les équipes seront sensibilisées et formées au fur et à mesure à ces nouvelles méthodes. »
L'accord entre HypnoVR et Vivalto Santé est une étape supplémentaire dans une coopération qui avait déjà débuté en 2018 avec la participation du groupe rennais à une levée de fonds de 700 000 euros de la start-up bas-rhinoise.
