Haut-Rhin
L’alsacien Schroll s’associe à l’allemand B + T Group pour valoriser les déchets industriels
Haut-Rhin # Industrie # Investissement

L’alsacien Schroll s’associe à l’allemand B + T Group pour valoriser les déchets industriels

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L’allemand B + T Group et le spécialiste alsacien du recyclage Schroll investissent 120 millions d’euros dans le Haut-Rhin dans la première chaîne complète de valorisation des déchets industriels en France. Les combustibles solides de récupération doivent fournir, dès 2023, 40 % de l’énergie utilisée par le site d'Alsachimie à Chalampé.

L’UVE (Unité de valorisation énergétique) en cours de construction sur le site Weurope de Chalampé, dans laquelle B + T Group a investi 115 millions d’euros, doit fournir d’ici début 2023 40 % de l’énergie dont a besoin Alsachimie — Photo : Romain Gascon

Dans le contexte de la fin de l’enfouissement des déchets industriels en 2025 et du renchérissement du prix des énergies, deux projets haut-rhinois autour des combustibles solides de récupération, ou CSR (préparés à partir de déchets non dangereux destinés à être valorisés énergétiquement dans des installations d'incinération), pourraient bien faire figure de premières inédites en France : un projet de fabrication de CSR porté par l’alsacien Schroll, et un projet d’incinération porté par la filiale française de l'allemand B + T Group. Leur articulation doit déboucher, début 2023, sur "la première chaîne complète de transformation et de valorisation de déchets industriels", selon les deux partenaires. Elle fournira 40 % de l’énergie utilisée sur la plateforme industrielle Weurope de Chalampé (Haut-Rhin), gérée par le fabricant de sel de nylon Alsachimie (350 millions d’euros de chiffre d’affaires, 650 salariés).

Recette d’énergie sur mesure

L’usine de préparation de CSR sur le site du spécialiste du recyclage Schroll (plus de 550 salariés, près de 130 millions d’euros de chiffre d’affaires) à Pfastatt, en banlieue de Mulhouse, doit être opérationnelle à la mi-août. L’entreprise alsacienne et son partenaire allemand B + T Group (350 salariés, environ 320 millions d’euros de chiffre d’affaires), spécialisé dans la gestion et la valorisation des déchets, ont investi près de 7 millions d’euros, dont 3,5 millions pour le process proprement dit, à travers leur coentreprise B + S Recyclage.

L’infrastructure permettra de transformer en CSR la plus grande partie des 20 % de déchets industriels non recyclables qui étaient jusqu’à présent enfouis en Installations de stockage des déchets non dangereux (ISDND), principalement sur le site Suez de Retzwiller, dans le Sundgau. En 2021, cela représentait 18 000 tonnes sur les 900 000 traitées par Schroll. "L’usine est une première en France par sa taille et par le fait qu’elle est dédiée aux déchets à PCI (Pouvoir calorifique inférieur) moyen", précise Hugues Bapst, directeur commercial vente chez Schroll et codirecteur de B + S Recyclage. Huit emplois sont en cours de création.

Moins dépendant, plus compétitif

"Avec cette installation, nous avons une maîtrise complète du procédé pour préparer les recettes qui correspondent aux besoins de nos clients. Il s’agissait tout à la fois de proposer une alternative à l’enfouissement, mais aussi de trouver l’usine de traitement de ces CSR la plus proche", note Jean-Luc Weber, directeur général de B + T Group France et codirecteur de B + S Recyclage. La capacité annuelle de production de 100 000 tonnes alimentera l’UVE (Unité de valorisation énergétique) en cours de construction sur le site Weurope à Chalampé. Une quarantaine de postes doivent être créés.

B + T Group a investi 115 millions d’euros dans cette immense chaudière dont le bâtiment culmine à une quarantaine de mètres de hauteur, à quelques encablures du Rhin. L’unité est la seule en France capable de traiter jusqu’à 200 000 tonnes de CSR par an. La combustion alimentera le réseau de vapeur d'Alsachimie et devrait lui faire économiser 600 gigawattheures par an de gaz naturel.

Un retour sur investissement en 15 ans

"L’idée existait depuis 2016 et nous avons mis un coup d’accélérateur en 2018. Avec 80 % d’utilisation de gaz naturel dans nos sources énergétiques, nous étions trop exposés. Ce projet a du sens, avec un mix permettant d’être moins dépendant, plus de compétitivité, une énergie décarbonée et moins d’enfouissement. Cette vision à long terme permet de créer de la valeur ajoutée", souligne Frédéric Fournet, directeur général d’Alsachimie (coentreprise de BASF et Domo company). Le retour sur investissement est attendu à quinze ans.

S’il s’agit d’une première en France, B + T Group a déployé quatre installations de ce type en Allemagne, où la législation a imposé la fin de l’enfouissement des déchets industriels dès 2005. "Ce genre de projet va continuer de se développer dans le contexte actuel", prédit Francis Müller, directeur adjoint d’exploitation chez B + T Group France.

Haut-Rhin # Industrie # Production et distribution d'énergie # Investissement # RSE