La transformation digitale de l’industrie et les enjeux liés à la transition énergétique engendrent un profond bouleversement dans la vision stratégique, managériale et industrielle de Socomec. Le fabricant d’équipements électriques basse tension de Benfeld, dans le Bas-Rhin, investit massivement dans cette voie.
« La clé de notre réussite repose sur l’excellence de nos process et une présence sur des marchés étroits, des niches technologiques, ce qui nous distingue des leaders du secteur – tel Schneider Electric – qui sont plus généralistes. Nous voulons être acteurs de la transition énergétique et de l’émergence de réseaux plus intelligents. Socomec doit répondre à ces défis par un modèle différenciateur, où l’innovation est centrale », souligne Yvan Steyert, PDG et 4e génération à la tête de l’entreprise presque centenaire.
Du produit aux « systèmes »
Ces nouveaux défis se matérialisent par une évolution de l’offre de l’ETI, qui emploie 3 600 personnes pour un chiffre d’affaires de 537 millions d’euros en 2018, dont 70 % réalisés à l’international. Socomec compte 12 sites de production, 14 agences en France et 28 filiales commerciales ou bureaux de représentation. Son berceau et siège social, à Benfeld, reste la pierre angulaire de cet édifice désormais international, puisqu’il héberge, outre les fonctions supports, trois sites de production et l’essentiel de la R & D.
« Il nous faut évoluer du produit au système adapté aux besoins de nos clients. Il s’agit désormais de mettre en avant la valeur d’usage et plus la valeur produit », pointe Michel Krumenacker, directeur général délégué de Socomec, dont le marché le plus porteur est actuellement celui des data centers (25 % du CA). Mais l’entreprise travaille également pour l’industrie, les hôpitaux, les infrastructures (ferroviaire, aéroports, routes…), le secteur de l’énergie, etc.
L’une des applications de cette stratégie est le développement depuis quelques années de solutions de stockage de l’énergie, avec des applications diverses, dont l’automobile. « Cette activité, liée au développement de l’énergie photovoltaïque représente actuellement un chiffre d’affaires de 8 M€, explique Michel Krumenacker. Elle n’est pas encore mature mais nous pensons qu’elle est promise à un bel avenir. Elle adressera les marchés où le réseau électrique est mauvais ou inexistant, où la tarification électrique est élevée, ou encore celui des nouvelles mobilités. »
Investissement dans un nouveau pôle innovation
Ainsi, les frontières deviennent plus poreuses entre les différents champs d’expertise du groupe, que sont la coupure de l’arc électrique, la conversion de l’énergie (onduleurs) et la mesure. Chacun de ces champs bénéficiant des dernières avancées technologiques notamment en matière d’intelligence artificielle et de connectivité des produits.
Socomec veut aller plus loin. D’ici à 2020, un bâtiment regroupera à Benfeld sur 2 500 m² toutes ses équipes R & D, soit quelque 300 personnes, réparties jusqu’alors dans différents bâtiments et regroupées par expertise métiers (Socomec dispose d’un autre centre de R & D, basé en Italie, qui sera conservé). La construction de ce nouveau pôle innovation représente 6 M€ d’investissement.
Pour se réinventer, Socomec ne mise pas seulement sur ce futur pôle. L’entreprise compte également s’appuyer sur sa filiale E’nergys, dédiée à la transition énergétique, créée en 2014. Elle emploie aujourd’hui 280 personnes, pour un chiffre d’affaires de 45 M€. « C’est le lien qui permet de faire cohabiter le porte-avions Socomec avec tout un écosystème de plus petites entreprises, source de synergies », pointe Michel Krumenacker.
Identifier les start-up innovantes
E’nergys développe des services liés à la performance énergétique et à l’optimisation du cycle de l’eau, en lien étroit avec les start-up et entreprises qui innovent sur ces sujets. Socomec a d’ailleurs créé un fonds d’investissement pour prendre des participations minoritaires dans ces entreprises innovantes. La filiale disposera prochainement d’une nouvelle implantation strasbourgeoise, 1 750 m² au Parc des Forges pour réunir ses équipes de ventes régionales et ses entités locales. Un projet à plus de 4 M€.
D’autres investissements viennent de se finaliser à Benfeld et sont annoncés. La rénovation des bâtiments abritant les fonctions support vient de s’achever. 3 M€ ont été dédiés à la modernisation du bâtiment RH et la création d’un centre de loisirs du personnel doté d’un fablab. Et d’ici à 2022, l’ETI prévoit la construction d’un nouveau centre de formation et d’accueil clients, pour remplacer celui construit en 2014. Un projet chiffré à 8 M€.
