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Grands Chais de France augmente encore sa production et son stockage en Alsace
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Grands Chais de France augmente encore sa production et son stockage en Alsace

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Le groupe alsacien Grands Chais de France, distributeur d’envergure mondiale de vins et spiritueux et premier exportateur de vins français dans le monde, va investir plus de 40 millions d’euros d’ici à 2030 sur son site bas-rhinois. Il entend ainsi accroître sa production de 30 % et doubler sa capacité de stockage. D’ici 2023, il est prévu de recruter une quarantaine de personnes.

L’usine des Grands Chais de France à Petersbach, dans le Bas-Rhin, a des projets d’extension — Photo : Isabelle Maradan

Les Grands Chais de France (GCF), groupe mondial de vinification et distributeur de vins et spiritueux, s’apprêtent à devenir encore plus grands. Si l’on en juge par les champs qui entourent le site de Petersbach, dans le Bas-Rhin, également siège social du groupe, rien ne devrait contrarier ses projets d’extension. Deux nouveaux "magasins", des espaces de stockage de 21 000 palettes, sortiront de terre, en 2024-2025 pour le premier et en 2030 pour le second. Un investissement d'"environ dix millions d’euros par magasin", chiffre Bernd Hoeper, directeur des opérations du site alsacien. De quoi multiplier par deux la capacité de stockage en Alsace du premier exportateur de vins français dans le monde et principal négociant français avec le bordelais Castel Frères.

Une nécessité pour faire face à l’augmentation d’environ 30 % de la production qui succédera à l’installation d’une nouvelle ligne de production. Cet outil représente un investissement conséquent, d’environ 20 millions d’euros. Par ailleurs, la technologie d’une des lignes de production du site doit être remplacée d’ici fin 2023. Un moindre investissement pour l’entreprise : autour de 500 000 euros. Dans cette même période, près de quarante recrutements auront lieu sur le site bas-rhinois.

Des rachats du Chili à l'Afrique du Sud

La stratégie de GCF, qui pesait, en 2020, 1,14 milliard d’euros de chiffre d’affaires, consiste à étendre sa palette de produits, en achetant des domaines viticoles ou en gérant la distribution pour de nouveaux producteurs. Les principales régions viticoles françaises sont couvertes par le groupe, à commencer par l’Alsace, où se trouvent l’usine et le siège, et le Bordelais, où est implanté l’autre site d’embouteillage français. Depuis 2021, le prestigieux Château du Tertre, un 5e cru classé de l’appellation Margaux, dans le Médoc, fait partie des domaines exploités par les Grands Chais de France. Les vignobles du Languedoc, Jura, Bourgogne et Val de Loire ne sont pas en reste. Au total, GCF exploite près de 3 500 hectares de vignes sur le territoire national.

À l’international, le dernier rachat date du mois d’août 2022 : le domaine Neethlingshof, en Afrique du Sud, qui compte plus de cent hectares de vignes. En 2021, GCF a également racheté Las Niñas, un domaine chilien de plusieurs hectares. Dans les deux cas, le groupe dispose d’un site d’embouteillage sur place. Avant ces acquisitions, GCF avait déjà racheté des domaines viticoles en Hongrie et en Espagne ainsi que le groupe Binderer, en Allemagne.

"Une bouteille sur cinq vendue dans le monde vient d'ici"

L’usine alsacienne de Petersbach gère plus de 7 000 références. "L’avantage, pour le client, c’est qu’il n’a qu’un seul interlocuteur et qu’une seule facture", explique Yannick Fischbach, le responsable de la partie logistique de l’usine. En Alsace, Bernd Hoeper évoque notamment "la collaboration avec la coopérative haut-rhinoise de Pfaffenheim, dont GCF gère toute la distribution depuis le printemps 2022".
190 millions de bouteilles sortent du site de Petersbach chaque année. "Une bouteille sur cinq vendue dans le monde vient d’ici", évalue Fabien Horth, le responsable de la partie production de l’usine. Celle-ci compte actuellement quatre lignes de production avec le même équipement, auxquelles la nouvelle ligne prévue viendra donc s’ajouter. Du début à la fin de chaîne de production, des bouteilles en verre sont successivement déballées, déposées, rincées, remplies d’un alcool provenant de la cuverie, fermées, habillées, mises en carton puis conditionnées en palettes.

Avoir un maximum de flexibilité

Parmi les investissements récents effectués sur le site alsacien, entre cinq et dix millions ont concerné la rénovation de la façade et de la toiture de l’usine d’embouteillage et du bâtiment administratif du site, ainsi que d’une nouvelle cuverie, pour un coût d’environ 1,5 million d’euros.

Un investissement qui répond aux besoins de flexibilité de l’entreprise sur les quantités d’alcools à embouteiller. Dans cette cuverie, mise en service en 2022, des cuves en inox de tailles différentes permettent de préparer les commandes de vins et d’alcools forts, dont les quantités peuvent varier en fonction des breuvages, des pays et des clients. Actuellement, entre 800 000 et 1,2 million de bouteilles sont expédiées quotidiennement depuis le site alsacien. GCF exporte dans 178 pays depuis l’un ou l'autre de ses deux sites français.

Pénurie de bouteilles en verre

D’ici 2023, GCF prévoit de recruter une quarantaine de personnes sur son site bas-rhinois, qui en compte environ 800 aujourd’hui. Les offres concernent essentiellement des postes dans l’industrie (production, logistique et cuverie). Mais le travail en usine dans l’agroalimentaire peine à séduire les salariés. Outre les difficultés à recruter, le site bas-rhinois se heurte à une problématique liée à l’actualité mondiale. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les bouteilles de verre ne passent plus les frontières ukrainiennes et l’usine du géant français de l'embouteillage Verallia sur place est fermée. Pour faire face à cette pénurie, le directeur du site de Petersbach négocie avec de nouveaux verriers, sollicités de toutes parts et potentiellement très éloignés (ce qui implique des hausses de coût de transport non négligeables).

Face à la pénurie de verre, le plastique n'est pas une alternative pour le distributeur alsacien. Mais le PET (polyéthylène térephtalate), plastique alimentaire, trouve tout de même une petite place sur le site de GCF à Petersbach. Il a l'inconvénient est d'être une matière polluante petro-sourcée et l'avantage d'être recyclable. Les préformes de PET sont moins lourdes et moins volumineuses à transporter que les bouteilles en verre. De la taille d'une éprouvette, chaque préforme est soumise à 40 bars de pression au sein de l'usine pour prendre la forme d'une bouteille. "Mais en termes de toucher, d’apparence et, surtout, de qualité de conservation du vin, cela n’a rien à voir", tranche Bernd Hoeper, le directeur des opérations. Le PET ne représente que 5 à 10 % de l’ensemble de la production de l’usine, et, selon son directeur, cela ne devrait pas changer. "Cela peut convenir pour un vin consommé à court terme, en avion ou en croisière par exemple, mais pour un grand cru Saint-émilion, ce n’est pas possible", balaie le directeur. Les Grands Chais ne comptent pas transiger sur la qualité.

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