L’Alsace en route vers un statut particulier ?
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L’Alsace en route vers un statut particulier ?

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Les deux départements alsaciens, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin, travaillent de concert à leur évolution institutionnelle. A la clé, une collectivité Alsace à statut particulier au sein de la région Grand Est et de nouvelles attributions et compétences partagées avec la région. Le gouvernement doit trancher en octobre prochain.

— Photo : © CD 68

L’Alsace s’apprête-t-elle à trouver une place singulière au sein de la région Grand Est ? Porté par les présidents des deux départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, le projet de collectivité territoriale à statut particulier d’Alsace a été transmis par le Préfet de Région au gouvernement cet été.

Lors de la rentrée politique du département du Bas-Rhin en septembre, son président Frédéric Bierry, tel un tribun, s’est félicité que « l’Alsace soit au cœur de l’actualité nationale. Une étape importante a été franchie ». Celui-ci a rappelé la mobilisation des chefs d’entreprise, « porte-paroles du désir d’Alsace ».

Une réalité économique retrouvée ?

En début d’année, une quarantaine d’entreprises, portées par Gérard Risch, président d’honneur du fabricant de pains d’épices Fortwenger (CA 13 M€ ; 50 M€), et Robert Lohr, président du groupe industriel Lohr (CA 2017 : 500 M€ ; 2 000 personnes) ont en effet adressé une lettre au président de la République Emmanuel Macron.

Pour les signataires, « la disparition de la Région Alsace a des incidences économiques qui représentent des dommages collatéraux pour nos entreprises notamment dans le domaine agroalimentaire et touristique. (…) Les déplacements, leurs coûts induits et le temps perdu pour travailler à l’échelle du Grand Est n’ont aucun sens économique et altèrent notre efficacité et notre compétitivité. »

« Il ne s’agit pas que d’un désir d’Alsace, mais d’un besoin d’Alsace. »

Une analyse que ne contredit pas Jean-Luc Heimburger, président de la CCI Alsace Eurométropole. « L’Alsace est connue depuis deux siècles à l’étranger. Pour les chefs d’entreprise, il est important de capitaliser sur la marque Alsace, en particulier dans l’agroalimentaire. Certaines entreprises ne veulent plus aller sur les salons, notamment internationaux, car il n’y a plus d’affichage de l’Alsace. »

Un « rôle de leader à assumer »

Suite à la remise du rapport du Préfet de Région, le Premier ministre a reconnu, entre autres, la possibilité de l’attribution de compétences transférées de l’État (bilinguisme, gestion du Rhin, transports) et de compétences partagées avec la Région, ainsi que la vocation transfrontalière du territoire.

Pour Jean-Luc Heimburger « l’Alsace est une région forte dans le Grand Est et bénéficie d’une proximité avec l’Allemagne et la Suisse. Elle a un rôle de leader à assumer, non pas pour se détacher du Grand Est, mais pour rassembler à 360 degrés avec ses voisins frontaliers ». Michel Haag, président du conseil de surveillance de la brasserie Meteor à Hochfelden, (CA 2017 : 55 M€ ; 200 salariés), n’hésite pas à aller plus loin : « Il ne s’agit pas que d’un désir d’Alsace, mais d’un besoin d’Alsace. En termes économiques, l’Alsace seule est suffisamment forte. »

Les présidents des deux départements alsaciens ont rencontré Jacqueline Gourault, ministre (sans portefeuille) auprès du ministre de l’Intérieur, à plusieurs reprises depuis août dernier. Celle qui a œuvré à une solution institutionnelle pour le statut particulier de la Corse est missionnée sur la question alsacienne. Le dossier doit être tranché en octobre.

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