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Fortwenger : « Toute notre année se joue en cette période de Noël »
Alsace # Agroalimentaire # Investissement

Fortwenger : « Toute notre année se joue en cette période de Noël »

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Fortwenger, le fabricant de pains d’épices situé à Gertwiller dans le Bas-Rhin, produit 12 tonnes de pains d’épices par jour. Ce qui en fait le poids lourd du secteur en France. L’entreprise familiale joue son année en cette période de Noël, le dernier trimestre représentant habituellement 70 % de son activité.

Steve Risch a repris la présidence de l'entreprise familiale Fortwenger en 2016. — Photo : © Fortwenger

L’entreprise Fortwenger (CA : 18,5 M€, 80 collaborateurs) s’est fortement mobilisée dès l’annonce du premier confinement. Comment avez-vous traversé l’année 2020 ?

Steve Risch : Nous avons été parmi les premiers, à l’annonce du confinement de mars, à distribuer nos équipements de protection et de la glycérine pour fabriquer du gel dans les centres hospitaliers, les pharmacies et les Ehpad alsaciens. Nous nous sommes tous fortement investis et j'ai pu me rendre compte de l'attachement des collaborateurs à l’entreprise. Malgré les moments de doute, l’entreprise est une famille. En tant qu’entrepreneur, je peux en tirer un constat, il y a toujours un retour des choses, les gens aident. Les consommateurs nous ont suivis en achetant en ligne, ils sont devenus des consomm'acteurs pour soutenir les entreprises locales et j’espère que c’est ce qui restera du Covid si l’on peut en tirer quelque chose de positif. Pour l’année 2019-2020 bouclée au 30 juin, nous avons réussi à nous maintenir car nous avions réalisé un très bon Noël 2019. Je prévoyais un taux de croissance de 10 % mais nous en avons finalement enregistré + 2 %. Pour cette année, tout se joue en cette période de Noël.

Vous réalisez 70 % de votre activité sur les trois derniers mois de l’année. Entre le deuxième confinement et les marchés de Noël annulés, comment compensez-vous ?

L’entreprise a suspendu sa production entre mars et juin. Nous avons repris début juin, période à laquelle nous commençons la préparation des commandes de Noël. Dès le mois de mai déjà, j’avais anticipé une annulation potentielle des marchés de Noël en raison des risques sanitaires. C’est un gros enjeu car nous opérons habituellement 15 marchés de Noël en propre et sommes présents sur une centaine en France à travers nos revendeurs, ce qui représente 800 000 euros. Nous avons donc beaucoup travaillé notre fichier clients, notre plan de communication et notre offre marketing en direction des ventes à distance. En revanche, je n’avais pas imaginé un deuxième confinement. Sans touristes dans les rues alsaciennes, nous avons dû fermer nos huit boutiques. D'ici la fin d'année, nous prévoyons une perte de trois millions d'euros dans nos boutiques.

Vous réalisez 50 % de votre chiffre d'affaires avec la vente de vos pains d’épices et petits biscuits en grandes surfaces, comment se comportent les ventes sur ce canal de distribution ?

Toutes enseignes confondues, nous sommes distribués dans toute la France à travers le réseau des grandes et moyennes surfaces (GMS). Avec la fermeture des rayons dits « non essentiels » lors du deuxième confinement, nous avons donc disposé de plus de surface de vente en magasin car les supermarchés ont agrandi leurs espaces de présentation des produits alimentaires. En novembre, nous avons ainsi réalisé environ +10 % de ventes en GMS. En revanche, sur la même période, nous avons perdu un million d’euros en raison de la fermeture de nos boutiques en Alsace. Mais les consommateurs nous soutiennent dans toute la France. Depuis notre passage dans un magazine télévisé, les commandes affluent. Nous préparons actuellement 4 000 commandes par jour. Habituellement, à la même période, nous en expédions 600 au quotidien. Nous travaillons 24h sur 24h et avons embauché 30 personnes pour la préparation des commandes.

Malgré le contexte, Fortwenger a-t-il continué d’innover en 2020 ?

Photo : © Lucie Dupin

En début d’année, nous avons lancé une gamme de pains d’épices bio. Pour être présent d’une manière ou d’une autre sur les tables alsaciennes, nous avons aussi imaginé une recette qualitative de petit bonhomme, un "mannele" en pain d’épices mis sous sachet pour servir avec le café. Nous voulions nous lancer avec un client qui donne confiance. La Caisse d’Épargne Grand Est Europe, banque historique de Fortwenger, a répondu présente et a commandé 350 000 sachets à distribuer à ses clients et lors des réunions et rendez-vous internes. Pour ce projet, nous avons investi 50 000 euros pour l’acquisition de moules et d’une machine à emballer. À terme, si ces manneles sont distribués, notamment à travers la commande de la banque, aux cafés-hôtels-restaurants, nous pourrions espérer être référencés auprès des fournisseurs.

Fortwenger va-t-il maintenir ses projets d’investissement pour 2021 ?

Nous avions le projet d’ouvrir une deuxième boutique à Strasbourg. L’opportunité d’un emplacement très passant au pied de la cathédrale s’est présentée et nous avons ainsi ouvert notre huitième boutique alsacienne une semaine avant l’annonce du deuxième confinement. Nous aimerions même ouvrir une troisième boutique à Strasbourg, soit le neuvième magasin du réseau en propre, qui a vocation à ne se développer qu’en Alsace. L'investissement de 2,5 millions d’euros pour un projet proche de notre usine historique de Gertwiller est maintenu. Si j'ai d'abord souhaité faire de cet ancien corps de ferme acquis en 2019 une usine, le contexte actuel a remis en cause ce projet. J'ai une autre idée en tête mais je ne peux rien dévoiler pour le moment.

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