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La brasserie alsacienne du groupe Heineken pourrait mettre la clé sous la porte
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La brasserie alsacienne du groupe Heineken pourrait mettre la clé sous la porte

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La brasserie Heineken de Schiltigheim dans le Bas-Rhin se prépare à fermer ses portes d’ici trois ans. Le groupe néerlandais justifie sa décision en raison des coûts des matières premières et de l’énergie, mais aussi en raison d’un site industriel devenu vieillissant et enclavé dans la ville. 220 salariés sont concernés par cette fermeture ou par un éventuel rachat.

La brasserie de l’Espérance à Schiltigheim a intégré le groupe Heineken en 1972. Elle pourrait fermer ses portes d’ici trois ans — Photo : Marc Dossmann

C’est un coup dur pour l’image brassicole de l’Alsace. Heineken, l’un des gros acteurs industriels de la filière, a annoncé sa volonté de réorganiser sa production en France, ce qui passe notamment par la fermeture ou la cession, dans les trois prochaines années, de sa brasserie bas-rhinoise de Schiltigheim. 220 postes sont concernés sur ce site industriel situé aux portes de Strasbourg. En 2020, Heineken France employait 1 352 salariés pour un chiffre d’affaires de 1,169 milliard d’euros.

Transfert de production

Le groupe néerlandais compte deux autres brasseries dans l’Hexagone, à Mons-en-Barœul (Nord) et à Marseille. Les volumes de production de la brasserie alsacienne seraient alors transférés sur ces deux sites qui bénéficieraient d’un investissement de 100 millions d’euros pour la modernisation, l’agrandissement et l’amélioration de la performance environnementale.

L’entreprise précise, dans un communiqué, que "la marque Fischer continuerait à être produite en Alsace avec un projet de création d’une microbrasserie". À Schiltigheim, la brasserie de l’Espérance, intégrée au groupe Heineken en 1972, produit les marques Heineken, Desperados, Fischer et Edelweiss avec une capacité de production annuelle de 1,5 million d’hectolitres (données 2020).

Maintenir la compétitivité

La direction France du groupe néerlandais s’est adressée aux représentants du personnel et aux salariés ce lundi 14 novembre pour présenter son plan pour son outil de production dans l’Hexagone. Tout en restant discrète sur les chiffres, elle le justifie par une combinaison de facteurs, comme une baisse des parts de marché d’Heineken en France, l’augmentation du coût des matières premières et de l’énergie, les conséquences de la crise sanitaire pour sa clientèle composée de cafés hôtels-restaurants (CHR) ou encore la concurrence à travers la multiplication des microbrasseries indépendantes et des méga brasseries.

Le PDG d’Heineken France, Pascal Gilet, estime que "ce projet de concentration de notre outil de production sur deux brasseries au lieu de trois actuellement est nécessaire pour assurer notre compétitivité en France à long terme". Le dirigeant souligne par ailleurs que la brasserie de Schiltigheim "souffre de nombreuses contraintes du fait de sa localisation qui n’est plus stratégique et de ses coûts de production qui sont trop élevés".

PSE

La marque hollandaise se dit aussi attentive aux offres de reprise du site qui pourraient être présentées et lance des démarches en ce sens.

Un plan de sauvegarde de l’emploi va être ouvert, il prévoit notamment des reclassements internes dans d’autres sites du groupe en France.

De son côté, la municipalité de Schiltigheim annonce avoir demandé à la Direction de l’entreprise "des compléments d’information sur le devenir des salariés et restera attentive au dialogue social qui sera prochainement engagé". La présidente de l’Eurométropole de Strasbourg, Pia Imbs, fait savoir, quant à elle, que le projet de microbrasserie envisagée pour préserver une activité sur le site ne satisfait pas la collectivité. Selon l’élue, l’Eurométropole ne manquera donc pas "de mobiliser tous les moyens nécessaires pour empêcher cette fermeture et préserver l’activité économique".

En 2019, Heineken avait annoncé un plan d’investissement de six millions d’euros à Schiltigheim pour équiper le site de la technologie de production de bières sans alcool.

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