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L’agglomération mulhousienne veut récupérer la chaleur fatale des industriels rhénans
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L’agglomération mulhousienne veut récupérer la chaleur fatale des industriels rhénans

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Pour se rapprocher de l’autonomie énergétique, Mulhouse Alsace Agglomération veut construire un réseau d’une cinquantaine de kilomètres et récupérer 200 gigawattheures par an de chaleur fatale auprès de plusieurs industriels de la bande rhénane.

L'essentiel de la biomasse et du gaz utilisés par la centrale thermique de l'Illberg devraient être remplacés par la chaleur fatale récoltée auprès des industriels — Photo : M2A - TV

Mulhouse Alsace Agglomération (m2A) compte sur les industriels pour réduire son empreinte carbone et sa dépendance énergétique. La communauté d'agglomération haut-rhinoise va confier à une société d’économie mixte (Sem) la création et l’exploitation d’un réseau de chaleur fatale alimenté par des entreprises de la bande rhénane. Les 200 gigawattheures par an récupérés devraient permettre de chauffer l’équivalent de 20 000 à 25 000 foyers, soit la capacité des trois réseaux de chaleur en service dans l’agglomération, actuellement alimentés par l’incinération de déchets, le bois et le gaz.

À la recherche des entreprises

Les études de faisabilité sont réalisées et Mulhouse Alsace Agglomération envisage la contractualisation avec les industriels et la constitution de la Sem cet été, le lancement de la maîtrise d’œuvre d’ici la fin d’année et le début des travaux en 2024 pour une livraison en 2026, voire en 2025. "Nous nous assurons que les entreprises qui pourraient réaliser ce type de travaux sont disponibles. C’est un problème important, car d’autres réseaux de chaleur sont en construction ailleurs", souligne Julien Chazerand, directeur de la performance énergétique et des bâtiments à l’agglo.

Quant aux industriels qui pourraient fournir de la chaleur fatale, des tractations sont en cours. À ce stade, le seul nom confirmé est le spécialiste du verre Euroglas (CA 2021 : 64,8 M€, moins de 200 salariés), implanté à Hombourg et filiale du groupe suisse Glas Trösch. Les autres acteurs seraient parmi ceux impliqués dans le programme de décarbonation "Blue industries Sud Alsace", en particulier à Chalampé.

140 000 millions d'euros

Le montant de l’investissement global est estimé entre 140 à 150 millions d’euros : 100 millions d’euros pour la construction du réseau d’une trentaine de kilomètres entre la bande rhénane et l’Illberg ; 40 millions le réseau de distribution d’une vingtaine de kilomètres qui desservirait le cœur de l’agglomération. Mulhouse Alsace Agglomération espère une subvention à hauteur d’un tiers du coût total par l’Agence nationale de la transition énergétique (Ademe).

Les parts de la Sem seront partagées entre la Mulhouse Alsace Agglomération (66 %) et Réseaux de chaleur urbains d’Alsace (R-CUA, CA 2020 : 7,38 M€, moins de 50 salariés). Cette filiale de la société d’économie mixte Réseaux Gaz naturel de Strasbourg (R-GDS) et de la coopérative d’énergie suisse Primeo Énergie est déjà actionnaire majoritaire (51 %) de Valorim, société qui assure une délégation de service public pour un des réseaux de chaleur de l’agglo. "R-CUA apporte la capacité technique. L’entreprise a une expérience d’exploitation de chaleur fatale similaire à Strasbourg. La Sem nous permet de faire face à des investissements très lourds. Nous allons faire des emprunts et R-CUA va apporter des comptes courants d’associés", explique Rémy Neumann, vice-président de m2A en charge des réseaux de chaleur. L’agglo espère aussi le soutien de la Banque des territoires.

L’élu insiste : "C’est un projet phare qui permettra de faire baisser la consommation de gaz et les émissions de CO2. Nous aurons un bilan carbone très positif à la fin du mandat." L’alimentation de la centrale thermique de l’Illberg par le nouveau réseau permettrait de substituer la quasi-intégralité du gaz qu’elle consomme - 45 % de sa ressource à l’heure actuelle -, mais aussi de réduire substantiellement la part de chaleur produite à partir de la biomasse bois, de 55 % à 5 %.

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