L'Aria Alsace, seul cluster français du programme européen String
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L'Aria Alsace, seul cluster français du programme européen String

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Malgré une compétitivité émoussée, les entreprises agroalimentaires alsaciennes tirent leur épingle du jeu à travers l’innovation et l’export. Deux thématiques où l’Association régionale des industries alimentaires d’Alsace fait figure d’experte au sein d’un programme européen dont elle incarne la seule représentation française.

— Photo : D.R. ARIA

L’Association régionale des industries alimentaires d’Alsace (Aria Alsace) est engagée dans un programme européen dont les retombées pourraient être bénéfiques aux entreprises de notre territoire. Le cluster incarne la seule représentation française de ce projet intitulé « Strategies for regional innovative food clusters » (String). « L’industrie agroalimentaire a une image traditionnelle alors qu’elle représente en fait un moteur puissant pour l’innovation et la croissance régionale que ce programme va contribuer à booster », s’enthousiasme Manou-Massenez-Heitzmann, présidente de l’Aria Alsace.

Ce consortium regroupe 11 clusters ou centres de recherche de l’industrie agroalimentaire (IAA) émanant de sept pays européens (Danemark, Espagne, Italie, Pays-Bas, Roumanie, Hongrie et France). Cette initiative collective vise à aider les entreprises européennes à mieux s’inscrire dans une démarche d’innovation, à créer entre les différents acteurs des passerelles et à développer des outils adaptés pour gagner en compétitivité. Il s’agit également de sensibiliser les politiques aux enjeux de la filière pour tendre vers une harmonisation des politiques publiques à l’échelle européenne.

L’Aria retenue pour son expertise en innovation et export

Le programme, lancé en début d’année va s’étaler sur quatre ans. La première phase, qui se déroulera jusque fin 2019, sera faite de partages d’expériences sur différentes thématiques. L’occasion pour l’Aria Alsace de valoriser ses succès, à commencer par le programme Noviaa : un mix de formation collective et de coaching individuels auprès d’un public de dirigeants pour les aider à concrétiser des projets innovants. Depuis sa création en 2012, la démarche a permis de conduire près de 50 projets et d’associer 65 cadres et dirigeants alsaciens. L’entreprise Alelor (3M€ de CA, une quinzaine de salariés) y a par exemple participé pour mettre au point sa moutarde verte au wasabi et au raifort, un produit imaginé pour attaquer de nouveaux marchés à l’export.

En matière d’export, le cluster alsacien pourra valoriser deux dispositifs ayant faits leurs preuves. Un guichet unique d’abord, qui permet aux industries alimentaires de disposer d’un seul interlocuteur pour savoir comment aller à l’export, de bénéficier de conseils et d’un accompagnement sur les questions réglementaires, financières, sanitaires etc. Et des missions de prospection, rencontres acheteurs et délégations communes sur les salons internationaux. « Avec 33 entreprises nous étions en 2016 le plus grand stand régional du Sial », pointe à titre indicatif Manou Massenez-Heitzmann. « Toujours en croissance en 2017, la part des entreprises agroalimentaire exportant est de 61% en Alsace », rappelle-t-elle.

L’enjeu : booster la compétitivité des IAA

La thématique est cruciale. « Deux industries alimentaires françaises sur dix exportent contre huit en Allemagne. Les exportations des acteurs français ont progressé de 4% contre 8% en Italie, 9% en Espagne et 10% en Allemagne », souligne la présidente, qui se désole que la France soit aujourd’hui rétrogradée 4e exportateur agroalimentaire en Europe derrière l’Allemagne… « Et ce alors que nos produits bénéficient d’une excellente image à l’international », rappelle-t-elle.

En cause selon la présidente, la conjonction de différents facteurs qui nuisent à la compétitivité des IAA : « Le problème en France est l’empilement de normes encore durcies par rapport aux normes de l’UE mais aussi le niveau de taxation, qui a augmenté de 38% ces 5 dernières années. Nous sommes l’exception européenne. En parallèle, les entreprises doivent faire face à la hausse du prix des matières premières. En conséquence leurs marges sont rognées et leur capacité d’investissement amoindrie ».

Des échanges poussés avec le Danemark et l’Espagne

Pour aider ses entreprises à trouver de nouveaux relais de croissance, l’Aria Alsace entend s’appuyer sur le programme String. Le cluster a choisi de se rapprocher plus particulièrement du Danemark et de son expertise dans la coopération entre agroalimentaire et santé. Et avec l’Espagne sur la thématique de la bio-économie. « Les synergies possibles sont nombreuses, estime Sylvie Schott, directrice générale de l’Aria Alsace. Nous avions par exemple travaillé il y a quelque temps sur les propriétés du jus de choucroute dont certaines vertus intéressaient l’industrie cosmétique. Mais nous ne sommes pas parvenus à faire financer ce projet en France. D’autres pays seraient plus en mesure de mener cette R&D ce qui pourrait apporter de nouveaux débouchés à nos choucrouteries ».

A l’issue de la phase d’apprentissage interrégional les différents partenaires passeront à une phase opérationnelle à partir de 2020. Cette étape se traduira pour l’Aria Alsace – en attente du rapprochement effectif des trois Aria de la région Grand Est - par la rédaction d’une nouvelle feuille de route.

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