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Industriels à l’Élysée : pour décarboner, les Alsaciens jouent collectif
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Industriels à l’Élysée : pour décarboner, les Alsaciens jouent collectif

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Le chef de l’État a récemment invité à l’Élysée les 50 sites industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre dans l’objectif d’accélérer la décarbonation du pays. Trois des quatre entreprises alsaciennes concernées – Alsachimie, Borealis PEC-Rhin et Butachimie - reviennent sur les perspectives que la rencontre a ouvertes.

La plateforme WEurope à Chalampé, propriété d’Alsachimie, accueille plusieurs entreprises, dont Butachimie. Avec Borealis PEC-Rhin, implanté un peu plus au sud, elles font partie des 50 sites industriels invités à l’Élysée en novembre dernier, pour parler décarbonation — Photo : 4vents

En novembre dernier, Emmanuel Macron a convié les 50 sites industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre (GES) du pays à l’Élysée. Le chef de l’État a annoncé une nouvelle aide de 5 milliards d’euros pour encourager ces entreprises, responsables de 50 % des rejets de GES industriels, soit 10 % du total national, dans l’innovation pour la décarbonation. Parmi elles, quatre sociétés sont implantées en Alsace - Alsachimie, Butachimie, Borealis PEC-Rhin et Holcim-, dans le Haut-Rhin, les deux premières sur la plateforme WEurope de Chalampé.

Ne pas laisser les industriels seuls

"Rien ne laissait présager une telle accélération. Passées la surprise de l’invitation et une première sensation de stigmatisation, très vite nous avons compris les opportunités pour nous et pour la plateforme", relate Frédéric Fournet, PDG d’Alsachimie (CA 2021 : 350 M€, 650 salariés, 600 000 tonnes de CO2 rejetées en 2015). La coentreprise, propriété à 51 % de l’allemand BASF et à 49 % de son compatriote Domo, fabrique du sel de nylon et plusieurs de ses intermédiaires. Elle est aussi propriétaire et gestionnaire des 125 hectares de WEurope, qui accueille six autres entreprises, dont Butachimie.

"Jusqu’à présent, nous nous sentions un peu seuls. La décarbonation, c’est plus complexe qu’un projet industriel dont nous pouvons gérer toutes les étapes. Le gouvernement a compris que s’il laissait les entreprises dans leur coin, ça risquait d’être beaucoup trop long à mettre en place", résume Hervé Humbert, gérant de Butachimie (CA 2021 ; 897 M€, 220 000 tonnes de CO2 rejetées en 2021, 420 salariés). La coentreprise, propriété à parts égales de BASF et de l’américain Invista, est un des leaders mondiaux de la production d’Adiponitrile, à partir duquel est fabriqué le nylon 6.6. À une poignée de kilomètres au sud, à Ottmarsheim, le producteur d’ammoniac, d’acide nitrique et d’engrais azotés Borealis PEC-Rhin (CA 2021 : 217 M€, 200 salariés), se félicite de "l’approche coopérative", face au "défi" à relever.

Une nouvelle dimension

Pour les trois entreprises, l’amélioration continue des procédés et les sauts technologiques contribuent depuis plusieurs décennies à optimiser la consommation des ressources et réduire les déchets. Borealis PEC-Rhin a par exemple réduit ses émissions de protoxyde d’azote (N2O) de 93 % entre 2002 et 2022, grâce à l’installation d’un réacteur-catalyseur à haute performance sur ses unités de production d’acide nitrique. Les 300 millions d’euros investis par Butachimie dans le projet Atlas, entre 2017 et 2019, ont permis de réduire l’empreinte environnementale entre 12 % et 15 %, selon la société. Entre 2015 et 2022, Alsachimie estime avoir baissé de 30 % ses émissions de GES. Mais avec l’annonce gouvernementale, "nous sommes entrés dans une nouvelle dimension", assurent les dirigeants des deux entreprises.

En équipes et en territoires

L’objectif ambitieux - diviser par deux les émissions des 50 sites les plus émetteurs de carbone - paraît à portée de main d’Alsachimie, en prenant en compte les efforts réalisés les sept années précédentes et la réduction des émissions de 30 % supplémentaires en cours de déploiement. La feuille de route à présenter au gouvernement d’ici six mois est à construire, chez Butachimie. En interne, Alsachimie et Butachimie se sont réorganisées à la suite du rendez-vous de novembre, avec des comités dédiés au chantier de la décarbonation, qui réunissent les différentes composantes de leur activité. Borealis PEC-Rhin indique quant à lui "adapter sa feuille de route de réduction des GES" afin de la faire coïncider avec l’ambition gouvernementale et renforcer ses équipes en charge d’étudier les projets.

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