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Heppner vise le milliard d'euros grâce à l'international
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Heppner vise le milliard d'euros grâce à l'international

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Le transporteur et logisticien strasbourgeois Heppner a multiplié les croissances externes ces dernières années. En cinq ans, il a racheté huit sociétés en Espagne, aux Pays Bas, en Allemagne, en Belgique et en Suisse. Son objectif est de faire passer, à terme, le poids du marché français de 85 à 75 % dans son chiffre d'affaires.

Le groupe de logistique et de transport strasbourgeois a réalisé huit croissances externes à l'étranger en cinq ans — Photo : ida SUc

La couleur est annoncée dès le départ. Heppner vise un chiffre d’affaires d’1,04 milliard d’euros en 2024 contre 832 millions en 2021. Le strasbourgeois compte 3 700 collaborateurs. Il est spécialisé dans le transport terrestre, qui représente 84 % de son chiffre d’affaires, activités douanières incluses. L’aérien compte pour 13 % du chiffre d’affaires et la logistique pour 3 %. "Nous avons un objectif de croissance organique annuelle moyenne de 5 %", détaille Jean-Thomas Schmitt, le directeur général et quatrième génération à la tête de cette société qui compte 105 agences dans le monde, dont 80 en France. Alors qu’il représente 85 % de son chiffre d’affaires, le marché français reste le premier du groupe, suivi par l’Allemagne à hauteur de 10 %. Dans les prochaines années, Heppner veut ramener le poids de la France à 75 % de son chiffre d’affaires. "Ce marché est un marché mature. Nous cherchons des relais de croissance à l’étranger", explique le directeur général. Pour s’implanter à l'étranger, le groupe a réalisé des croissances externes, au nombre de huit ces cinq dernières années. Un choix stratégique qui vient compléter ses objectifs de croissance organique.

Huit croissances externes en cinq ans

Fin 2017, Heppner annonce coup sur coup l’acquisition de 40 % du capital de l’entreprise espagnole Eurobeta Internacional, puis son implantation aux Pays Bas avec le rachat d’Hacas Transport. Début 2019, il renforce son maillage terrestre en Allemagne du Nord et aux Pays Bas avec le rachat d’Hamacher Logistik GmbH (CA : 39 M€, 190 collaborateurs). En septembre 2021, il y ajoute ABC-Logistik, ABC-Warehousing et Incharge (CA total 2020 : 22 M€, 270 collaborateurs), toujours en Allemagne. Enfin, en janvier 2022, il fait l’acquisition de Dina Logistics (CA 2021 : 12 M€, 100 collaborateurs) en Belgique, puis de Safram (CA 2020 : 87 M€, 400 collaborateurs) en Suisse.

"Si nous devions créer des agences à l’étranger, cela prendrait trop de temps, justifie Jean-Thomas Schmitt, concernant le fait d’avoir recours à ce type d’opération. À moins de 500 envois (un envoi représente une palette ou une marchandise, NDLR) ce n’est pas rentable. Quand vous rachetez une petite entreprise, elle a déjà un flux, vous pouvez mutualiser avec d’autres clients, cela permet d’atteindre une taille critique avec un système solide de livraison. Nous pouvons tout de suite développer de nouveaux flux, notamment vers la France".

Heppner acquiert ainsi également de nouvelles compétences. "InCharge en Allemagne est, par exemple, une petite filiale qui réalise, notamment, de la distribution mutualisée en centre-ville. C’est une compétence sur laquelle nous sommes attentifs car cela va dans le sens de l’histoire", estime le dirigeant. En faisant l’acquisition du suisse Safram, Heppner se diversifie également dans le transport de matières dangereuses.

Un marché français mature

Le logisticien est désormais une ETI solide, implantée dans dix pays, dont l’Angleterre, la Pologne, la Hongrie, mais aussi le Sénégal où il a ouvert une agence fin 2019, en propre cette fois-ci, grâce à un investissement d’un million d’euros. "L’Afrique est un nouveau relais de croissance. Il y a des flux en provenance d’Asie qui se développent rapidement. C’est un marché très compétitif", souligne Jean-Thomas Schmitt. Heppner envisage de s’implanter, par la suite, en Côte d’Ivoire et au Cameroun.

Par ailleurs, aujourd’hui, les flux internationaux, c’est-à-dire entre la France et les agences étrangères ou entre les agences étrangères elles-mêmes représentent 50 % de l’activité. Le directeur général veut les faire passer à 60 %, profitant, notamment, de son expérience en matière douanière. "Ces flux ont plus de profitabilité, explique Jean-Thomas Schmitt, c’est un savoir-faire plus rare, il y a plus de complexité que pour les flux domestiques. Ainsi, les tarifs ne sont pas les mêmes".

En ce qui concerne sa clientèle, la société est très généraliste. Environ 25 % de ses clients sont dans l’industrie, 16 à 17 % dans la santé et les produits de beauté. Le reste est composé du commerce de détail (habillement), des ustensiles du quotidien, de la chimie, de l’e-commerce ou encore des vins et spiritueux. "Notre cœur de cible reste les ETI, les PME, mais aussi les petites entreprises, rappelle Jean-Thomas Schmitt, nous nous appuyons sur la subsidiarité du management et des opérations".

Une raison d’être

Heppner se veut, en effet, une société qui laisse de grandes marges de manœuvre à ses agences. "Nous avons un schéma directeur. Toutes les agences ont les mêmes services outils, mais il peut y avoir des problématiques locales selon la surface de stockage, la puissance informatique des clients. Il faut une connaissance du tissu industriel, des réglementations locales comme les zones à faibles émissions", rappelle le directeur général.

Avec les multiples croissances externes, il n’est pas toujours facile de garder ce type de management. "Certaines entreprises ont une culture différente", révèle Jean-Thomas Schmitt. Afin d’unifier tout cela, fin 2020, le groupe strasbourgeois a décidé d’inscrire dans ses statuts une "raison d’être", comme le prévoit la loi Pacte de 2019. Cette "raison d’être" désigne la façon dont une entreprise entend jouer un rôle dans la société au-delà de sa seule activité économique. Heppner a choisi cette phrase : "Encourager l’esprit d’entreprise de nos collaborateurs, de nos partenaires, clients et fournisseurs, et des citoyens de toutes les générations au sein de l’ensemble des territoires où nous sommes actifs".

Au-delà des croissances externes, pour continuer à se développer, le groupe réalise chaque année 20 à 25 millions d’euros d’investissements, principalement dans l’immobilier. Dernier exemple en date, son nouveau siège administratif. Si le siège social du groupe est depuis toujours à Strasbourg, le siège opérationnel est en région parisienne depuis 1974, mais début 2022, il a déménagé de Noisy-le-Sec en Seine-Saint-Denis à Rosny-sous-Bois, dans le même département. Les 160 collaborateurs sont ainsi passés de 2 500 à 3 600 m² pour un investissement de dix millions d’euros.

Avec l’objectif de "0 artificialisation nette des sols" à l’horizon 2050 introduit par la loi Climat et résilience de 2021, le groupe de transport et de logistique poursuit ses investissements dans cette logique. "Il sera de plus en plus difficile d’obtenir du foncier, à proximité des villes comme l’exige notre activité, en particulier pour construire des agences de groupage, avec forte emprise foncière, estime Jean-Thomas Schmitt. Désormais, les baux de location ne sont plus systématiquement reconduits pour laisser place à d’autres projets de construction ou d’exploitation." Le groupe, comme beaucoup de ses concurrents, prépare l’avenir.

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