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La capsule dope le marché du café alsacien
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La capsule dope le marché du café alsacien

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Plébiscité par les consommateurs, le café en capsules est un filon intéressant pour les torréfacteurs. Pour se distinguer, les trois leaders alsaciens, Cafés Sati, Cafés Reck et Cafés Henri ont investi dans cette technologie. Si leurs marchés et stratégies diffèrent, leur objectif est similaire : réussir le pari de faire monter en gamme le café encapsulé. Avec déjà quelques réussites notables.

L'extension du site de Sati à Strasbourg est lancée. Elle permettra notamment d'installer une nouvelle ligne d'encapsulage du café — Photo : Sati

Dans les foyers comme en entreprises – et même parfois au restaurant -, les machines à café à dosettes ont remplacé les traditionnels cafés filtres moulus ou grains. Au plus grand dam des puristes. « Mais c’est un fait de société qu’on ne peut occulter », pointe Thomas Riegert, dirigeant de Cafés Reck (40 personnes ; CA non communiqué ; 900 tonnes de café torréfié annuellement), passés maîtres dans l’art de la torréfaction artisanale… mais aussi dans l’encapsulage du café et même dans la fabrication des capsules.

« On ne peut nier le côté pratique de l’objet, ni le poids économique que représente ce marché du « portionné » », ajoute Thomas Riegert. Un marché qui pèse aujourd’hui 41 % des ventes en grandes et moyennes surfaces (GMS) en France, selon les données de l’entreprise d’études marketing IRI. Si l’on ajoute les ventes de Nespresso qui dispose de ses propres boutiques et les autres acteurs s’adressant aux professionnels, vendant en ligne, ou via leurs propres boutiques ou des réseaux de coffee-shop, le « portionné » est désormais incontournable pour tout torréfacteur. D’autant que le produit améliore les marges des entreprises, dans un contexte de volumes globalement stables.

Sati double ses capacités de production de capsules

Photo : Sati

Tout l’enjeu pour les PME est de travailler à la montée en gamme de ce type de café (en travaillant le goût, la conservation des arômes, etc.) pour se distinguer des gros du secteur, à l’offre plus uniforme. Et en la matière, les entreprises alsaciennes tirent plutôt bien leur épingle du jeu.

Cafés Sati, à Strasbourg, lance ainsi l’extension de son site du Port du Rhin : 3 000 m² de stockage, 7 00 m² de bureaux, 1 000 m² d’usine. Un investissement de 4,5 M€ qui vise, entre autres, à doubler sa capacité de production de capsules. « Dans notre offre, il nous manquait les capsules compatibles Nespresso, que la nouvelle ligne va nous permettre de fabriquer », se réjouit son président, Nicolas Schulé.

Sa mise en route est panifiée pour le second semestre 2019. « Nous pourrons alors communiquer sur des capsules 100 % Alsace », se félicite Nicolas Schulé. Car ses deux lignes d’encapsulage sont actuellement basées en Pologne, où Sati dispose d’une filiale employant une soixantaine de personnes. « Ces deux lignes sont aujourd’hui saturées », souligne le dirigeant, qui concède un peu de retard sur le marché des capsules, représentant 30 % de son chiffre d’affaires.

Cafés Henri, les précurseurs

Plus gros torréfacteur régional par le chiffre d’affaires et le volume de café torréfié (3 500 tonnes), Sati, qui réalise 90 % de son activité en GMS, le reste en restauration, a des concurrents en Alsace qui se sont eux aussi positionnés sur ce marché.

En la matière, les Cafés Henri (100 personnes ; CA 2017 : 9 M€ en 2017, 600 tonnes de cafés produites annuellement), à Hœrdt, ont fait figure de précurseur, en investissant dès 2010 dans les capsules compatibles Nespresso et autres systèmes, « suite à une demande récurrente des clients en boutique », précise sa directrice générale Christine Steiner. L’entreprise possède un réseau de 11 boutiques et salons de café en propre dans l’est de la France, vend ses cafés en ligne également et est présente sur tous les canaux de distribution (CHR, distributeurs automatiques destinés aux professionnels, GMS de l’est de la France, etc.).

L’entreprise fait appel à un partenaire industriel européen pour la fabrication des capsules qui sont ensuite conditionnées dans son usine d’Oberhausbergen. Cafés Henri a récemment fait évoluer sa gamme de capsules qui compte aujourd’hui huit variétés différentes.

Reck fabrique ses propres capsules

Chez Cafés Reck, on ne veut pas suivre la tendance mais la créer. Véritable orfèvre du café, le leitmotiv de son dirigeant, Thomas Riegert, est de maîtriser l’intégralité de la filière, « de la plante à la tasse ». C’est pourquoi il a fait le choix de produire ses propres capsules et travaille aujourd’hui main dans la main avec les fabricants de machines pour imaginer les capsules de demain.

Photo : Reck

Cafés Reck – dont le cœur de métier est la restauration hors foyer mais qui dispose également d’une boutique en centre de Strasbourg ainsi qu’en ligne - s’est lancé fin 2015 dans la commercialisation de capsules. « Nous faisons les capsules conçues pour le système Nespresso, qui diffèrent des capsules Nespresso compatibles », insiste le dirigeant. Reck maîtrise également les quatre nouveaux formats de capsules, nouvel axe de développement de Nespresso. Il travaille actuellement sur des capsules biosourcées, biodégradables et compostables.

Reck dispose aujourd’hui d’une capacité de productions de 60 millions de capsules, grâce à un nouvel investissement d’1,3 M€ réalisé cette année, portant sur un nouveau moulin, une machine à capsules et une à dosettes souples. « Nous devrions atteindre les 30 millions de capsules produites cette année », annonce Thomas Riegert.

« Le temps dans le portionné est plus court car il y a une grosse compétition », estime le dirigeant de Reck. Les torréfacteurs alsaciens ont en tout cas les cartes en main pour se faire un nom sur ce marché.

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